Trajectoire budgétaire : Bruxelles s’engage à éviter les erreurs du passé

La vision de la Commission européenne sur la stratégie à adopter pour accompagner la reprise reste à expliciter. Avec de possibles divergences entre pays.
Clément Solal, à Bruxelles
Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne et Paolo Gentiloni, commissaire à l’Economie, le 3 mars 2021
Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne et Paolo Gentiloni, commissaire à l’Economie, lors de la conférence de presse du 3 mars 2021.  -  Crédit European Union

Retirer trop tôt le soutien budgétaire à la croissance est une erreur qui a été commise par le passé et que nous ne devons pas reproduire. La Commission affirme aujourd’hui clairement que le risque de ne pas en faire assez est supérieur à celui d’en faire trop », a lancé Paolo Gentiloni qui présentait mercredi les premières grandes orientations de la Commission européenne (CE) sur la politique budgétaire des Etats membres pour les mois à venir. La communication dévoilée par le commissaire à l'Économie semble acter un changement de paradigme au sein de l’exécutif européen.

Sa principale annonce : la prolongation du gel des règles budgétaires européennes au moins jusqu’à fin 2022, incarne la volonté, martelée au fil du texte, de ne surtout pas serrer la vis budgétaire prématurément. «Ce discours témoigne d’une nouvelle approche par rapport à la crise précédente», analyse Andreas Eisl, chercheur de l’institut Jacques Delors, pour qui le maintien de la clause dérogatoire du pacte de stabilité devrait permettre sa remise à plat. Alors qu’une révision des règles budgétaires a été lancée en février 2020 par l’exécutif européen, le vice-président de la CE, Valdis Dombrovskis, qui se tenait aux côtés de Paolo Gentiloni, a indiqué que le dossier reviendrait à l’ordre du jour «lorsque la reprise sera sur les rails».

Le rôle de Berlin

Formulée en des termes généraux, la communication qui insiste sur le besoin d’«une coordination des politiques budgétaires face à la crise» ne donne pas pour l’heure une vision précise de la CE quant à la stratégie à adopter ces prochaines années. Les deux membres de l’exécutif européen présents face à la presse ont même laissé paraître certaines divergences. Valdis Dombrovskis a ainsi appelé «les États aux niveaux d’endettement les plus élevés à considérer, dès 2022, l’objectif de soutenabilité budgétaire à moyen terme», alors que le commissaire à l’Economie a préféré mettre l’accent sur le soutien à l’économie. «Le meilleur moyen de préserver la soutenabilité de la dette, de réduire le risque de divergence économique, est bien de soutenir la relance», a asséné l’Italien.

«La CE n’explicite pas encore ce qu’elle entend par coordination budgétaire», confirme Andreas Eisl. «Les Etats du Sud devront en effet réfléchir à consolider leurs finances publiques à un moment donné, mais dans le même temps, les pays du Nord, et en particulier l’Allemagne, devront cette fois soutenir la croissance», explique ce spécialiste de macroéconomie européenne, qui rappelle que «le problème de la précédente crise a été que tous les pays ont eu recours à de l’austérité au même moment». Or le frein à l’endettement inscrit dans la constitution allemande, pour l’instant désactivé, limiterait strictement la marge de manœuvre de Berlin s’il venait à être remis en œuvre. Beaucoup devrait donc dépendre des élections législatives de septembre outre-Rhin, autant au sujet de la réforme du pacte de stabilité, que sur le rôle qu’endossera l’Allemagne dans la reprise économique de la zone euro.

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