China National Nuclear Power fait sauter les compteurs sur le marché chinois

Le deuxième opérateur nucléaire du pays a attiré l'équivalent de 241 milliards d’euros d’ordres d’achat à l’occasion de son introduction en Bourse.
Alexandre Garabedian

China National Nuclear Power Corp n’a pas les problèmes d’Areva. Il vient d’apporter une nouvelle preuve de la surchauffe du marché actions chinois. Le deuxième opérateur nucléaire du pays a attiré la bagatelle de 1.690 milliards de yuans (241 milliards d’euros) d’ordres d’achat à l’occasion de son introduction en Bourse, selon un communiqué publié sur le Shanghai Stock Exchange. C’est 128 fois plus que le montant que le groupe se proposait de lever. L’entreprise publique va vendre 3,9 milliards d’actions à un prix unitaire de 3,39 yuans, et se servir des fonds récoltés pour construire de nouveaux réacteurs.

L’afflux d’ordres, presque équivalent à la richesse annuelle produite à Hong Kong, peut en partie s’expliquer par les règles de cotation chinoises. Celles-ci découragent les entreprises de réaliser leur entrée en Bourse à un prix supérieur à leurs comparables cotés. Ce qui offre à l’investisseur, dans le contexte actuel d’euphorie des indices de Shanghai et Shenzhen, la perspective d’une belle plus-value. Les actions des 144 sociétés ayant mené cette année une IPO en Chine se sont appréciées en moyenne de 539% jusqu’à présent, et de 44% dès le premier jour de cotation, selon des statistiques compilées par Bloomberg.

La situation n’est pas sans créer de la volatilité. L’énormité du livre d’ordres de China National Nuclear Power Corp a laissé craindre hier aux investisseurs que ces masses d’épargne se détournent du marché actions secondaire pour se reporter sur les prochaines IPO. La nouvelle, couplée à l’annonce d’une restriction du trading sur marge chez un petit courtier, a contribué à faire dévisser les indices hier lors d’une séance de yo-yo qui aura vu le composite de Shanghai clôturer à +0,76% après avoir plongé de 5,35%. L’indice a bondi de 53% en 2015, tandis que le composite de Shenzhen, en hausse de 133,7% cette année, se paie 74 fois les bénéfices estimés.

Cette semaine, le gérant américain Bill Gross a d’ailleurs fait de l’indice de Shenzhen son prochain «big short», après avoir estimé en avril qu’il fallait vendre le Bund. «Les investisseurs particuliers chinois ouvrent de nouveaux comptes à un rythme record et nourrissent la hausse presque hyperbolique des prix. Dans le même temps, les exportations chinoises ralentissent et le yuan devient de moins en moins compétitif par rapport aux autres devises asiatiques, car il est lié au dollar», estime le gérant.

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