
La bureaucratie nuit au déploiement des éoliennes en Allemagne

Des problèmes réglementaires et logistiques freinent le développement de l’éolien outre-Rhin. La montée en puissance de cette énergie verte passe par la construction de turbines de plus en plus volumineuses qui sont acheminées par camions sur leur lieu de destination. Un gigantisme qui suscite bien des tracas. Des permis spéciaux sont nécessaires pour autoriser ces poids lourds à utiliser les autoroutes et à franchir les ponts. Dans certains cas, des panneaux de signalisation doivent être démontés et une escorte policière est nécessaire. Pour minimiser les perturbations de circulation, un transport de nuit devient alors la seule solution envisageable.
Mais les fabricants d’éoliennes se plaignent d’un délai de réponse bien trop long des autorités administratives, plusieurs mois étant requis pour obtenir ces permis de transport. Plus de 15.000 demandes sont en souffrance dans l’ensemble de l’Allemagne, ce qui alourdit considérablement les frais d’entreposage des mâts, pales de rotor et nacelles qui constituent les principaux éléments des éoliennes. «Si aucun changement n’intervient, cela pourrait nous occasionner une charge supplémentaire de 115 millions d’euros d’ici à la fin de l’année», estime Felix Rehwald, porte-parole de l’allemand Enercon, interrogé par Reuters, ajoutant que ce problème était actuellement «l’un des défis les plus importants» pour le groupe et ses concurrents.
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Environ 150 permis nécessaires pour transporter une turbine éolienne
Ces goulets d’étranglement pourraient encore s’aggraver d’ici à l’été 2024 en raison de l’augmentation des projets d’installation. Environ 150 permis sont en moyenne nécessaires pour transporter une turbine éolienne, plus d’une centaine pour la grue qui sert à son montage et une soixantaine pour les autres composants d’éoliennes, montre une étude publiée par la fédération allemande des entreprises de construction mécanique (VDMA). De surcroît, chaque Land a ses propres exigences en l’absence d’une réglementation à l’échelle fédérale pour les convois exceptionnels.
Les frais afférents à une demande de permis ont en outre été multipliés par dix en deux ans pour atteindre un montant unitaire de 1.000 euros et plusieurs demandes doivent être présentées pour couvrir différents cas de figure. «Je ne peux pas utiliser un véhicule de couleur verte au lieu d’un camion rouge, car un autre permis sera alors nécessaire», regrette ainsi Kai Westphal, responsable des activités de transport du danois Vestas pour l’Europe centrale et septentrionale. Les logiciels utilisés par l’administration, qui datent de plus de quinze ans, compliquent encore la tâche des entreprises. Selon la VDMA, il serait nécessaire d’obtenir dès que possible «un système d’information géographique permettant de traiter l’ensemble des demandes de convois exceptionnels, utilisable à la fois par les industriels et par les autorités administratives».
Des initiatives récentes pour réduire la bureaucratie
La société publique Autobahn GmbH, qui construit, exploite et finance le réseau autoroutier allemand, souligne que les permis sont délivrés par les Länder et que son rôle se limite à fournir un avis d’expert sur la sécurité d’une opération de transport sur un itinéraire demandé. Elle prévoit l’introduction d’un processus d’examen en grande partie automatisé et standardisé dans l’ensemble du pays avant la fin de cette année. Jusqu’à présent, la délivrance d’un permis de transport prend jusqu’à trois mois sur le marché allemand, contre moins de trois semaines aux Pays-Bas et environ dix jours au Danemark, pays dans lequel l’obligation d’avoir une escorte policière a été supprimée voici deux ans.
La semaine dernière, le gouvernement d’Olaf Scholz a annoncé une série de propositions destinées à stimuler l’économie en réduisant la bureaucratie et en accélérant la numérisation des services publics, alors que les énergies renouvelables seront censées assurer 80% de la production électrique allemande à l’horizon 2030.
Une capacité installée de 115 gigawatts (GW) est prévue à cette échéance pour l’éolien terrestre. A cela s’ajoute la montée en puissance de l’éolien en mer qui représentait une capacité installée de 8 GW à fin 2022, plaçant l’Allemagne sur la deuxième marche du podium européen derrière le Royaume-Uni qui disposait d’une capacité de 13,6 GW, selon le rapport du World Forum Offshore Wind.
Une simplification semble urgente si l’on tient compte des résultats du processus d’enchères sur l’éolien terrestre organisé début août par le régulateur allemand (Bundesnetzagentur). En dépit d’une augmentation du prix plafond auquel les participants pouvaient enchérir, le volume global des enchères remportées s’est élevé à 1,4 GW, contre une capacité de 1,6 GW obtenue lors du précédent cycle qui a eu lieu en mai. Anticipant le moindre intérêt des investisseurs, le régulateur avait réduit de 47% la capacité proposée à environ 1,7 GW juste avant le début des dernières enchères.
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