
Les régulateurs se refusent à fermer les marchés

Les marchés financiers restent ouverts pendant la crise. Ce lundi, alors que les indices américains essuyaient une nouvelle chute historique, avec un S&P 500 en recul de 12%, Jay Clayton, le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), a clos le débat. Dans une note publiée plus tôt dans la journée les analystes de Citigroup Global Markets se demandaient par exemple si la fermeture des marchés n’était pas nécessaire «pour empêcher une nouvelle chute auto-alimentée».
«Les marchés doivent continuer à fonctionner dans des périodes comme celle-ci», a tranché le président de la SEC interrogé sur CNBC, avant la clôture de la séance. Selon lui, les marchés américains ont continué à bien fonctionner dans l’ensemble, en rouvrant de manière ordonnée après le déclenchement des coupe-circuits la semaine dernière. Jay Clayton a ajouté que l’autorité surveille de près les marchés et travaille avec les Bourses et les fournisseurs d’infrastructures de marché pour s’assurer qu’ils puissent continuer à fonctionner.
Pourtant, les cas de fermeture de la Bourse de New York restent rares. Wall Street a fermé pour la dernière fois les 29 et 30 octobre 2012 pendant l’ouragan Sandy et avant cela les 11 et 14 septembre 2011, à la suite des attaques terroristes aux Etats-Unis. Elle a également fermé pendant quatre mois lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, la plus longue fermeture jamais enregistrée.
Euronext n’envisage pas de fermeture
Interrogée sur Fox News lundi, la présidente du Nyse, Stacey Cunningham, a déclaré que fermer les marchés serait la «mauvaise réponse». La directrice générale du Nasdaq, Adena Friedman, a également déclaré lundi à CNBC qu’il était «d’une importance capitale» que les marchés restent ouverts.
Pour Euronext, il n’est pas non plus «question à ce stade de fermeture des marchés. Une telle décision doit être prise par les autorités de régulation (AMF, Esma, …) et suppose une coordination pan-européenne, si ce n’est plus large», indique une porte-parole. L’opérateur des Bourses de Paris, de Bruxelles, d’Amsterdam, de Lisbone et de Dublin, dit avoir la capacité d’opérer, dans le contexte actuel, de manière à maintenir une activité de marché équitable, ordonnée et efficace et la bonne fin des contrats.
Plus de transparence sur les ventes à découvert
A ce stade, l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma) n’évoque pas une fermeture des marchés. Mais le gendarme des marchés a pris ce lundi une première mesure pour tenter de contrer la chute des Bourses.
Depuis la clôture de ce lundi 16 mars, les positions à découvert doivent ainsi être déclarées aux régulateurs nationaux dès lors qu’elles atteignent ou dépassent 0,1% du capital d’une entreprise cotée sur un marché réglementé. Auparavant, le seuil était fixé à 0,2%. La mesure est prévue pour durer trois mois.
Selon l’Esma, «les circonstances actuelles constituent une menace sérieuse pour la confiance des marchés dans l’UE». Et, dans ce contexte, «les ventes à découvert peuvent contribuer à accélérer la volatilité des prix et à exacerber les pertes».
Le gendarme européen des marchés estime que «l’abaissement du seuil de notification est une mesure de précaution qui, dans les circonstances exceptionnelles liées à la pandémie Covid-19 en cours, est essentielle pour que les autorités puissent surveiller l'évolution des marchés».
Ces derniers jours, plusieurs régulateurs de marchés européens, notamment en Espagne, en Italie, mais aussi en Allemagne et au Royaume-Uni, ont mis en oeuvre des restrictions temporaires et partielles des ventes à découvert. Mais l’Esma reconnaît que ces mesures ne sont pas efficaces face à une «menace continue». Les Bourses de Madrid ou de Milan ont d’ailleurs fortement rechuté hier malgré l’interdiction des ventes à découvert vendredi dernier. Lors de la crise de la zone euro de 2011, les ventes a découvert avaient été interdites en France seulement sur les valeurs bancaires, pendant six mois.
L’Esma se dit «consciente de la charge administrative croissante que cette décision implique pour certains acteurs du marché» et a «l’intention de revenir à l’obligation de déclaration régulière dès que la situation s’améliorera».
Le gendarme des marchés prévient toutefois qu’il pourrait «étendre la mesure si la situation devait s’aggraver». «Cette mesure peut soutenir une action plus stricte si elle est nécessaire pour assurer le fonctionnement ordonné des marchés de l’UE, la stabilité financière et la protection des investisseurs», ajoute également l’Esma.
