La relance française passe par l’automobile

Emmanuel Macron a dévoilé mardi un plan de soutien de 8 milliards d’euros pour une filière cruciale pour l'économie. Sous conditions pour les constructeurs.
Capucine Cousin
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Le premier volet de ce plan consistera à soutenir la demande afin de compenser les records d’invendus de ces dernières semaines.  -  Bloomberg

Le gouvernement a décidé de sortir les grands moyens pour voler au secours de la filière automobile, lourdement éprouvée par la crise économique provoquée par l'épidémie de coronavirus. A cause de celle-ci, les Français ont dû rester confinés chez eux durant deux mois, et les commerces - dont les concessions automobiles - ont été fermés. Le président Emmanuel Macron a souligné, dans un discours mardi après-midi, que l’automobile a connu une baisse d’activité sans précédent «hors temps de guerre». «Nous serons à la fin juin, vraisemblablement, à environ 500.000 véhicules invendus par rapport à la saison précédente. C’est du jamais-vu pour ce secteur qui représente près de 16% du chiffre d’affaires de notre industrie». Et 400.000 emplois directs et indirects dans l’Hexagone.

Emmanuel Macron a annoncé un plan de soutien de quelque 8 milliards d’euros pour la filière automobile française, à l’issue d’une visite de l’usine de l'équipementier Valeo à Etaples (Pas-de-Calais). Ce «plan historique» comporte aussi un volet écologique, pour «faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe». Ce montant global comprend notamment le prêt garanti par l’Etat (PGE) de 5 milliards d’euros déjà promis par le gouvernement à Renault, indiquait Bercy mardi soir. Il intègre également 295 millions d’euros de PGE accordés à ce jour aux entreprises du secteur.

Soutenir la demande

Premier volet de ce plan, le soutien de la demande. La prime à la conversion, dispositif d’aide au remplacement d’un véhicule ancien par un véhicule moins polluant (diesel et essence dernière génération, hybride et électrique), sera désormais accessible à l’ensemble des ménages dont le revenu est inférieur à 18.000 euros par an, soit les «trois-quarts des Français». Cette prime à la conversion exceptionnelle sera de 3.000 euros à partir du 1er juin. Elle coûtera 800 millions d’euros à l’Etat en 2020, a indiqué l’Elysée.

Le président de la République a aussi annoncé un renforcement de la prime aux véhicules électriques et hybrides pour les entreprises et les particuliers : «7.000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique par des particuliers, 5.000 euros pour les entreprises et les collectivités, et même 2.000 euros pour les véhicules hybrides rechargeables qui, jusqu’alors, étaient exclus de toutes ces primes existantes.» Au total, les bonus écologiques coûteront 535 millions d’euros.

Financements pour «moderniser» le secteur

Outre le volet «demande» de ce plan de relance, chiffré à «plus de 1 milliard d’euros», Emmanuel Macron a annoncé une série de financements pour «moderniser» le secteur. Dont 200 millions d’euros de subventions «pour accompagner les équipementiers, les entreprises sous-traitantes de la filière dans leur transformation et leur montée en gamme», et la création d’un fonds d’investissement de 600 millions d’euros «pour intervenir en fonds sur l’ensemble des entreprises de la filière», nourri par l’Etat et deux constructeurs automobiles.

En contrepartie de ces aides, Emmanuel Macron attend «une série d’engagements forts» pris par les constructeurs, comme «relocaliser la production à valeur ajoutée en France et consolider et maintenir la totalité de la production industrielle sur nos sites», a-t-il dit mardi, reprenant des vœux déjà exprimés par Bercy.

Contreparties

Message reçu cinq sur cinq, à première vue, par les constructeurs. Le groupe PSA va «fortement augmenter» sa production de véhicules électriques et hybrides sur le sol français, selon Emmanuel Macron. Et il s’est engagé à hauteur de «450.000 véhicules produits sur le sol français » d’ici 2022, a ajouté le chef de l’Etat, dont sur les sites de Poissy, de Rennes, de Mulhouse, et de Sochaux. Dans un communiqué, PSA a pour sa part annoncé un investissement de plus de 400 millions d’euros dans ses sites français dédiés au véhicule électrique.

De son côté, Renault va rentrer au capital de la co-entreprise ACC (Automotive Cells Company) formée par Total et PSA pour la production de batteries pour véhicules électriques. Elle compte produire des batteries pour un million de véhicules par an en Europe, soit près 10% à 15% du marché, d’ici 2030. Le groupe s’est également engagé à ce que d’ici à 2022 la production de véhicules électriques soit triplée en France et quadruplée d’ici 2024. L’objectif, a précisé le chef de l’Etat, est de produire 240.000 véhicules.

Du côté des équipementiers, on salue aussi ce train de mesures. Valéo prévoit de renforcer en France la localisation de lignes de production des moteurs électriques 48V, une solution technologique d’électrification qui devrait selon lui représenter 30% du marché automobile mondial d’ici à 2030. Faurecia, pour sa part, dit envisager d’installer en France une usine qui représenterait un investissement additionnel d’environ 50 millions d’euros et la création de 150 emplois.

Première ombre à cette fragile opération sauvetage annoncée par l’Elysée : Renault pourrait supprimer 5.000 emplois d’ici 2024, sans licenciements secs, dans le cadre de son plan d'économies de 2 milliards d’euros attendu en fin de semaine, selon Le Figaro. Pourtant, Emmanuel Macron a mis ses conditions au PGE attendu par Renault : il ne le signera pas avant que des solutions aient été trouvées entre le constructeur automobile et les syndicats sur l’avenir de ses sites industriels français, lors d’une table ronde dédiée. Pour rester éligible au PGE, Renault «privilégiera le non-remplacement de salariés partant en retraite» au plan de départs volontaires, selon le quotidien.

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