
La place de Paris prône le statu quo pour le «say-on-climate»

Circulez, il n’y a rien à voir. Discrètement, le Haut Comité juridique de la place financière de Paris (HCJP), saisi par le Trésor, a publié mardi sur son site son très attendu rapport sur les résolutions climatiques. Le fameux «say-on-climate». Avec une recommandation majeure qui ne surprendra personne, s’en tenir à la «soft law» et ne surtout pas légiférer… Le rapport invoque l’évolution constante des pratiques et réglementations sur le climat pour privilégier cette soft law. Il reconnaît néanmoins que de plus en plus d’investisseurs expriment leur volonté de pouvoir se prononcer et donc de voter en assemblée générale sur la politique environnementale des sociétés dans lesquelles ils investissent.
Le Groupe de travail du HCJP constate que la possibilité pour les actionnaires de voter en assemblée générale ordinaire sur la stratégie climatique de la société au moyen d’un vote consultatif (say-on-climate), comme cela est notamment préconisé par le Rapport Perrier de mars 2022, « ne heurte aucune règle juridique et en particulier pas le principe de hiérarchie des organes sociaux ». Aussi, « aucune modification législative ou réglementaire n’apparaît donc nécessaire pour permettre le développement de ces résolutions », estime le rapport, précisant qu’il n’existe pas de régime juridique particulier à l’étranger. « Dans ce retard pris par notre droit des sociétés sur la réalité des besoins futurs des entreprises, le débat sur le say-on-climate fonctionne comme un outil de définition de l’acceptable ou de l’inacceptable », constate Caroline Ruellan, présidente de SONJ Conseil.
Procédure accélérée en cas de refus d’inscription d’une résolution
Toutefois, quand une société refuse d’inscrire une résolution à l’ordre du jour, la seule solution actuelle est de saisir le tribunal de commerce. Le rapport ne propose pas d’autres alternatives, suggérant seulement d’appliquer la procédure accélérée au fond dans cette hypothèse, afin d’avoir une réponse rapide, compatible avec le calendrier d’une assemblée générale. Réponse qui semble un peu légère à certains, voire dépassée, alors qu’une quinzaine de gestions viennent de demander publiquement un assouplissement du dépôt de résolutions d’actionnaires. Propositions qui pourraient être reprises dans la loi de «réindustrialisation verte» attendue au printemps prochain. « Cette crispation entre les émetteurs et certains investisseurs doit être prise pour ce qu’elle est : un symptôme. Symptôme à la fois d’une rupture de confiance entre les actionnaires et les conseils sur la capacité de ces derniers à proposer des projets d’entreprise crédibles - crédibilité à produire de la richesse tout en respectant des limites physiques - et symptôme d’un droit des sociétés pensé pour un modèle capitalistique ‘dépassé’, c’est-à-dire devenu inadapté », confie Caroline Ruellan.
Le rapport précise également que le vote favorable des actionnaires sur la stratégie climatique adoptée par le conseil d’administration « ne modifie en rien le régime juridique de responsabilité du conseil d’administration ou des actionnaires ». En revanche, cette résolution permet « d’identifier la raison du mécontentement éventuellement exprimé et ainsi de contribuer au dialogue actionnarial sur ce thème ». Il faut être réaliste, « pour les émetteurs qui prendront le problème climatique au sérieux, accepter un vote consultatif sur leur politique environnementale, c’est accepter un vote consultatif sur leur stratégie entière », poursuit Caroline Ruellan.
Préciser en amont les conséquences d’un vote négatif
« Au regard des réserves exprimées sur la validité de cette pratique en l’absence de cadre spécifique », Le HCJP préconise l’adoption de recommandations. Ainsi, le rapport invite l’Afep-Medef, Middlenext et l’AFG à reprendre ses préconisations. A savoir, le conseil d’administration peut proposer un vote consultatif sur la stratégie climatique arrêtée par le conseil d’administration, et les actionnaires peuvent également demander un vote. Ce vote concerne la stratégie climatique, au rythme qu’aura choisi l’entreprise. Pour le rapport, « il n’est pas souhaitable de déterminer in abstracto la fréquence d’un say-on-climate ». En revanche, le rapport recommande au conseil d’indiquer, dans son rapport sur la résolution, les conséquences d’un avis négatif.
Plus d'articles Gouvernance
-
L’association de conseillers financiers Anacofi risque une amende de 500.000 euros
L’Autorité des marchés financiers a adressé une liste de griefs à l'association. Même si elle devait payer l’amende, son existence ne serait pas remise en cause. -
Toyota fait grimacer les fonds de pension pour ses actions de lobbying
Plusieurs fonds, dont CalPERS, demandent au constructeur automobile de faire la lumière sur ses pratiques en la matière sur la question du changement climatique. -
Unicaja se met en quête d’un nouveau patron
Après deux ans de guerre interne, le numéro cinq bancaire espagnol a révoqué Manuel Menendez, son directeur général.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- Slawomir Krupa doit redorer le blason boursier de la Société Générale
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Arnaud Llinas (Amundi ETF): «80% de notre collecte du premier trimestre s’est faite sur les ETF ESG»
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Les gros dossiers de LBO attendent des jours meilleurs
- Sycomore AM relance la fronde sur la gouvernance d'Atos
-
Dialogue ?
L’Otan appelle à la désescalade dans le nord du Kosovo
Des affrontements ont eu lieu vendredi 26 mai entre la police kosovare et des Serbes du Kosovo qui ont tenté d'empêcher des maires albanais nouvellement élus de prendre leurs fonctions -
Colère sociale
Sous pression, le président serbe Aleksandar Vučić quitte la direction de son parti
Aleksandar Vučić a démissionné du Parti serbe du progrès après d'importantes manifestations contre son régime en réaction à deux fusillades de masse dans le pays au début du mois -
Responsabilité
Etats-Unis: Joe Biden et Kevin McCarthy ont trouvé un accord de principe sur le plafond de la dette
La rédaction du texte devrait être terminée dimanche et l'accord pourrait être voté mercredi. Il prévoirait le relèvement du plafond de la dette pour une durée de deux ans, en limitant les dépenses pendant cette période