Bio c’Bon : Marne & Finance dans la tempête

Des référés ont condamné la société à rembourser plusieurs particuliers sur l’un des volets de l’affaire. Son fondateur se défend et se veut optimiste.
Jérémie Gatignol
Bio c’ Bon, magasin d’alimentation, produits biologiques. Magasin Le Chesnay 78
L’ affaire Bio c’Bon est aussi une l’affaire Marne & Finance.  -  RK.

L’affaire se complique. Alors que le volet BCBB (Bio c’Bon Builder), qui touche quelque 2.850 particuliers, n’est pas encore refermé, c’est désormais le placement ICBS (Immo Capital Builder System) qui fait parler de lui dans l’affaire Bio c’Bon.

Comme annoncé par L’Agefi Actifs en novembre dernier, la société Marne & Finance aurait arrêté d’honorer les demandes concernant ce placement depuis maintenant un an. Ce que beaucoup de professionnels craignaient il y a trois mois prend forme en ce début d’année.

Vendredi dernier, le tribunal de commerce de Paris a condamné en référé Marne & Finance à payer 575.000 euros dans le cadre de sept dossiers portant sur ce fameux placement ICBS. Des décisions exécutoires mais qui peuvent encore faire l’objet de nombreux recours.

«Force majeure»

L’Agefi Actifs a pu consulter les ordonnances en référé de plusieurs de ces dossiers. On y apprend ainsi que Marne & Finance évoquait la «force majeure» pour expliquer qu’elle ne pouvait pas honorer les demandes de rachat de parts. Une justification balayée par le juge qui a estimé que malgré la situation sanitaire actuelle la force majeure ne s’appliquait pas dans un cas de remboursement et surtout que l’entreprise n’avait «pas produit la moindre pièce qui justifierait qu’elle en a effectivement subi les conséquences».

Contacté, Thierry Brissaud, fondateur et dirigeant de Marne & Finance qui a remplacé Thierry Chouraqui, s’est dit étonné par les justifications avancées par le tribunal. «Je trouve étrange que les avocats nous dépeignent comme aux abois et que dans le même temps la justice estime que nous n’avons pas été touchés par la crise… La réalité est évidemment qu’en tant que bailleur spécialisé dans les murs de commerces nous avons été frappés durement et nous accusons actuellement plusieurs millions d’euros de retard sur nos loyers», détaille le dirigeant. Ce dernier concède n’avoir probablement pas amené assez d’éléments concrets, considérant qu’au vu de la situation actuelle et du modèle économique de sa société, les conclusions semblaient évidentes. «Nous le ferons pour les prochaines demandes», a-t-il assuré, précisant que, contrairement à ce qu’il avait pu lire, le nombre de dossiers qui devraient arriver devant la justice serait très limité.

«Mauvaise foi»

Marne & Finance aurait également fait valoir une «mauvaise foi» de la part de ses investisseurs car ces derniers n’auraient pas proposé de solutions pragmatiques de remboursement au vu de la situation exceptionnelle. Une défense encore une fois écartée par le juge, qui a rappelé que la société a «opposé un silence total» sur les différentes demandes de rachat et n’a jamais proposé de solutions alternatives aux investisseurs. Un silence que Thierry Brissaud réfute, indiquant que la société a dû traiter les urgences en premier et avait, par téléphone, signifié aux plaignants qu’ils devraient attendre leur tour. Le dirigeant explique même avoir déjà remboursé «beaucoup d’argent» dans le cadre du placement ICBS, sans préciser la somme.

Le magistrat s’est également étonné des difficultés financières avancées par Marne & Finance depuis le début de la crise alors que la société aurait effectué une acquisition immobilière majeure de plusieurs millions d’euros en septembre 2020. Sur ce point, le fondateur de Marne & Finance offre une version quelque peu différente. «Nous étions déjà engagés sur cette opération dont la majeure partie provenait d’un emprunt. Si nous n’avions pas signé, nous aurions dû payer une pénalité supérieure aux fonds propres que nous avions engagés», explique-t-il, concédant que la preuve de l’emprunt n’avait pas été apportée durant l’audience.

«Ces décisions ne sont qu’un début», prévient Dimitri Pincent, l’un des trois avocats, avec Philippe Julien et Bertrand Jardel, à avoir structuré l’association C’Pabon pour défendre les intérêts de ses 300 adhérents touchés par les deux volets de l’affaire et qui a plaidé six des sept dossiers. «Ce n’est pas seulement une affaire Bio c’Bon mais plus globalement une affaire Marne & Finance», clame-t-il d’ailleurs, soulignant que si le premier volet touchait 2.850 épargnants, le volet ICBS porterait lui sur plus de 5.000 investisseurs privés et pour des montants approchant 260 millions d’euros.

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