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Népal : après les émeutes meurtrières, l'armée poursuit les tractations politiques
Katmandou - Les tractations politiques s’accélèrent vendredi au Népal autour du chef de l’armée pour tenter de nommer un nouveau Premier ministre, après les émeutes anti-gouvernementales du début de semaine, qui ont fait au moins 51 morts. Depuis mercredi, le général Ashok Raj Sigdel reçoit et consulte de nombreuses personnalités pour trouver un successeur à KP Sharma Oli, contraint mardi par la rue à présenter sa démission. Il devait s’entretenir vendredi après-midi avec le président Ramchandra Paudel, l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, et une figure de la contestation, Sudan Gurung, a annoncé à l’AFP un porte-parole des manifestants, Nimesh Shresth. Réputée pour son indépendance, Mme Karki, 73 ans, est pressentie pour prendre la tête de la transition mais elle ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les jeunes manifestants. La crise - la plus meurtrière survenue au Népal depuis l’abolition de la monarchie en 2008 - a débuté lundi, lorsque la police a ouvert le feu sur des jeunes manifestants qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Une vingtaine de manifestants ont été tués, des centaines d’autres blessés, nourrissant l’indignation et la colère de la population. Le lendemain, le chef du gouvernement a tenté de reprendre la main en ordonnant le rétablissement de Facebook, Youtube et X et promis une enquête «indépendante» sur les violences policières. Mais rien n’y a fait: des jeunes réunis sous une bannière «Génération Z» ont investi les rues de la capitale Katmandou et mis à sac de nombreux bâtiments publics, résidences de dirigeants politique et autres symboles du pouvoir. «Très tendu» Le parlement a été incendié, comme la résidence du Premier ministre, qui n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission. Âgé de 73 ans, le chef du Parti communiste (maoïste) népalais, qui a dirigé quatre fois le gouvernement depuis 2015, menait depuis 2024 une coalition avec un parti de centre gauche. Il incarnait l'élite dont la jeunesse du pays, largement privée d’emploi et lassée de la corruption, exigeait le départ. Les troubles ont fait «au moins 51 morts (...) dont 21 manifestants et 3 policiers», a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire. L’armée a repris le contrôle de la capitale. Ses soldats en armes, accompagnés de véhicules blindés et de chars, continuaient vendredi à patrouiller dans les rues désertes de Katmandou sous couvre-feu. Ses habitants ont été autorisés à sortir vendredi matin quelques heures pour se ravitailler, alors que se poursuivait le grand nettoyage engagé pour effacer les traces des destructions de mardi, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Notre priorité, c’est de faire le plein de carburant parce qu’on a besoin de notre moto pour aller travailler», a déclaré à l’AFP Laxmi Thapa, 32 ans, ravie de pouvoir mettre le nez dehors. «On est sorti aujourd’hui car la situation s’améliore», s’est-elle réjoui aux côtés de son mari. «C'était très tendu, on est resté à l’abri chez nous». «Exigences» La gigantesque chasse à l’homme lancée pour retrouver les quelque 13.500 détenus qui ont profité des troubles pour s'évader de leur prison continuait à battre son plein dans tout le pays. Moins d’un millier ont été rattrapés à ce jour, certains sur le sol de l’Inde voisine, a précisé vendredi le porte-parole de la police: «12.533 sont toujours en cavale». Le président du Népal, Ramchandra Paudel, a promis jeudi de faire «tous les efforts» pour «trouver une issue à la situation difficile que connaît le pays». L’octogénaire, à qui la Constitution impose de nommer le Premier ministre, a promis d’y parvenir «aussi vite que possible» et «de satisfaire les exigences des citoyens qui ont protesté». Les discussions sont toujours animées dans les rangs des représentants de la «Génération Z», qui peinent à s’accorder sur un nom pour diriger une transition qu’ils veulent radicale. «Nous voulons que ça change», a exhorté jeudi Sudan Gurung. «Notre première exigence, c’est la dissolution du Parlement. Et la fin de la corruption doit être une priorité absolue». «Nous voulons la transparence du gouvernement, une éducation de qualité, des opportunités d’emploi et une vie digne», a énuméré un autre, James Karki, 24 ans, devant la presse. «Je veux croire que l’armée va nous entendre». Paavan MATHEMA © Agence France-Presse