« Un métier intrinsèquement rentable »

La Parole à... Nicolas Taufflieb, managing director chez Alvarez & Marsal France
Alexandra Oubrier
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Nicolas Taufflieb, managing director chez Alvarez & Marsal France

Qu’apporte de nouveau le « buy now pay later » (BNPL) par rapport au paiement fractionné bien connu ?

Aujourd’hui, avec l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché, le BNPL va au-delà du paiement fractionné en développant des services pour les e-shoppers. Klarna, par exemple, offre un comparateur de prix, des alertes sur les promotions, un service de gestion des retours. Ce sont les commerçants partenaires qui paient Klarna pour distribuer du crédit, puisque ce dernier apporte sa base de clientèle – ce qui est totalement l’inverse des règles du jeu dans le crédit à la consommation où, habituellement, c’est le partenaire financier qui paie des commissions d’apport au commerçant. Klarna se caractérise par des commissions élevées, pour 80 % en ne tirant que 20 % de ses revenus de la marge d’intérêt. Un métier intrinsèquement rentable avec des taux bas et un coût du risque mesuré jusqu’à présent.

Quel est le rapport de force entre anciens et nouveaux acteurs de ce marché ?

A mesure que de nouveaux acteurs de BNPL apparaissent, la capacité de négociation des commerçants peut se renforcer. On passe d’un modèle mono-partenaire à un modèle multipartenarial. L’absence de fichiers positifs en France constitue une barrière à l’entrée pour les nouveaux entrants. Cela explique la domination de grands acteurs spécialisés, filiales de groupes bancaires comme Oney (BPCE), Floa (BNP Paribas ou Cofidis (Crédit Mutuel).

Les nouveaux entrants n’ont donc aucune chance ?

Le changement de contexte macroéconomique (hausse des taux, récession) va limiter la croissance de ces métiers à court terme et se traduit déjà par des baisses de valorisation des principaux acteurs. La réglementation va évoluer vers plus de formalisme. Les plus petits acteurs auront du mal à se doter des fonctions nécessaires. Les fintechs donnent une illusion de gratuité qui ne pourra pas durer. Toutefois, le BNPL a vocation à changer les métiers du crédit à la consommation. Le BNPL évoluera vers de nouveaux formats et remplacera en partie les découverts et en partie le crédit conso classique, ce qui représente un danger pour les acteurs traditionnels, notamment les banques et les spécialistes du crédit à la consommation.

Propos recueillis par Alexandra Oubrier

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