EADS lance un plan de restructuration à hauts risques

Alors que le groupe ne s’est jamais aussi bien porté, grâce à Airbus, il compte réduire de 13% les effectifs de sa division militaire et spatiale
Olivier Pinaud

L’échec du projet de rapprochement avec BAE Systems l’an dernier a mis à nu les lacunes d’EADS dans le secteur de la défense. Le groupe d’aéronautique en prend acte en lançant un vaste plan de réorganisation de ses activités militaires et spatiales. 5.800 postes seront supprimés, a confirmé la direction d’EADS hier lors d’un comité central d’entreprise, soit quasiment 13% des effectifs de la future division Airbus Defence and Space qui regroupera les filiales Airbus Military, Astrium et Cassidian, et 4% des effectifs totaux.

Ajustés des reclassements internes (1.500), du non-renouvellement des contrats temporaires (1.300) et des départs volontaires, le nombre de suppressions de postes nettes est estimé par EADS entre 1.000 et 1.450. Les quatre cinquièmes de ces mesures devraient concerner des sites allemands.

EADS ne donne aucune indication ni sur le délai de mise en œuvre de ce plan social, ni sur son coût. «Le calendrier et le dimensionnement de la provision exceptionnelle liée à ce plan sont en cours d’évaluation», indique simplement le groupe. Les analystes de Deutsche Bank, sur la foi des chiffres qui circulaient récemment, proches de ceux finalement annoncés, estimaient que le plan d’EADS visait à économiser entre 150 et 200 millions d’euros de coûts d’exploitation en année pleine. La direction pourrait fournir quelques détails demain et après-demain, à l’occasion de ses journées avec les investisseurs.

Des mesures de rationalisation du parc immobilier contribueront aux économies. Le siège parisien, situé dans le 16e arrondissement, sera par exemple vendu, la direction ayant prévu de gagner Toulouse à l’occasion du changement de nom du groupe en Airbus dès le 1er janvier 2014.

En voulant ajuster la rentabilité de sa division face à la baisse des budgets nationaux de défense, et la faire remonter aux standards du secteur, EADS ouvre un dossier à hauts risques. Les syndicats ont déjà alerté les gouvernements allemands et français sur l’incongruité de ce plan, alors que le groupe dispose d’un carnet de commandes record dans l’aéronautique civile.

Selon Natixis, «la restructuration de la défense sera sans doute le premier test de la nouvelle liberté de manœuvre» dont dispose Tom Enders, le président exécutif d’EADS, depuis la refonte du capital de l’an dernier. La France et l’Allemagne ont renoncé à leur droit de veto mais disposent chacune de 12% du capital.

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