La dynamique de commandes de Thales impressionne, reste à la confirmer

A la différence des autres crises, les budgets militaires tiennent le choc. Un soutien de plus pour nourrir la reprise de l'équipementier.
Julien Marion
Thales
Thales  -  Crédit J. Kobel/Thales

La pandémie a percé les défenses de Thales pourtant réputées solides. Les résultats annuels publiés jeudi par le groupe en attestent : le résultat opérationnel tout comme le résultat net ajusté ont chuté de plus de 30% l’an passé.

En Bourse, la résilience supposée de l’action n’a pas tenu toutes ses promesses : le titre Thales a chuté de 19% l’an passé, soit presque autant que la baisse de 20% de Safran, une société pourtant beaucoup plus exposée au plongeon de l’aéronautique civile.

Le groupe de technologies et de défense peut néanmoins prendre sa revanche cette année, à condition de confirmer sa dynamique de commandes qui l’a porté sur la fin de 2020.

Un objectif minimum en 2021

Les prises de contrats de Thales ont constitué un motif de satisfaction dans la publication livrée jeudi par la société. Sur l’ensemble de 2020, Thales a engrangé 18,5 milliards d’euros de commandes et a fini l’année en trombe, avec 9,3 milliards d’euros récoltés au quatrième trimestre, dont 6 milliards dans sa division «Défense et Sécurité". Berenberg apprécie des chiffres « robustes » et « encourageants ». « Le niveau de commande a été très solide eu égard à l’année que Thales a traversée », abonde Hugo Paternoster, analyste pour le bureau d'études indépendant AlphaValue.

Thales doit transformer l’essai en 2021. « Les investisseurs attendent une nouvelle année robuste de prises de commandes », prévient un analyste basé à Londres.

Pour 2021, l’entreprise table sur un book to bill supérieur à 1, c’est-à-dire que ses prises de commandes dépasseront ses revenus, Thales anticipant par ailleurs un chiffre d’affaires compris entre 17,1 milliards d’euros et 17,9 milliards. Cet objectif de commandes doit s’entendre comme un minimum et laisse des marges à Thales pour surprendre. « Nous avons dit que le ‘book to bill’ serait supérieur à 1, nous n’avons pas dit de combien », a convenu le PDG, Patrice Caine.

Le directeur financier, Pascal Bouchiat, a pour sa part précisé que le groupe tiendrait cet objectif même si la commande de 3 milliards de dollars confiée début février par l’opérateur canadien de satellites Telesat à Thales Alenia Space, filiale de Thales et de l’italien Leonardo, n'était pas comptabilisée en 2021. « Leurs perspectives en matière de commandes paraissent énormes », s'étonne un intermédiaire financier au vu de cette dernière indication.

Des craintes exagérées sur les dépenses militaires

Thales devra particulièrement consolider la bonne tendance observée dans son activité Défense et Sécurité pour convaincre le marché. JPMorgan Cazenove souligne que de nombreux investisseurs demeurent préoccupés par les pressions s’exerçant sur les budgets gouvernementaux en raison de la pandémie. Barclays cite aussi les « risques » pesant sur les budgets militaires « en raison des déficits sans précédent résultant des plans de relance ».

Ces craintes paraissent néanmoins exagérées. Selon l’agence de notation Moody’s, les budgets militaires pour 2021 - hors Etats-Unis - affichent dans l’ensemble des croissances « solides », en raison de la montée des tensions géopolitiques. « Nos plus grands marchés, c’est-à-dire la France, l’Australie et le Royaume-Uni, sont tous sur des dynamiques d’au moins 5% », a assuré Patrice Caine.

« Par le passé, lors des crises économiques, il y a eu effectivement des coupes budgétaires. Pour autant, nous observons cette fois plutôt le contraire », tranche Hugo Paternoster, d’Alphavalue. « Cela tient au fait que le niveau de menaces est, dans son ensemble, en augmentation. Les Etats clients de Thales ont donc la volonté de s’armer pour y faire face », développe l’analyste.

JPMorgan Cazenove qualifie Thales de valeur « attrayante » en raison de sa faible valorisation mais aussi de la bonne visibilité dont l’entreprise dispose dans la défense où son carnet de commande s'élève à 23,2 milliards d’euros. Ce qui représente environ trois années d’activité, calcule Berenberg. Garnir ce robuste carnet de commandes donnerait assurément des gages aux investisseurs.

En attendant, les analystes croient manifestement au rebond de Thales : près des trois-quarts des 18 bureaux d'études suivant la valeur recommandent de l’acquérir et aucun de la vendre, selon FactSet. « Au cours actuel, nous estimons que le potentiel d’appréciation du titre est supérieur à 25% », souligne de son côté la société de gestion Clartan Associés.

Si 2020 a été un millésime à oublier pour le groupe, sa faible valorisation et ses robustes perspectives constituent des arguments difficiles à ignorer pour les investisseurs. Le marché aurait tort d’estimer que Thales se trouve à court de munitions.

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