Amundi a démontré sa solidité en 2022

Le gestionnaire d’actifs du Crédit Agricole a dépassé les attentes des analystes pour l’année 2022 dans un contexte de marché pourtant défavorable. Son résultat net ajusté dépasse le milliard d’euros.
Adrien Paredes-Vanheule
Amundi
En Bourse, Amundi rebondit de 15% depuis le début de l’année.  - 

Après une année 2021 record, Amundi a fait le dos rond en 2022 face au vacillement des marchés financiers. Cela lui a réussi à en juger par ses résultats annuels publiés mercredi 8 février. La filiale de gestion d’actifs du Crédit Agricole dépasse les attentes des analystes en affichant un résultat net ajusté de 1.178 millions d’euros pour 2022, en repli de 10,5% par rapport à 2021. Elle explique principalement cette baisse par le retour à la normale du niveau de commissions de performance (427 millions d’euros en 2021 contre 171 millions d’euros en 2022). La société de gestion a encaissé 2.965 millions d’euros en commissions nettes de gestion hors commissions de performance (+7,6% sur un an), dont 720 millions pour le quatrième trimestre 2022 (-3,6% par rapport au troisième trimestre 2022). Le résultat net ajusté d’Amundi pour le quatrième trimestre 2022 est de 303 millions d’euros, en hausse de 7,5% par rapport au troisième trimestre 2022.

«Ces résultats sont liés à la qualité de nos gestions, à l’adaptation de notre offre, mais aussi à la capacité d’abaisser notre base de coûts dans un contexte de marché défavorable. En 2022, Amundi a également poursuivi son développement conformément aux axes de son plan Ambitions 2025, notamment en actifs réels, gestion passive, dans les services et la technologie, ou en Asie», a commenté Valérie Baudson, directrice générale d’Amundi.

Collecte nette de 7 milliards d’euros en 2022

Au 31 décembre 2022, les encours sous gestion d’Amundi s’élevaient à 1.904 milliards d’euros (-7,7% sur un an), conséquence d’un effet de marché négatif de 167 milliards d’euros. Le gestionnaire a cependant bouclé 2022 par une collecte nette de 7 milliards d’euros, loin des tourments du marché des fonds européens - qui a décollecté 57 milliards d’euros en 2022 - et des prévisions d’analystes qui tablaient sur des sorties nettes d’environ 10 milliards d’euros. Hors joint-ventures, les actifs de moyen-long terme ont attiré 7,8 milliards d’euros tandis qu’une décollecte nette de -14,9 milliards d’euros a été observée sur les produits de trésorerie. Les joint-ventures d’Amundi à l’étranger ont levé 14 milliards d’euros, notamment en Inde. En revanche, la joint-venture avec Bank of China Wealth Management a décollecté en raison des échéances de fonds lancés en 2021 et du contexte local.

«Cette joint-venture est un investissement de long-terme en Chine, portée par des tendances de long-terme locales qui nous rendent très confiants sur le futur, quoi qu’il se passe et quel que soit le rythme de réouverture de l’économie chinoise», a indiqué Valérie Baudson, lors de la présentation des résultats à la presse, mardi 7 février. La société de gestion comptait 378 milliards d’euros d’encours en Asie à fin 2022 tandis qu’elle en cible 500 milliards en 2025.

En 2022, Amundi a par ailleurs collecté 9,9 milliards d’euros auprès des investisseurs particuliers et décollecté 17 milliards d’euros auprès des institutionnels, essentiellement en raison de retrait des clients particuliers en assurance vie traditionnelle et des sorties d’entreprises des produits de trésorerie. Des produits de trésorerie sur lesquels les entreprises sont revenues durant le quatrième trimestre 2022, qui a vu Amundi collecter 15 milliards d’euros tous segments confondus.

Sur le segment des distributeurs tiers, Amundi a « noté » l’accord de partenariat dans la gestion d’actifs entre les financières italiennes Unicredit et Azimut pour la création d’une future joint-venture de gestion d’actifs en Irlande. Cela n’affecte en rien le partenariat de distribution qui lie Unicredit à Amundi jusqu’en 2027, a assuré Valérie Baudson.

Contre l’interdiction totale des rétrocessions

La directrice générale d’Amundi s’est exprimée sur l’épineuse question du devenir des rétrocessions aux intermédiaires financiers dans la vente de produits financiers aux particuliers européens. La commissaire européenne aux services financiers, à la stabilité financière et l’union des marchés de capitaux Mairead McGuinness s’est récemment déclarée favorable à leur interdiction. «La Commission européenne envisage diverses options y compris un encadrement plus strict des règles en matière de rétrocessions. Une éventuelle interdiction totale des rétrocessions dans l’Union européenne serait absolument préjudiciable à l’accès des particuliers européens au conseil en investissement et aux produits. Nous sommes encore très loin d’une décision concrète sur ce sujet. Même si une décision était prise, sa mise en application prendrait plusieurs années et Amundi a fait ses preuves en matière de diversité de canaux de distribution, de capacité d’adaptation à son marché et de diversité sur ses expertises. Notre leadership sur les ETF (171 milliards d’euros d’encours fin 2022) serait un atout», a répliqué la directrice générale d’Amundi.

Sur la gestion indicielle, le gestionnaire a collecté 13,8 milliards d’euros en 2022 dont 5 milliards sur les fonds indiciels cotés (ETF). Amundi a pu profiter des bénéfices de l’intégration de Lyxor, racheté fin 2021 à la Société Générale. La société de gestion a réalisé des synergies en revenus et coûts «plus rapidement que prévu» et se dit prête à regarder toute opération de croissance externe conforme à ses critères de recherche.

SFDR

Autre sujet brûlant abordé par Valérie Baudson, celui du règlement européen sur la publication d’informations sur la durabilité dans le secteur financier (SFDR). Cette régulation pousse les gérants d’actifs à classifier leurs fonds en fonction de leurs objectifs de durabilité (article 8 pour les fonds promouvant des caractéristiques durables, article 9 pour les fonds poursuivant un objectif de durabilité). Amundi, comme beaucoup d’autres gérants, a dû rétrograder des fonds article 9 en article 8 suite à des précisions apportées par les instances européennes. «Il s’agit d’une régulation très mouvante, à un rythme rapide. C’est une bonne chose mais il faut que l’on s’adapte en conséquence. Nos exigences en matière de durabilité restent les mêmes. Nous avons pris une position très prudente pour protéger nos distributeurs et clients.»

Outre les évolutions dans la gestion, Amundi a vu les revenus de son unité technologique, Amundi Technology, progresser de 35% en 2022 par rapport à 2021, grâce à l’acquisition de 8 nouveaux clients (47 à fin 2022).

Le conseil d’administration d’Amundi proposera un dividende de 4,10 euros par action – identique à celui de 2021 – lors de la prochaine assemblée générale du 12 mai 2023. Ce dividende correspond à un taux de distribution de 75% du résultat net part du groupe, et à un rendement de 6.6% sur la base du cours de l’action au 6 février 2023 (clôture à 62,45 euros).

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