La rocambolesque affaire EEM risque de coûter cher à Guy Wyser-Pratte

L’homme d’affaires est sous la menace d’une sanction de 1,3 million d’euros de la part de l’AMF pour utilisation d’une information privilégiée
Olivier Pinaud

Guy Wyser-Pratte aime rappeler son passé chez les Marines. La bataille pour le contrôle du conglomérat Electricité et Eaux de Madagascar (EEM) ne sera pas son meilleur fait d’armes. Déjà en moins-value et bloqué avec ses 15% du capital en raison de la faible liquidité du titre EEM, l’activiste franco-américain est sous la menace d’une sanction de 1,3 million d’euros de la part de l’Autorité des marchés financiers. La Commission des sanctions lui reproche d’avoir profité d’une information privilégiée au moment de son entrée au capital d’EEM en mai 2010.

Une accusation contestée par l’homme d’affaires et ses avocats selon lesquels «Guy Wyser-Pratte est victime de la délation de personnes déjà condamnées par l’AMF» qui cherchent à se venger de lui. La première: François Gontier, président d’EEM, entendu aussi par l’AMF dans un second volet de l’affaire, avec à la clé une sanction potentielle à titre personnel de 200.000 euros. La seconde: Marc Bognon, intermédiaire financier malade, ruiné et menteur récidiviste devant l’AMF dans le passé, selon ses propres dires. Pour avoir transmis l’information privilégiée, il risque 430.000 euros d’amende.

L’affaire remonte au printemps 2010. A cette époque, EEM négocie la vente de ses hôtels vietnamiens. Au même moment, Frédéric Doulcet, associé historique de François Gontier, mais prétendûment fâché avec lui, cherche des fonds pour faire sortir du capital son ancien ami en affaires. Frédéric Doulcet se tourne vers Marc Bognon qui lui propose de rencontrer Guy Wyser-Pratte, alors à la lutte chez Lagardère et à la recherche d’une structure d’investissement en France, si possible dotée de trésorerie. Le rendez-vous est pris à New York, le 27 mai, dans les bureaux de l’homme d’affaires. Le lendemain, ce dernier achètera ses premières actions EEM. Un second rendez-vous est organisé quelques jours plus tard à Bedford, dans la résidence de vacances de Guy Wyser-Pratte.

Selon Marc Bognon et Frédéric Doulcet, qui risque 630.000 euros d’amende, dont 430.000 pour cette information privilégiée, l’homme d’affaires a été mis au courant lors de ces rendez-vous de la vente imminente des hôtels vietnamiens pour 45 millions de dollars, alors que celle-ci n’a été rendue publique que le 24 août, soit trois mois plus tard. Une version que nie farouchement Guy Wyser-Pratte, «parole contre parole». La Commission des sanctions décidera du mot final d’ici un mois.

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