
Amazon confirme l’appétit des Gafa pour la production audiovisuelle

Un vénérable studio de cinéma avalé par un «Big Tech» américain : le scénario pourrait bientôt devenir réalité, alors que les fermetures temporaires des salles obscures face à la pandémie de Covid-19, depuis un an, ont fragilisé l’industrie du cinéma.
Le groupe Amazon serait en négociations avancées pour acquérir les studios Metro-Goldwyn-Mayer pour environ 9 milliards de dollars (7,37 milliards d’euros), rapportaient lundi soir The Information et Variety, citant des sources industrielles. Pour l’heure, les discussions se poursuivent, et il est possible qu’elles ne débouchent pas sur un accord.
Cette acquisition serait orchestrée par Mike Hopkins, vice-président d’Amazon Studios et Prime Video, directement avec Kevin Ulrich, président du conseil d’administration de MGM, indique Variety. Il est par ailleurs PDG d’Anchorage Capital, actionnaire majoritaire de MGM.
Déjà en décembre dernier, la presse américaine affirmait que le studio au lion rugissant était à vendre. Mais sa valeur était alors estimée à 5,5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Récemment, selon le New York Times, Apple et le géant des médias Comcast auraient aussi étudié ce dossier.
Voilà encore un symptôme de la crise touchant Hollywood au temps du Covid. MGM affiche pourtant des résultats en progrès, avec pour le premier trimestre 2021 un chiffre d’affaires de 403 millions de dollars (+27% en un an), et un résultat net de 29,3 millions de dollars, contre une perte nette de 12,1 millions de dollars au premier trimestre 2020. Seulement, il est dépendant du succès du prochain James Bond, Mourir peut attendre, qu’il n’a toujours pas pu sortir, alors que les cinémas rouvrent à peine, après un an de pandémie. Le gel du film, attendu depuis avril dernier et encore repoussé jusque fin 2021, fait perdre un million de dollars par mois à la MGM, de plus en plus acculée.
11 milliards investis en contenus en 2020
Pour sa part, Amazon, le géant américain du e-commerce, a réaffirmé dernièrement ses ambitions pour s’imposer comme groupe de divertissement mondial, et se positionner face aux autres «streamers», Netflix (208 millions d’abonnés dans le monde) et Disney+ (100 millions d’abonnés). L’an dernier, il a dépensé 11 milliards de dollars en production et acquisition de contenus originaux (audiovisuels et musique) pour Prime services. Il compte actuellement plus de 200 membres inscrits à son programme de fidélité Prime dans le monde.
Avec l’acquisition de MGM, Amazon compte enrichir la bibliothèque de contenus de Prime Video. De fait, le studio apporterait dans son escarcelle un catalogue de 4.000 films, dont les franchises James Bond, Hobbit, Rocky/Creed et Robocop. Ainsi que 17.000 épisodes de séries, dont Stargate SG-1, Stargate Atlantis, Fargo, et The Handmaid’s Tale.
Si Amazon mène son offensive à terme, ce serait une première. Mais elle surviendrait dans un contexte de mégafusions et rachats entre groupes audiovisuels, qui cherchent tous à résister au tsunami de plateformes de streaming vidéo. C’est en ce sens que le groupe américain de télécommunications AT&T a annoncé lundi la fusion de sa filiale WarnerMedia (qui possède CNN, HBO, et les prestigieux studios de cinéma Warner Bros) avec le groupe Discovery. Tous deux pèsent au total 34 milliards de dollars. A une moindre échelle, c’est aussi pour cette raison que TF1 et M6 veulent s’unir.
