La Concurrence prône l’ouverture de la vente des médicaments non remboursables

L’Autorité française recommande une ouverture «limitée, encadrée et accompagnée». Les ventes devront avoir lieu dans un espace dédié
Bruno de Roulhac
L’Autorité française recommande une ouverture «limitée, encadrée et accompagnée». Photo: PHB
L’Autorité française recommande une ouverture «limitée, encadrée et accompagnée». Photo: PHB  - 

Vers une ouverture encadrée de la vente de médicaments non remboursables. A l’issue de son enquête, l’Autorité de la concurrence prône dans son avis l’instauration d’un peu plus de concurrence, afin de dynamiser l’innovation, de permettre aux échelons intermédiaires de jouer leur rôle de contre-pouvoir à l’achat, et de renforcer le rôle des pharmaciens.

«Le statu quo n’est pas tenable», a expliqué Bruno Lasserre, président de l’Autorité. Avec l’évolution de l’automédication (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, +3,2% en 2012, soit 7,6% du chiffre d’affaires global du médicament), les écarts de prix de 1 à 4 en officine et l’autorisation de ventes en lignes depuis le début de l’année, l’Autorité de la concurrence recommande une ouverture «limitée, encadrée et accompagnée» de la vente au détail de ces médicaments sans ordonnance, et des produits frontières (autotests de grossesse et de glycémie, produits d’entretien pour lentilles) vendus exclusivement en officine.

Les ventes – en grandes surfaces ou en parapharmacie – devront avoir lieu dans un espace dédié avec un encaissement distinct et la présence d’un pharmacien. En parallèle, le rôle du pharmacien doit être consolidé avec de nouvelles missions, de conseil, rémunérées forfaitairement. Les officines, qui verraient alors leur marge baisser de 3,7 à 5%, devraient aussi pouvoir vendre d’autres produits.

Une telle réforme entraînerait une augmentation de 10% des points de vente et une économie de 11 à 16% pour le consommateur, soit 270 millions d’euros de pouvoir d’achat retrouvé. L’UFC – Que Choisir appelle les sénateurs à traduire les recommandations de l’Autorité de la concurrence dans le cadre du projet de loi consommation qu’ils examineront en janvier.

Alors que l’entrée de génériques encourage l’innovation et permet à l’assurance maladie de réaliser des économies, l’Autorité de la concurrence veille à l’absence de dénigrement anticoncurrentiel par les laboratoires princeps dont le médicament est breveté. Saisi par le génériqueur Arrow, le gendarme français de la concurrence vient ainsi de sanctionner Schering-Plough à hauteur de 15,3 millions d’euros pour abus de position dominante sur Subutex, traitement de la dépendance à l’héroïne. En mai dernier, l’Autorité avait déjà infligé une amende de 41 millions à Sanofi pour une stratégie de dénigrement à l’encontre des génériques de Plavix. Une autre affaire sera traitée en 2014.

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