
La France veut reprendre la main dans le cloud

La France lance une nouvelle stratégie dans le cloud, les services informatiques qui permettent notamment de stocker ses données. Le gouvernement a annoncé ce lundi trois initiatives visant à renforcer la souveraineté de la France dans une activité de plus en plus stratégique mais opérée très majoritairement par des acteurs étrangers, Google, Amazon et Microsoft en tête.
Même s’il présente des avantages économiques et pourrait permettre des créations d’emplois en Europe, « le cloud présente des risques pour l’intégrité des données des Français, tant pour des raisons techniques, avec la multiplication des cyberattaques, que juridiques, avec la menace de législations extraterritoriales donnant un accès aux données des citoyens, des administrations et entreprises françaises à des Etats étrangers », reconnait le communiqué du gouvernement.
Un nouveau label
L’un des trois piliers dévoilés ce lundi prévoit la création d’un « cloud de confiance » selon l’initiative dévoilée mi-2020 par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Le label cloud de confiance « permettra aux entreprises et administrations françaises de bénéficier des meilleurs services offerts par le cloud (suites bureautiques collaboratives, outils de visioconférence, etc.) tout en assurant la meilleure protection pour leurs données ».
Ce label reposera notamment sur le visa SecNumCloud délivré par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Il sera octroyé aux fournisseurs de services de cloud, françaises mais pas seulement. « Certains des services cloud les plus performants au monde sont édités par des entreprises étrangères, notamment américaines. C’est pourquoi le label Cloud de confiance permettra de nouvelles combinaisons comme la création d’entreprises alliant actionnariat européen et technologies étrangères sous licence », admet, pragmatique le gouvernement.
OVHCloud, premier acteur français indépendant dans le cloud, a par exemple récemment signé un accord avec Google pour utiliser une partie de sa technologie.
Mauvais souvenirs du cloud souverain
Pour appuyer cette nouvelle stratégie dans le cloud, le gouvernent veut montrer l’exemple. Le deuxième pilier dit « Cloud au centre » fera « du Cloud un prérequis pour tout nouveau projet numérique au sein de l’État, afin d’accélérer la transformation publique au bénéfice des usagers et dans le strict respect de la cybersécurité et de la protection des données des citoyens et des entreprises ».
« Chaque produit numérique manipulant des données sensibles, qu’elles relèvent notamment des données personnelles des citoyens français, des données économiques relatives aux entreprises françaises, ou d’applications métiers relatives aux agents publics de l’Etat, devra impérativement être hébergé sur le cloud interne de l’Etat ou sur un cloud industriel qualifié SecNumCloud par l’Anssi et protégé contre toute réglementation extracommunautaire », prévient le gouvernement.
Enfin, troisième pilier : un soutien financier à des projets, via le 4e Programme d’investissements d’avenir (PIA) et le plan France Relance. Un appel à manifestation d’intérêt a déjà permis d’identifier cinq projets pour un montant supérieur à 100 millions d’euros, indique le gouvernement.
Ce n’est pas la première fois que la France affirme sa volonté de souveraineté en matière de cloud. Le gouvernement avait soutenu au début des années 2010 le projet Numergy, poussé par SFR, Bull et la Caisse des dépôts, et son concurrent Cloudwatt, poussé par l’opérateur public Orange. Les deux services n’ont pas réussi à s’imposer.
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Objectif digital pour le trade finance
Mobilisation. Pas de doute pour Bruno Le Maire, « la dématérialisation des procédures de financement du commerce international peut être un levier de simplification massif au service de la compétitivité de nos entreprises, et en particulier de nos PME. C’est aussi un enjeu d’attractivité pour faire de la Place de Paris un hub mondial de trade finance ». Rien de moins. Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, ainsi qu’Eric Dupond-Moretti, ministre de la Justice, et Olivier Becht, ministre délégué chargé notamment du Commerce extérieur, ont ainsi confié une mission sur ce thème stratégique à Béatrice Collot et Philippe Henry, qui dirigent d’ores et déjà le groupe de travail de Paris Europlace dédié à ce même trade finance digital. Certes, la mobilisation générale est nécessaire tant le chemin s’annonce sinueux, passant par des évolutions notamment juridiques et technologiques. Le rapport est attendu par le gouvernement en mars prochain.
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