
Les transactions de change bordent leurs risques

Le marché des changes continue à croître, alors même qu’il s’agit déjà du plus grand marché financier du monde. En avril 2022, les transactions atteignaient 7,5 milliers de milliards de dollars par jour, selon la dernière étude triennale de la Banque des règlements internationaux (BRI), soit 30 fois le produit intérieur brut mondial quotidien, avec près de 15 % de hausse par rapport à 2019. La taille du marché et son caractère OTC (de gré à gré), la diversité des participants expliquent l’attention que lui porte la banque centrale des banques centrales.
Certes, la forte volatilité sur les marchés en début 2022 explique en partie la progression des échanges. Elle serait notamment à l’origine de l’activité accrue entre les banques de marché, représentant une part de 45 %, la tendance s’inversant ainsi après une part en baisse depuis le début des années 2000 : les acteurs auront eu besoin de compenser les déséquilibres imprimés par la volatilité à leur stock de transactions et de gérer leur risque. Malgré cette relative concentration, la BRI déplore une moindre transparence du marché, suite au recours croissant des banques à des transactions nouées via un échange bilatéral, les acteurs réclamant des opérations sur mesure et étant moins enclins à se connecter à des plateformes multilatérales. Les plateformes électroniques actives sur le spot, comme Refinitiv Matching et Electronic Broking Services, principales références du marché, ont vu leur volume baisser depuis dix ans. L’institution déplore la moindre transparence que ces comportements induisent. Toutefois, les acteurs contreparties des banques estiment la transparence satisfaisante pour leurs besoins. « Les outils comme FXall ou 360 T mettent les banques en concurrence et nous permettent de voir en instantané quel est le meilleur fournisseur de liquidité, le marché est très compétitif », indique Cyril Léger, le directeur de Moneycorp.
Hors bilan
Autre sujet d’attention, le risque de règlement est évalué à 2.200 milliards de dollars par jour, contre 1.900 milliards de dollars il y a trois ans. « A la différence de la plupart des autres dérivés [où sont échangés les cash-flows nets, NDLR], les swaps de change et opérations à terme impliquent un échange du principal et donnent lieu à une obligation de paiement à hauteur du montant total du contrat », explique la BRI. La question semble d’autant plus importante que ces engagements sont inscrits hors bilan des banques, et l’institution s’inquiète du manque de transparence qui peut en résulter. « La BRI a déjà évoqué ce sujet dans le passé, et le fait est que les montants sont passés de 20 à 80 milliers de milliards de dollars depuis la dernière étude, note Jérôme Legras, directeur de la recherche chez Axiom AI. Toutefois, le risque de liquidité est largement couvert par les lignes de swaps conclues entre la Fed et les principales banques centrales pour parer à un éventuel assèchement du marché qui empêcherait des contreparties de livrer les dollars à l’échéance. Le problème est largement théorique et concernerait des scénarios extrêmes, dans des marchés émergents ou en cas de sanctions empêchant l’une des contreparties d’avoir accès au dollar. »
Quant au risque de crédit, essentiellement celui de la variation de marché, il est couvert. « Dans une opération de change à terme ou un swap de change, l’échange de cash s’effectue à maturité et, en cas de défaut d’une contrepartie dans l’intervalle, un acteur est exposé au risque de variation des cours, expose Cyril Léger. En pratique, les banques sont tenues de bloquer des fonds propres pour couvrir le risque de variation de marché dans leurs opérations de change, 35 % par exemple sur l’euro/dollar, et, les deux derniers jours, elles doivent bloquer 100 % du montant de la transaction pour couvrir le risque de livraison. » En outre, dans sa présentation de l’analyse des risques du système financier français en début de mois, la Banque de France a mis en avant l’atténuation du risque de règlement que représentait un système de règlement tel CLS, de « paiement contre paiement », utilisé par la très grande majorité des banques.

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