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Italie : face à la baisse des ventes, les vignerons d'Asti baissent leur production
Castel Boglione - De bonnes vendanges se terminent et les feuilles commencent à jaunir autour d’Asti, dans le nord de l’Italie, mais cette année des raisins resteront dans les rangs: les vignerons ont décidé de produire moins face à la baisse des ventes en Russie et en Amérique. Après deux années compliquées, l’Italie devrait se classer cette année premier producteur mondial de vin, devant la France, selon les estimations publiées début septembre par les vignerons. Mais «c’est une médaille en chocolat», regrette le secrétaire général de l’Union italienne des vins, Paolo Castelletti. «La consommation de vin baisse, surtout sur notre principal marché à l’export, aux Etats-Unis. Les baby boomers, en vieillissant, réduisent leur consommation». Sans compter les droits de douane américains, qui rendent les exportations moins profitables et pourrait porter les vins italiens au-dessus de la «barre psychologique» de 20 dollars la bouteille, selon M. Castelletti. Les vins d’Asti sont aussi particulièrement appréciés en Russie, mais la demande a baissé depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Quelque 17 millions de bouteilles s’y étaient encore écoulées en 2023, puis 12 en 2024, et l’objectif pour 2025 est de surnager à 10 millions. Au total, la demande à l’export pour les vins italiens a ralenti de 4% sur les cinq premiers mois de 2025. Il s’agit alors de miser toujours plus sur la qualité plutôt que sur la quantité, selon M. Castelletti. Mais alors que certains vignobles en France ont décidé d’arracher des vignes, et que la Commission européenne pousse dans ce sens, l’Union italienne des vins milite plutôt pour une production qui s’adapte aux fluctuations du marché, «en accordéon». Vins légers Autour d’Asti (Piémont, nord), les vignerons ont ainsi décidé de produire moins de vin pétillant cette année, passant de 10 à 9 tonnes de muscat blanc par hectare de vigne. Dans son domaine entouré de vignes à perte de vue, la Ca’ dei Mandorli (la maison des amandiers), Stefano Ricagno analyse ses premiers jus avec un oenologue français. Au-dessus de la cave, sous un soleil de plomb, des vendangeurs indiens donnent les derniers coups de sécateur dans les vignes. Les vendanges ne se sont jamais terminées aussi tôt, remarque le viticulteur en baskets blanches: «on pensait produire beaucoup, mais il a fait très chaud. La récolte du muscat est presque en ligne avec nos objectifs (abaissés)». Héritier de six générations de vignerons, Stefano Ricagno, 46 ans, préside l’appellation d’origine contrôlée «Asti», qui couvre près de 10.000 hectares de collines inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Asti s’est fait un nom avec des mousseux dorés à faible teneur en alcool, généralement autour de 7% pour l’"Asti» et de 5% pour le «Moscato», dont la quasi-totalité de la production est vendue aux Etats-Unis. Les ventes de l’AOC «Asti», de 100 millions de bouteilles en 2023 et 90 en 2024, devraient tomber à 85 millions en 2025, et les vignerons voient augmenter leurs stocks. «On verra en 2026 si les guerres se terminent, et que les marchés se reprennent», lance Stefano Ricagno. D’autres appellations italiennes comme la Valpolicella en Vénétie ont aussi réduit les volumes cette année face à ce marché incertain. - Artisanaux - D’autres vignerons ne veulent pas entendre parler de ces quotas et appellations. A quelques kilomètres d’Asti, à Nizza Monferrato, Francesco Pozzobon, 35 ans, a repris des vignes abandonnées et les laisse vivre sans produits phytosanitaires, semant entre les rangs des trèfles et des fèves. «On a trop produit et mal produit», regrette le jeune viticulteur. «Avec la baisse de la demande, il y aura un écrémage naturel». Et si le rendement de sa Tenuta Foresto est bien plus irrégulier et faible que celui de ses voisins, à 3 tonnes de l’hectare, il vend cher et jusqu’en Chine ses vins «artisanaux». Pour rebondir, l’appellation Asti veut que ses bulles conquièrent l’apéritif, alors qu’elles sont cantonnées au dessert en Italie, en surfant sur le nouveau goût des clients pour des vins moins forts en alcool, souligne Stefano Ricagno. Taimaz SZIRNIKS © Agence France-Presse