
S&P place la note de la France sous surveillance négative

Si l’épisode a quelque peu été occulté par l’accès de tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Ukraine, la France n’a pas échappé vendredi soir à un nouveau rappel à l’ordre. Sur le terrain des finances publiques, en ce qui la concerne.
L’agence S&P a annoncé vendredi avoir laissé inchangée la note de la dette de la France à «AA-» mais elle l’assortit désormais d’une perspective négative, ouvrant la porte à une possible dégradation.
Les motivations avancées par l’agence de notation américaine n’ont rien d’une surprise. S&P met en avant deux principaux arguments, à commencer par «le soutien politique inégal à la consolidation budgétaire», comme en a témoigné le difficile aboutissement du budget 2025, mais également la fragilité de celui-ci. L’agence évoque le caractère «temporaire» des mesures visant à réduire le déficit. «La stratégie budgétaire au-delà de 2025 reste incertaine», commente aussi S&P, qui «prévoit que la croissance du PIB tombera en dessous de 1% cette année».
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«D’ici 2028, nous prévoyons que le coût moyen de la dette de la France sera à peu près égal à la croissance nominale du PIB, ce qui signifie que pour réduire le ratio dette/PIB, la France devra dégager un excédent budgétaire primaire, ce qu’elle n’a pas réalisé depuis 2001», cingle l’agence de notation.
Cette décision «rappelle l’ampleur du défi de redressement de nos finances publiques, défi que le gouvernement est déterminé à relever, a sobrement commenté Bercy en réaction à la décision de l’agence. La loi de finances pour 2025 témoigne d’un virage historique vers la résorption de nos déficits. Nous avons mis en place les mesures de contrôle et de pilotage nécessaires pour assurer l’exécution du budget 2025 et maîtriser l’endettement de notre pays ».
La note de la dette française est classée par l’agence Moody’s Aa3 avec perspective «stable», et Fitch la note AA- aussi, avec une perspective «négative».
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Mieux piloter les finances publiques
Alors que le déficit budgétaire est attendu, selon les projections de la loi de finances 2025 à 5,4% contre 6,1 % l’an dernier, Bercy se retranche toujours derrière les conditions difficiles de l’élaboration du budget pour excuser le faible élan de l’amélioration. Alors qu’a débuté ces derniers jours le conclave sur l’avenir de la réforme des retraites, un dossier de grande attention pour les investisseurs en raison du poids des prestations sociales, notamment les retraites, dans les prélèvements obligatoires en France, Bercy promet de nouvelles initiatives pour mieux suivre les dépenses publiques.
Le ministre de l’Economie Eric Lombard et Amélie de Montchalin, chargée des Comptes publics, doivent en principe présenter lundi un plan d’action pour améliorer le pilotage des finances publiques. Bercy avait promis début février la mise en place «d’outils de pilotage budgétaire inédits», notamment en réunissant «les responsables de la dépense publique tous les mois afin de vérifier que le cadrage de la dépense publique est respecté».
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La Havane - Une nouvelle panne générale d'électricité touche Cuba mercredi, la cinquième en moins d’un an sur l'île, qui fragilise l’activité économique du pays et met à rude épreuve la vie quotidienne des habitants. «Il y a eu une déconnexion totale du système électrique qui pourrait être liée à une panne inattendue» de la centrale électrique Antonio Guiteras, située au centre de l'île, a indiqué le ministère de l'Énergie et des Mines sur son compte X. Les autorités ont précisé par la suite que la panne, qui s’est produite aux alentours de 09H15 locales (13H15 GMT), était due à un signal erroné de surchauffe dans la chaudière de la centrale électrique, la plus importante du pays, ce qui a provoqué son arrêt et l’effondrement de l’ensemble du réseau. Le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a assuré sur X que le pays avait «une stratégie bien définie» pour rétablir l'électricité «dans les plus brefs délais». Depuis octobre 2024, l'île communiste de 9,7 millions d’habitants a déjà subi quatre pannes généralisées, dont certaines ont duré plusieurs jours. Dans les rues de la capitale, de rares feux de signalisation fonctionnent, récemment équipés de panneaux solaires, tandis que de nombreuses personnes ont regagné leur domicile pour tenter de se préparer à l'éventualité d’une panne prolongée. «A nouveau, une journée de perdue ! Agonie et tristesse et pour certains désespoir», déplore auprès de l’AFP Alina Gutiérrez, 62 ans, qui a appris la nouvelle de la panne alors qu’elle faisait des achats sur un marché de fruits et légumes dans un quartier central de La Havane. Elle se hâte maintenant de rentrer chez elle, pour «prendre toute l’eau possible» de réserve et «attendre pour voir combien de temps cela va durer», alors que de nombreux immeubles dans la capitale sont alimentés en eau grâce à des pompes électriques. Dimanche, cinq des quinze provinces de l'île avaient déjà été plongées plusieurs heures dans l’obscurité en raison d’une panne sur une ligne du réseau électrique. «Dépense importante» Outre les grands hôtels et certains hôpitaux, dotés de groupes électrogènes, de plus en plus de familles et de propriétaires de petits commerces privés ont acquis de petits générateurs électriques pour pallier les pannes et délestages toujours plus fréquents. Mercredi, dans les quartiers les plus aisés de La Havane, le ronronnement de générateurs est continu, mais les coupures fragilisent notamment les petits commerces privés, qui ont fleuri depuis leur autorisation en 2021. «Cela nous affecte beaucoup», explique à l’AFP Odette Leon, 34 ans, propriétaire d’une pâtisserie dans l’ouest de la capitale. «Nous avons un générateur, mais cela entraîne une dépense plus importante parce qu’il faut du carburant, qui en ce moment n’est pas très facile à trouver», explique-t-elle, en demandant à ses employés d’annuler les commandes jusqu'à nouvel ordre. Cuba est en proie depuis cinq ans à une profonde crise économique, avec un manque cruel de devises, et le système électrique vétuste souffre d’avaries fréquentes et de pénuries de combustible. Les huit centrales électriques du pays ont presque toutes été inaugurées dans les années 1980 et 1990. Elles tombent régulièrement en panne ou doivent être arrêtées pour de longues semaines de maintenance. Deux centrales flottantes louées à une entreprise turque et des générateurs, qui complètent le réseau énergétique, sont alimentés par des combustibles que Cuba importe difficilement. L’installation récente de trente parcs photovoltaïques, soutenue par la Chine, sur les 52 prévus pour cette année, n’a pas permis pour l’heure de faire diminuer les coupures. Pendant l'été, alors que la consommation atteint des pics en raison des températures élevées, les délestages se sont multipliés. Selon les autorités, ces coupures programmées ont duré en moyenne près de quinze heures par jour en août et seize heures en juillet, dans tout le pays. Cuba traverse sa pire crise économique depuis trois décennies. Outre les coupures d'électricité, les habitants souffrent de pénuries en tous genres et d’une forte inflation. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l'échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain, en vigueur depuis 1962. Jordane BERTRAND © Agence France-Presse -
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