
L’OCDE revoit sa prévision de croissance à un plus bas de 10 ans

La croissance économique mondiale devrait être cette année et l’an prochain la plus faible depuis la crise financière de 2008/2009, selon les économistes de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).
Dans la dernière révision de ses prévisions, l’institution prévoit désormais une croissance mondiale sous 3%, à 2,9% en 2019 et 2020. Elle pourrait de nouveau atteindre 3% en 2021 à condition que les tensions commerciales actuelles, notamment entre la Chine et les Etats-Unis, soient contenues.
L’OCDE s’inquiète à nouveau des tergiversations des gouvernements face à la réponse à apporter aux « changements structurels », du changement climatique à la numérisation de leurs économies en passant par le nouvel ordre mondial.
«Ce serait une erreur politique de considérer ces changements comme des facteurs temporaires, qui pourraient être résolus avec une politique monétaire ou fiscale», écrit Laurence Boone, la chef économiste de l’OCDE dans le rapport. «En l’absence d’orientations politiques claires» sur ces défis, «l’incertitude persistera» et les perspectives de croissance en seront affectées.
Dans le détail, l’OCDE prévoit une croissance économique de 2,3% cette année (contre 2,4% prévu précédemment) aux Etats-Unis, et de 6,2% (contre 6,1% évoqué en septembre) pour la Chine dont la croissance devrait encore ralentir en 2020 et 2021, à respectivement 5,7% et 5,5%, en raison des tensions commerciales.
Pour la zone euro, l’OCDE table sur une croissance de 1,2% en 2019, de 1,1% en 2020 et de 1,2% en 2021 car la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) n’aura qu’un impact limité si les pays de la zone euro ne relancent pas davantage les investissements, prévient l’OCDE. Pour la France, l’OCDE reste sur ses prévisions de septembre, avec une croissance de 1,3% en 2019 et de 1,2% en 2020.
Mi-octobre, le Fond monétaire international (FMI) a revu en baisse ses prévisions de croissance dans le monde à 3% en 2019, contre 3,2% encore en juillet dernier, avec 1,7% dans les pays développés et 3,9% dans les pays émergents.
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Genève - Pour la première fois, une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU a accusé mardi Israël de commettre un «génocide» à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de «détruire» les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d’autres responsables israéliens. La commission, qui ne s’exprime pas au nom de l’ONU, est arrivée "à la conclusion qu’un génocide se produit à Gaza et continue de se produire» dans ce territoire palestinien, a déclaré à l’AFP sa présidente, Navi Pillay. C’est la première fois qu’une commission d’enquête mandatée par l’ONU accuse Israël de «génocide». Selon Mme Pillay, le rapport devrait «inciter les hauts dirigeants de l’ONU» à en faire autant. Après la publication du rapport, le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a indiqué voir des «preuves grandissantes» d’un «génocide» à Gaza. Israël a «rejeté catégoriquement» ce «rapport biaisé et mensonger» et appelle à la «dissolution immédiate» de cette commission mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Chris Sidoti, l’un des trois commissaires, a balayé en conférence de presse les réponses israéliennes, affirmant qu’elles semblaient sorties de «ChatGPT» : «Ils disent toujours la même chose» et n’apportent «jamais de preuves». Selon la commission, les autorités et forces de sécurité israéliennes ont commis «quatre des cinq actes génocidaires» définis par la Convention de 1948 sur le génocide. A savoir: «meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe». «Peuple israélien trahi» Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient «incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n’avaient) pas pris de mesures» pour les en empêcher. «La population israélienne a été trahie par son gouvernement (...) qui poursuit depuis deux ans cette guerre génocidaire», a affirmé M. Sidoti. «Le traumatisme» du 7-Octobre a été «manipulé par Netanyahu et ses acolytes», a-t-il dit. La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza. La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, des données jugées fiables par l’ONU. «Il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza», a relevé Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI). Les plus hauts dirigeants israéliens «ont orchestré une campagne génocidaire», a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. «Complicité» La commission n’est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser. Mme Pillay a expliqué la commission a l’obligation de partager ses informations avec les institutions judiciaires, qu’elles soient nationales ou internationales. Elle a appelé les États membres à «agir maintenant» car «il n’est pas nécessaire d’attendre que la Cour internationale de Justice déclare un génocide». «Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l’absence d’action pour y mettre fin équivaut à une complicité», a-t-elle averti. Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l’ONU, et jusque devant la justice internationale, à l’initiative de l’Afrique du Sud. Les autorités israéliennes rejettent vigoureusement ces accusations. A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d’arrêt soient délivrés à l’encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Agnès PEDRERO © Agence France-Presse -
Gaza sous les bombes : offensive israélienne majeure, drames humains et scènes de ruines
Gaza - «Nous avons sorti des enfants déchiquetés», lance Abou Abed Zaqout devant les décombres d’un immeuble qui a été frappé dans la nuit à Gaza-ville, où l’armée israélienne a lancé une nouvelle offensive majeure. Au matin, il tente avec d’autres hommes de retrouver d'éventuels survivants ou les dépouilles des personnes qui se trouvaient dans ce bâtiment avant qu’il soit visé par une frappe aérienne israélienne, selon son récit. La Défense civile de Gaza, qui dispense les premiers secours dans le territoire palestinien, a indiqué à l’AFP avoir découvert 12 corps après huit heures d’opérations de recherche sur ce site. Interrogée sur ce bombardement dans le quartier d’al-Tuffah, dans le nord-est de la ville, l’armée israélienne a dit qu’elle se renseignait. «Il y avait environ 50 personnes à l’intérieur, dont des femmes et des enfants, je ne sais pas pourquoi ils ont été bombardés», a indiqué Abou Abed Zaqout, avec émotion. Alors que des hommes peinent à extraire un corps d’un tas de morceaux de béton, le bourdonnement des drones israéliens ne cesse pas. «Notre mort est proche, comme celle des autres habitants», commente une voisine, Mayssa Abou Jamaa, 38 ans, qui raconte que ses enfants ont été réveillés en pleine nuit, «terrifiés» par le bombardement. «Des cris sous les décombres» L’armée israélienne a intensifié son offensive dans la ville de Gaza ces dernières semaines, annonçant mardi avoir commencé à étendre ses opérations terrestres «dans ce principal bastion du Hamas» palestinien dont l’attaque sans précédent le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. «Nous savons qu’il y a des milliers de terroristes du Hamas», a indiqué un responsable militaire israélien devant des journalistes, disant que les troupes entraient dans le centre de la ville. D’après des témoignages d’habitants recueillis par l’AFP, les véhicules de l’armée se trouvent principalement dans le nord de la ville, ainsi que dans le sud, dans le quartier de Tel al-Hawa. «Nous avons très peur», confie Ibrahim al-Bacheti qui vit dans le sud de la ville, «beaucoup de personnes autour de nous sont parties, et nous ne savons pas ce qui nous attend.» Après avoir entendu des explosions dans la nuit, il raconte être sorti dans son quartier, Sabra, pour découvrir un paysage de destructions. «Nous avons entendu des cris sous les décombres» d’un bâtiment détruit, dit l’homme de 35 ans. L’armée a largué des tracts sur son quartier dans la matinée, sommant les habitants de quitter les lieux, «même à pied», en raison de l’imminence d’opérations militaires. «Stop!» A la frontière avec le territoire palestinien, un photographe de l’AFP qui se trouvait côté israélien, a vu de gigantesques nuages de fumée s'élever autour de paysages dévastés par les bombardements. Dans l’ouest de la ville de Gaza, lundi, la tour al-Ghafri a également été détruite par l’armée israélienne. «Ils nous ont informés de leur intention de démolir la tour, alors nous sommes sortis», a raconté Ossama Abou Hassira, qui rejette les déclarations de l’armée israélienne affirmant que des bâtiments sont visés car ils servent à des «terroristes». «Le seul objectif de Netanyahu, c’est nous pousser vers le sud», ajoute-t-il. Les autorités israéliennes ont dit préparer l’accueil de Palestiniens fuyant le nord de la bande de Gaza vers le sud, dans une zone qu’elles qualifient «d’humanitaire», ce que contestent de nombreuses ONG opérant dans le territoire assiégé. «Les dirigeants du Hamas, du Jihad, du Front populaire et du Fatah doivent faire la paix avec les Juifs, stop! Chaque jour, nous avons 200 martyrs», supplie M. Abou Hassira, en référence à des groupes palestiniens. Autour de lui, tout est gris. Les passants, comme ceux qui se tiennent devant l’immeuble effondré d’al-Tuffah, regardent sonnés ce décor apocalyptique, un océan de ruines à perte de vue. © Agence France-Presse