L’Espagnole Nadia Calviño tient la corde pour la tête de la BEI

L’actuelle ministre de l’Economie espagnole semble, ces dernières heures, avoir pris une longueur d’avance sur la libérale danoise Margrethe Vestager dans la course à la très stratégique présidence de la Banque européenne d’investissement.
A Bruxelles
Nadia Calviño, ministre de l'Economie espagnole
Nadia Calviño, ministre de l'Economie espagnole, en lice pour la tête de la BEI  -  (photo congreso diputados)

Le jeu de chaises musicales à la tête des institutions financières européennes est en train de se décanter. Mercredi, l’Allemande Claudia Buch a été choisie pour diriger la supervision bancaire à la Banque centrale européenne (BCE), au détriment de l’Espagnole Margarita Delgado. Conséquence indirecte : l’actuelle ministre espagnole de l’Economie Nadia Calviño tient désormais la corde dans la course à la présidence de la Banque européenne d’investissement (BEI) face à la Danoise Margrethe Vestager, indiquaient jeudi à L’Agefi plusieurs sources bruxelloises. L’envergure de ce duo de favorites en dit long sur l’attractivité du poste, et le prestige gagné par l’institution.

La BEI qui apporte son soutien par dizaine de milliards d’euros principalement à des projets d’infrastructures, mobilisant ainsi les investissements privés, est en train d’étendre son champ aux industries vertes et devrait, dans les proches années, endosser un rôle clé dans la reconstruction de l’Ukraine.

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Facteurs de soutien

L’avance de Nadia Calviño s’explique par au moins deux raisons. D’abord, s’il était entendu dans les cercles européens que Madrid ne pourrait pas rafler ces deux «top jobs» à la fois, il semble tout aussi peu probable de voir l’Espagne, qui occupe actuellement la présidence du Conseil de l’UE, perdre sur les deux fronts. Deuxièmement, Paris, à qui le mode de désignation donne - avec Berlin - une voix déterminante, penche clairement pour Nadia Calviño. Ce, en dépit de la bruyante stratégie de séduction déployée ces derniers jours par Margrethe Vestager. A travers une série d’entretiens dans la presse européenne, la libérale danoise a multiplié les concessions sur chacune des trois grandes priorités françaises pour «la Banque de l’Europe» : une capacité à prendre davantage de risques dans ses choix d’investissements, le financement de l’industrie de défense d’une part, et du nucléaire, d’autre part.

«Malgré cet aggiornamento, on ne sent à ce stade aucun enthousiasme côté français», glisse une source ministérielle. «Ce tournant de Margrethe Vestager me paraît un peu contre-nature, à mon sens Nadia Calviño tient clairement la corde», abonde une eurodéputée. Commissaire à la Concurrence depuis 2014 - fonction dont elle s’est mise en retrait pour briguer la présidence de la BEI – cette figure de l’exécutif européen reste perçue à Paris comme excessivement libérale, et donc incompatible avec la volonté française de faire advenir une véritable politique industrielle de l’UE. A contrario, Nadia Calviño est appréciée en France, où l’on souligne son solide bilan à Madrid – avec notamment la mise en œuvre du plan de relance espagnol – et sa longue expérience au sein de la Commission. Pour sa part, Berlin ne semble pas encore avoir tranché.

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De possibles coups de théâtre

Ainsi, une tendance se dégage, mais la décision est loin d’être actée. Samedi, les ministres des Finances européens devraient aborder le sujet à Saint-Jacques-de-Compostelle, à l’occasion de leur réunion Ecofin «informelle» de rentrée. Mais l’issue devra attendre, pronostique-t-on à Bercy : «Vu la majorité qualifiée requise [ndlr : le soutien d’au moins 18 Etats membres représentant 68% du capital de la banque], il faudra que, parmi les cinq candidats actuels, certains se retirent au préalable pour espérer réunir assez de votes sur un même nom».

Le choix devra être arrêté au plus tard à la fin de l’année, lorsque le président actuel, Werner Hoyer, quittera ses fonctions. Ce qui laisse amplement le temps pour les coups de théâtre. Jeudi, une rumeur prêtait à la France l’intention de proposer son propre candidat en cas de blocage prolongé. Si aucun interlocuteur de L’Agefi n’a confirmé, Bercy n’a pas franchement démenti. Affaire à suivre.

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