
Les marchés actions sont sens dessus dessous

Les places boursières mondiales ont continué mardi de faire les montagnes russes. En Europe, les différents marchés ont légèrement rebondi après leur chute lundi, la plus forte baisse quotidienne depuis juin 2020. