« La baisse des emplois industriels a des conséquences structurelles »

La parole à... Isabelle Mejean, professeure à Polytechnique
Mathieu Solal, à Bruxelles

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Isabelle Mejean, professeure à Polytechnique

Faut-il analyser l’orientation de l’Europe vers une politique industrielle commune comme la conséquence de la crise sanitaire ?

Pas seulement. Cette orientation était déjà présente dans les discours européens avant le début de la crise et elle est surtout liée à l’émergence de la Chine et à l’augmentation de la part des services dans la production des pays développés. Les décideurs et les économistes prennent progressivement conscience que la baisse de l’industrie dans l’emploi total a des conséquences structurelles : une surconcentration de la demande de travail dans les zones urbaines et une polarisation de la demande vers les emplois très peu ou très fortement qualifiés. Au contraire, l’industrie emploie à tous niveaux de qualification et est mieux répartie sur le territoire. La crise sanitaire est venue accélérer cette tendance en mettant les Européens face au constat de leurs dépendances dans certains secteurs industriels stratégiques.

Comment expliquez-vous le changement progressif de vision de l’Allemagne, de l’ordolibéralisme vers une volonté de mettre en place une politique industrielle au niveau européen ?

L’Allemagne a un des plus hauts taux d’emploi manufacturier en Europe de l’Ouest et est notamment très spécialisée dans l’industrie lourde. Ces dernières années, la concurrence croissante de la Chine sur les activités à fort contenu technologique a commencé à menacer directement les parts de marché allemandes. Il n’est dès lors pas étonnant que l’Allemagne réfléchisse de manière plus protectrice.

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