
L’inflation sous-jacente devrait rester soutenue en zone euro

L’inflation HICP (indice des prix à la consommation harmonisé) définitive en zone euro est ressortie jeudi à 8,6% en rythme annuel en janvier, au lieu de 8,5% en première estimation et de 9,2% en décembre selon Eurostat (-0,2% en rythme mensuel). Mais l’inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation, continue à progresser, de 6,9% à 7,1% en rythme annuel (-0,4% quand même en rythme mensuel). Elle alimente les inquiétudes des marchés, qui tablent désormais sur un taux de dépôt terminal à la Banque centrale européenne (BCE) de 3,75% au lieu de 2,50% actuellement.
Eurostat précise que l’évolution des prix de l’alimentation, de l’alcool et du tabac a contribué à la hausse globale de l’indice à hauteur de 2,94 points de pourcentage sur un an, celle des prix de l’énergie à hauteur de 2,17 points, et celle des prix des services (+4,2% sur un an) de 1,80 point. La mesure HICP «core» sans alcool ni tabac ressort à 5,3% après 5,2% en décembre.
Le chiffre de l’inflation totale a finalement été assez peu influencé par l’intégration des chiffres officiels de l’Allemagne (9,2% sur un an et -0,2% sur un mois), qui n’avaient pas été inclus dans l’estimation préliminaire en raison de problèmes techniques. «L’autre incertitude sur ce chiffre final de janvier était lié aux repondérations annuelles (sectorielles mais aussi géographiques, ndlr), qui ont eu pour effet de diminuer légèrement la part de l’Allemagne et de la France dans le total des 19 Etats membres (hors intégration de la Croatie, ndlr), et d’augmenter légèrement celle de l’Italie, qui a connu une meilleure croissance l’an dernier», remarque Hugo Le Damany, économiste Eurozone chez Axa IM.
Repondérations sectorielles
Alors que certains craignaient les effets des repondérations sectorielles, ceux-ci pourraient ne pas être si importants. En observant les quatre grands postes de l’indice HICP, les parts relatives ont finalement diminué pour l’énergie (de 10,9% à 10,2% du total, sur 1.000 points), pour l’alimentation (de 20,9% à 19,9%), et pour les biens manufacturés hors énergie (de 26,5% à 26,3%). Et ce malgré une forte augmentation générale des prix. «Ces postes de panier moyen des ménages ont aussi été affectés par une baisse notable des volumes, alors que les services, qui passent de 41,7% à 43,5% du total, sont repartis fort après la réouverture post-Covid», remarque Charles-Henri Colombier, directeur du pôle conjoncture chez Rexecode. «Eurostat a changé la référence habituelle de l’année N-2 pour éviter de se référer à 2021, et trouvé le moyen de prendre l’année N-1 pour s’appuyer sur 2022. Malgré cela, il est intéressant de noter que le rattrapage n’est peut-être pas terminé dans les services», ajoute Hugo Le Damany en référence aux années 2017-2019 (44,5%).
Toutes choses égales par ailleurs, les deux économistes ont mesuré que le calcul de l’inflation aurait abouti à un taux annuel HICP de 8,8% au lieu de 8,6% en janvier si Eurostat n’avait pas modifié ses pondérations. Une hausse du poids des postes énergie et alimentation aurait-elle pu aider à diminuer l’inflation totale grâce à des effets de base à partir du second semestre 2023 ? «Ce n’est pas certain car l’augmentation a surtout concerné des contrats de gaz et d’électricité sur longue durée (un an ou plus), plutôt que les prix du pétrole à la pompe qui rechutent rapidement dans les chocs énergétiques habituels, estime Charles-Henri Colombier. La repondération des services pourrait repousser un peu plus loin le pic d’inflation sous-jacente. Et il est probable que la diminution sera assez lente», poursuit-il, d’autant plus en cas de hausses de salaires importantes dans les négociations de ce début d’année.
«La repondération devrait avoir des effets moyens limités, de l’ordre de -0,1% sur l’inflation totale sur l’ensemble de l’année. Mais l’impact sera plus fort en début d’année (-0,2% en janvier et -0,15% en février) et aura tendance à s’estomper ensuite», nuance Hugo Le Damany.
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