
Air France-KLM engage sa recapitalisation avec l’Etat français

Air France-KLM a lancé mardi la première étape de sa recapitalisation en dévoilant un ensemble de mesures de 4 milliards d’euros pour renforcer les capitaux propres de sa filiale Air France, incluant la montée au capital de l’Etat Français.
Ce plan prévoit la conversion du prêt d’actionnaire de 3 milliards d’euros de l’Etat Français à Air France en titres de dette supersubordonnés, cette opération permettant d’augmenter d’un montant équivalent les capitaux propres de la compagnie.
Air France-KLM va également lancer une augmentation de capital d’un maximum de 1 milliard d’euros sous réserve des conditions de marché et de l’approbation de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
« Cette augmentation de capital sera lancée sans droit préférentiel de souscription mais avec un délai de priorité pour les actionnaires [...], permettant aux actionnaires existants de ne pas être dilués, en souscrivant des actions pendant le délai de priorité à hauteur de leur participation au capital d’Air France-KLM », a expliqué le groupe dans un communiqué.
L’Etat français s’est engagé à participer à cette augmentation de capital tout en maintenant sa participation à un niveau inférieur à 30% du capital d’Air France-KLM, contre 14,3% à l’heure actuelle. De même, la compagnie chinoise China Eastern Airlines a l’intention de participer à l’opération tout en maintenant sa participation à moins de 10% du capital, contre 8,8% actuellement.
Les Pays-Bas se laissent diluer
Delta Airlines, qui détient également 8,8% du capital d’Air France-KLM, n’y participera pas pour des raisons juridiques, les aides fédérales américaines au secteur aérien empêchant les compagnies de prendre des participations dans des groupes étrangers, a expliqué Frédéric Gagey, le directeur financier du groupe, lors d’une conférence téléphonique.
L’Etat néerlandais, qui possède 14% du capital d’Air France-KLM et a approuvé ces mesures, a également indiqué qu’il ne participerait pas à cet appel au marché. Dans une lettre envoyée au Parlement néerlandais, le ministre des Finances, Wopke Hoekstra, a expliqué que La Haye devrait voir sa participation réduite à 9,3% dans le cas où l’augmentation de capital atteindrait son maximum. Le ministre a estimé dans cette missive que ces modifications actionnariales n’auraient « aucune conséquence » sur la sauvegarde des intérêts de l’Etat néerlandais dans le groupe.
La Haye continue par ailleurs de discuter avec la Commission européenne sur « des mesures potentielles de renforcement du capital de KLM », a indiqué Air France-KLM
Des concessions à la Commission européenne
Pour obtenir l’aval de la Commission européenne à ces mesures de soutien, le groupe a dû accepter un ensemble de concessions. Air France s’est engagé à céder 18 créneaux quotidiens d’atterrissage et de décollage à l’aéroport d’Orly à un transporteur concurrent. Ce chiffre a fait l’objet d’intenses négociations avec Bruxelles, qui avait initialement exigé des concessions portant sur 24 créneaux, un nombre jugé « excessif » par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire.
Le membre du gouvernement s’est dit mardi sur France Inter satisfait d’avoir limité à 18 le nombre de créneaux, jugeant cette concession « raisonnable et proportionnée pour Air France ». Le ministre a également prévenu que la compagnie qui reprendrait les créneaux abandonnés par Air France devrait respecter « rigoureusement les règles fiscales et sociales de l’Etat Français ».
Air France et Air France-KM se sont également engagés à ne pas verser de dividende ni effectuer de rachats d’actions avant d’avoir remboursé 100% de la recapitalisation. Les deux sociétés ne pourront pas acquérir plus de 10% du capital d’une société concurrente tant que ce même remboursement n’aura pas atteint 75%.
« Nous ne pensons pas que les concessions constituent une surprise pour le marché », jugent les analystes d’UBS.
De son côté, l’Etat français s’est engagé à présenter dans un délai de 12 mois à compter de l’octroi de l’aide une stratégie devant lui permettre de faire revenir d’ici six ans sa participation dans Air France-KLM au niveau antérieur à ces mesures de soutien, soit 14,3%.
De nouvelles mesures avant l’AG de 2022
Ben Smith, le directeur général d’Air France-KLM, a par ailleurs indiqué que le groupe ne comptait pas à l’heure actuelle modifier sa gouvernance après l’annonce de ces mesures.
Ces premiers éléments de recapitalisation ne constituent toutefois qu’une première étape pour restaurer le bilan d’Air France-KLM, dont les fonds propres resteront négatifs après ces mesures. « Ce premier pas » permet de « commencer à réparer l’extrême impact de la crise », a ainsi souligné Frédéric Gagey.
Air France-KLM étudie de nouvelles mesures pour consolider davantage son bilan, plusieurs d’entre elles devant être prises avant l’assemblée générale de 2022. « Ces mesures pourraient inclure l'émission de montants appropriés de nouveaux fonds propres ainsi que d’instruments de quasi-fonds propres proportionnels, sous réserve des conditions de marché », a expliqué Air France-KLM.
Le groupe de transport aérien a pour objectif d’abaisser son ratio de dette nette sur excédent brut d’exploitation (Ebitda) en dessous de 2 d’ici à 2023.
Air France-KLM a aussi annoncé avoir reporté à 2023 l'échéance du prêt garanti par l’Etat français de 4 milliards d’euros qui avait été accordé l’an dernier.
Après l’ensemble de ces annonces, le titre Air France-KLM reculait de 0,7%, à 5,10 euros, en fin de matinée.
Le groupe a par ailleurs également indiqué prévoir pour son premier trimestre une perte d’exploitation d’environ 1,3 milliard d’euros, ainsi qu’une perte brute d’exploitation de l’ordre de 750 millions d’euros. A fin février, la société disposait de liquidités de 8,8 milliards d’euros.
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Accusé de partialité, Thomas Legrand assume de "s'occuper journalistiquement" de Rachida Dati
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A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
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Un décret interdit les sachets de nicotine en France à partir de mars 2026
Paris - Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac. Le décret d’interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet. Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement Barnier avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Le marché mondial des pouches a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) pour l’année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d’euros) en 2032. Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive. L’interdiction prise par le gouvernement vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s’applique pas aux tabacs à chiquer. «Eldorado financier» Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte. L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine». Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé l’interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque (...) de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit une «victoire annoncée pour les trafics». En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», avait constaté l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères: vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon l'étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans. Les billes aromatiques présentent aussi un risque d’accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d’appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de trois en 2020 à 86 en 2022, selon l’Anses. Boris CAMBRELENG © Agence France-Presse