
La peur d’une récession pèse sur les prévisions de bénéfices en Europe

La multiplication des signes de ralentissement économique conduit les analystes à redoubler de prudence sur leur prévision de résultats en Europe. Après deux trimestres de repli modéré des bénéfices, les sociétés de la région devraient publier des résultats en recul de 2,2% au titre du 3e trimestre 2019, ce qui signerait leur plus mauvaise performance depuis trois ans, selon le consensus Refinitiv/IBES. Leurs concurrentes américaines devraient faire preuve d’une meilleure résistance, avec une progression moyenne attendue de 4% de leurs résultats pour le trimestre en cours.
Les entreprises européennes cotées en Bourse taillent dans leurs coûts pour restaurer leurs résultats, mais la baisse de la demande finale devrait se traduire par une contraction de 0,3% de leur chiffre d’affaires agrégé sur la période juillet-septembre, une situation inédite depuis début 2018. Malgré les avertissements récemment lancés par plusieurs sociétés (Pearson, Imperial Brands, IAG …), le risque de déception est d’autant plus important que le consensus table encore sur une hausse de près de 10% des résultats pour le dernier trimestre 2019 et l’ensemble de 2020. «Le principal obstacle pour l’exercice en cours concerne non pas le troisième trimestre, mais le quatrième», commente auprès de Reuters Fabio Di Giansante, responsable des grandes capitalisations européennes chez Amundi, en misant dans le meilleur des cas sur une stagnation des résultats l’an prochain.
«Dans le cas d’une authentique récession, la croissance des bénéfices serait négative et les défauts d’entreprises augmenteraient probablement», préviennent Juan Nevado et Craig Moran, gérants dans l'équipe gestion diversifiée de M&G. Les stratégistes d’Ostrum relèvent qu’en Europe, «la performance des capitalisations moyennes interpelle quant à la solidité du rally, d’autant que les révisions bénéficiaires sont à l’inverse des cours depuis trois mois».
Pour les analystes de Credit Suisse, contrairement aux actions britanniques dont la valorisation est au plus bas depuis 20 ans, «à l’exception des valeurs technologiques et financières, le rapport cours sur bénéfice des sociétés d’Europe continentale est plutôt élevé, leur marge brute d’exploitation est supérieure à celle des entreprises américaines et la progression des salaires continue, ce qui entraîne une pression à la baisse sur leur rentabilité». Ils sous-pondèrent les actions suisses mais surpondèrent la France et l’Espagne.
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A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse