Abengoa torpille le tout jeune marché des obligations vertes high yield

En classant ses titres émis en septembre en dette sans recours, le groupe d'énergies renouvelables espagnol a semé le doute sur ses règles comptables.
Olivier Pinaud

Le tout jeune segment des obligations vertes high yield n’a pas trouvé en Abengoa le meilleur ambassadeur. Le groupe d’énergies renouvelables espagnol a créé la polémique la semaine dernière sur ce marché qu’il avait inauguré en septembre dernier. En choisissant de classer les 500 millions d’équivalent euros levés en septembre par sa structure Abengoa Greenfield en dette sans recours, la direction du producteur d’électricité a semé le doute dans l’esprit des investisseurs.

«Pour des raisons de transparence financière, le groupe aurait dû classifier ses obligations vertes comme dette avec recours», indiquent les analystes crédit de Tullett Prebon. Les titres émis par Abengoa Greenfield portent en effet les mêmes garanties que ceux placés par Abengoa SA.

Face à la protestation des investisseurs, qui ont appris la nouvelle lors de l’annonce des résultats trimestriels, la direction d’Abengoa a expliqué avoir choisi de reclasser ces titres car ils remplaceront des crédits relais eux-même considérés comme de la dette sans recours. Une explication qui n’a absolument pas convaincu. Vendredi, la tranche à 5,5% de l’obligation verte émise en septembre est par exemple tombée à 77% du pair. Le CDS à cinq ans a quasiment doublé pour culminer à 1.350 points de base vendredi. La tempête sur le marché du crédit s’est transmise à l’action. Le cours du titre Abengoa a plongé de 18% jeudi et encore de 36% vendredi. Les investisseurs, en dette ou en capital, craignent que le brouillard qui entoure la dette cache la réalité des chiffres de l’endettement du groupe. La dette sans recours n’est pas consolidée par Abengoa SA.

Selon Manuel Sanchez Ortega, le directeur général d’Abengoa, «la réaction du marché repose plus sur un sentiment que sur des faits réels». Selon lui, le groupe n’a pas modifié sa politique comptable. Il a aussi rappelé que la documentation prévoyait que ces titres puissent être classés en dette sans recours à la demande du groupe. Mais les obligataires estiment que cette classification intervient un peu trop rapidement.

Cet incident ne va pas améliorer l’image du groupe sur le marché du crédit. Il y a dix jours, Abengoa avait déjà dû modifier les plans d’émission de sa filiale Abengoa Yield, cotée à New York, et destinée à acheter à la maison mère des actifs déjà en cours de fonctionnement.

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