A travers l’Inde, Citroën vise les marchés émergents

PSA a dévoilé ses ambitions – modestes – pour le marché indien, qui prévoit le lancement d’une gamme particulière, mais exportable.
Antoine Landrot

En attendant que PSA précise ses ambitions pour la Russie avec sa marque Opel et surtout pour les Etats-Unis avec Peugeot, Citroën a officialisé hier son entrée sur le marché indien, avec en ligne de mire les pays émergents. La marque aux chevrons entend d’abord commercialiser en 2020 son nouveau SUV C5 Aircross, avant d’inaugurer une gamme de nouveaux modèles «à vocation internationale», dans le cadre d’un programme baptisé «C Cubed», produit avec son partenaire CK Birla.

«La raison pour laquelle nous démarrons avec le C5 Aircross est qu’il est emblématique : c’est le dernier modèle lancé par la marque, doté des dernières technologies. Pour cette raison, ses versions seront rigoureusement identiques à celles vendues ailleurs dans le monde», a expliqué Linda Jackson, directrice générale de Citroën au cours d’une conférence téléphonique. C’est aussi pourquoi sa production se fera en CKD (complete knocked-down, lots de pièces détachées importés et assemblés sur place), l’appareil productif mis en place avec CK Birla n’étant pas adapté.

La gamme C Cubed sera dans un premier temps composée de trois modèles, lancés au rythme d’un par an à partir de 2021. Récusant une stratégie low cost (comme la Kwid de Renault), Citroën vise le cœur du marché indien, indique Linda Jackson. La marque entend d’ailleurs être immédiatement rentable. Carlos Tavares, le président du directoire de PSA, a précisé que cette gamme affichera un contenu local représentant plus de 90% de la valeur des véhicules.

Ceux-ci seront en effet produits sur deux sites : l’usine de Chennai pour l’assemblage des véhicules, qui aura une capacité de production supérieure à 75.000 unités par an (pour un investissement de départ de 100 millions d’euros dont PSA assumera les deux tiers), et celle de Hosur, détenue avec Avtec, filiale de CK Birla, qui produira les groupes motopropulseurs (pour une capacité de 300.000 transmissions et 200.000 moteurs par an).

Faiblesse des infrastructures routières

Citroën a des ambitions modestes en Inde : la marque vise «près de 2%» de part de marché «d’ici à 4-5 ans», a indiqué Emmanuel Delay, directeur de la région Inde-pacifque, lors d’une conférence de presse à Chennai. Le pays fait pourtant saliver les constructeurs : 1,3 milliard d’habitants, un taux d’équipement actuel de 40 voitures pour 1.000 habitants, un marché annuel estimé à plus de 6 millions de véhicules d’ici à 2025 et une classe moyenne évaluée à 110 millions de personnes en 2025, explique Citroën. Mais ce marché est difficile à pénétrer : étant donné la faiblesse des infrastructures routières et une pauvreté encore dominante, il reste limité aux grands centres urbains où, remarque Carlos Tavares, le prix de l’immobilier «influe significativement le business model des concessionnaires». Le groupe réfléchit encore au meilleur dispositif à adopter et son patron n’exclut pas un partenariat avec un distributeur local.

Mais l’Inde a vocation à devenir également un «hub» de Citroën à l’export vers les marchés émergents, la marque ayant l’intention de réduire sa dépendance à l’Europe de 78% en 2018 à 55% de ses ventes fin 2021. Alors que des groupes motopropulseurs sont déjà envoyés en Europe, l’Amérique latine pourrait être la première destination des modèles du programme C Cubed à l’export.

Carlos Tavares a par ailleurs annoncé que les détails du plan de développement de PSA en Russie, qui concerne notamment la marque Opel, seront dévoilés «dans les prochains mois», tandis que le projet concernant les Etats-Unis (pour Peugeot) attendra un peu «lorsque nous aurons une vision plus claire sur les droits de douane».

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