La France commence à livrer directement du gaz à l’Allemagne

La France a commencé jeudi à livrer directement du gaz à l’Allemagne à travers leur interconnexion frontalière, pour la première fois dans l’histoire des échanges entre les deux pays, dans le cadre d’un accord conclu pour faire face à la baisse des importations de gaz russe.

Les premières capacités de livraisons par gazoduc commercialisées s’élèvent à 31 gigawattheures par jour (GWh/j) alors que l’interconnexion d’Obergailbach (Moselle) peut permettre un flux de 100 GWh/j, a annoncé dans un communiqué GRTgaz, qui gère la majeure partie du réseau de transport de gaz en France.

Thierry Trouvé, son directeur général, a précisé que le niveau limité à 31 GWh/j était lié aux travaux actuels sur le réseau, sans être en mesure de dire à quelle échéance le maximum de 100 GWh/j pourrait être atteint. Ce niveau de 100 GWh/j représenterait environ 10% de ce que la France reçoit chaque jour en gaz naturel liquéfié (GNL) sur l’ensemble de ses quatre terminaux méthaniers. «Nous sommes raisonnablement optimistes sur notre capacité à la fois à servir la demande, à soutenir la production d’électricité et à jouer la solidarité européenne», a confirmé Thierry Trouvé, même en cas d’hiver froid si on applique les bonnes règles de sobriété.

Les installations d’Obergailbach, conçues pour fonctionner dans le sens Allemagne-France, ont été adaptées suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour inverser les flux, dans le cadre d’un processus d’enchères sur les commandes réservables chaque jour pour le lendemain, avec un prix minimum régulé.

Prix «astronomiques»

Jeudi matin, les prix des contrats à terme sur le gaz européen (TTF) ont baissé suite à cette annonce, de 163 à 156 euros/MWh, après avoir bondi de 7% plus tôt à cause de flux affectés au niveau de certains centrales-clé en Norvège.

Mercredi soir, à l’occasion d’une réunion des ministres des Finances du G7 à Washington, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a quand même demandé aux Etats-Unis la livraison à la France d’un gaz naturel liquéfié «moins cher au travers d’une approche de long terme» pour faire face à la crise énergétique. Avec la chute des importations européennes de gaz russe, la part américaine dans les importations européennes de GNL a grimpé de 28% à 45% entre 2021 et 2022. Début octobre, le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck avait déjà déploré des prix «astronomiques» demandés par les pays «amis» pour fournir le gaz.

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