La bataille pour SFR pourrait se déplacer des chiffres sur le terrain juridique

Avant même l’annonce de la contre-offre de Bouygues sur SFR, l’Adam critiquait une procédure jugée peu transparente.
Olivier Pinaud
Le droit français n’impose pas à Vivendi de soumettre la cession de SFR à l’approbation de l’AG. Photo Bloomberg.
Le droit français n’impose pas à Vivendi de soumettre la cession de SFR à l’approbation de l’AG. Photo Bloomberg.  - 

Bouygues n’a pas gagné SFR. Mais en posant 1,85 milliard d’euros de cash supplémentaire sur la table la semaine dernière, le groupe a semé le doute chez Vivendi. Malgré les discussions exclusives en cours avec Altice, «le conseil de surveillance ne peut pas ne pas prendre en considération la proposition de Bouygues», reconnaît une source proche, quitte à prolonger au-delà de la date du 4 avril le processus de vente de l’opérateur.

En l’état actuel des propositions, s’il maintenait son choix sur Altice, Vivendi s’exposerait à des risques de poursuite de certains de ses actionnaires, déçus de ne pas voir le groupe accepter une offre plus élevée en numéraire, ou estimant simplement que la procédure n’a pas exploré toutes les voies possibles. Le groupe a déjà eu à faire dans le passé avec ses actionnaires américains et la justice du pays. Il n’est toutefois plus coté aux Etats-Unis depuis 2006, ce qui exclut le risque de class actions. Remontés, la direction de Bouygues et ses conseils ne cachent pas en privé leur colère contre «l’opacité du processus» et leur sentiment d’avoir servi de «lièvre». Pour la partie juridique, le groupe est conseillé par Darrois Villey Maillot Brochier.

Sollicitée par des actionnaires, Colette Neuville a rappelé le conseil de surveillance de Vivendi à ses responsabilités la semaine dernière. Dans un courrier adressé à Jean-René Fourtou et au président de l’AMF, Gérard Rameix, la présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires regrettait le «manque de transparence du processus de décision», ce qui contraint les actionnaires de Vivendi à détenir des actions «à leurs risques et périls dans la mesure où les informations disponibles ne leur permettent pas de décider en connaissance de cause». Leur seule protection serait donc de vendre leurs actions Vivendi au cours actuel.

En revanche, le droit français n’impose pas à Vivendi de soumettre la cession de SFR à l’approbation de l’assemblée générale, même si l’opérateur de télécoms représente le premier actif du groupe. Mais, dans un souci de «bonne gouvernance», Vivendi devrait solliciter ses actionnaires, demande Colette Neuville.

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