
L’Italie essaye d’éviter un naufrage sur le plan budgétaire

Le nouveau gouvernement italien de Giorgia Meloni, issu de la victoire de la coalition Fratelli d’Italia-Ligue-Forza Italia, a dévoilé vendredi le cadre programmatique qui orientera la Loi des finances publiques 2023, laquelle reviendra à augmenter le déficit public et les emprunts d’environ 1,1% du PIB attendu ou 23 milliards d’euros pour financer le soutien aux ménages et aux entreprises face à la flambée des prix énergétiques. La présidente du Conseil avait déclaré au préalable qu’elle adopterait par décret-loi un nouveau paquet anti-inflation de plus de 9 milliards, probablement dès la semaine prochaine.
Le Document économique et financier (Def) annuel du Trésor réactualisé (Nadef) et approuvé par le cabinet ministériel fixe ainsi le ratio déficit/PIB à 5,6% pour 2022 et 4,5% pour 2023, au lieu de respectivement 5,1% et 3,4% dans le document tendanciel - et non programmatique - approuvé par le cabinet de Mario Draghi le 28 septembre pour laisser toute latitude au futur gouvernement. Avec ces nouveaux chiffres, Giorgia Meloni se donne une nouvelle marge de manœuvre pour soutenir l’économie l’an prochain, tout en maintenant le déficit/PIB sur une trajectoire descendante, puisque ce ratio passerait à 3,7% en 2024 et 3% en 2025, comme fixé par le Pacte de stabilité budgétaire de l’Union européenne (UE) avant sa suspension. «L’ensemble des ressources dégagées pour 2023 se montera autour de 30 milliards d’euros, dont 9,5 milliards provenant de recettes supplémentaires par rapport aux projections tendancielles et le reste provenant du dépassement des cibles de déficit», précise l’économiste Lorenzo Codogno (LC-Macro Advisors). Elue le 25 septembre, la dirigeante d’extrême droite a expliqué lors de la conférence de presse que les promesses de campagne telles que les réductions d’impôts ou des pensions de retraite plus élevées devraient attendre une conjoncture économique meilleure.
Optimisme modéré
Le gouvernement a relevé ses prévisions de croissance du PIB de l’Italie de 3,3% à 3,7% pour 2022, en raison d’un meilleur troisième trimestre - 0,5% en première estimation -, tout en maintenant sa prévision finale de 0,6% pour 2023 grâce à ses interventions politiques (0,3% en tendanciel). Pour 2022, les finances publiques ont également été meilleures que prévu, les recettes de TVA ayant été dopées par la hausse des prix en général, et de l’énergie en particulier, au point de compenser jusqu’à présent les mesures anti-inflation (indexation des retraites comprise) ainsi que les intérêts supplémentaires sur la dette publique. L’inflation record (12,8% en octobre) contribue aussi à réduire l’énorme dette publique de l’Italie, dont le ratio pourrait descendre à 145,7% du PIB fin 2022, puis progressivement jusqu’à 141,2% fin 2025.
«Les premières prévisions et mesures budgétaires semblent plutôt optimistes, mais pas irréalistes. Le gouvernement ne prévoit pas de bouclier énergétique au-delà du premier trimestre, donc il faudra voir sur la durée car le niveau d’incertitude reste élevé», ajoute Lorenzo Codogno, anticipant plutôt 0,3% de croissance l’an prochain (0% pour les divers consensus) en intégrant au moins le quatrième trimestre 2022 et le premier trimestre 2023 en contraction. Le ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, a lui aussi reconnu que les risques de récession augmentaient en Europe. Et il faudra voir comment évolueront les prix et les approvisionnements de gaz naturel au-delà du premier trimestre – le gouvernement envisage de mettre en place un système de droits sur des contrats à long terme avec un prix plafonné pour ses entreprises les plus énergivores et organise des consultations publiques sur l’extraction de gaz en mer Méditerranée.
Ces données programmatiques formeront le cadre du budget 2023 que Giorgia Meloni présentera dans la deuxième moitié de novembre pour adoption au Parlement d’ici à la fin de l’année. «Il faudra en parallèle recevoir l’aval des autorités européennes, Commission puis Conseil des ministres, poursuit Lorenzo Codogno. Tout dépendra de la structure du budget : si le surplus de dépenses reste concentré sur la crise énergétique, cela devrait aller ; si en revanche le gouvernement commence à faire passer d’importantes mesures d’amnistie fiscale ou dépenses primaires, cela pourrait bloquer.»
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