Les nouveaux modes de négociation risquent de réduire la liquidité sur les actions

Enchères périodiques et pratiques «dark» ont encore pris des parts aux marchés transparents.
Fabrice Anselmi

Le volume d’échange sur les actions européennes a poursuivi sa baisse en 2019, d’environ 50 à 40 milliards d’euros/jours en moyenne, selon l’étude annuelle de Liquidnet. Et si la part des échanges officiellement non transparents est stable à 8-9%, les enchères de clôture ou périodiques ainsi que l’introduction de protocoles de prix à la demande (RFQ) «ont limité le transfert vers les marchés transparents tel que le souhaitait le législateur au travers de la réglementation MIF 2, et même augmenté la fragmentation de la liquidité en accroissant la complexité d’intervention sur les marchés pour le buy-side», note Charlotte Decuyper, analyste structure des marchés chez Liquidnet.

MIF 2 ayant limité les exemptions à la transparence pre-trade, les plates-formes ont promu les échanges «dark» pour les blocs de taille importante (LIS), mais aussi les enchères périodiques en milieu de journée. Avec 2% des volumes, celles-ci se sont substituées aux «dark pools» lorsque les actions concernées atteignent les doubles seuils DVC (par plate-forme + globalement) au-dessus desquels les échanges non transparents autres que LIS deviennent interdits. «Les enchères périodiques sur certains titres passent d’une fourchette de 1-13% des volumes tant que ces actions sont autorisées aux échanges ‘darks’ à 20-35% dans les six mois d’interdiction suivant le dépassement des DVC», poursuit Charlotte Decuyper, évoquant une part des marchés vraiment transparents réduite de plus de 80% à 64-77% après l’entrée en vigueur des seuils DVC. Un récent avis de l’Autorité des marchés européens (Esma) propose de soumettre les enchères périodiques aux mêmes restrictions DVC dès qu’elles ne participent pas à la formation des prix et détournent l’exemption pour «prix de référence».

Les enchères de clôture ont aussi pris beaucoup d’importance, passant de 17% à 25% depuis 2018, et même 41% sur le CAC 40. A terme, cette tendance pourrait nuire à la liquidité et à la formation des prix pendant le reste des négociations, ce qui a amené les participants de marché à proposer de réduire de 1h30 la journée de Bourse en Europe.

«Globalement, les régulateurs européens devraient proposer rapidement des ajustements à MIF 2, avec désormais la contrainte de tenir compte d’éventuelles divergences avec le Royaume-Uni dans le cadre du Brexit», conclut Charlotte Decuyper, évoquant la nécessaire redéfinition des internalisateurs systématiques (SI), qui ont également pris des parts de marché en remplaçant les systèmes d’appariement des brokers (BCN).

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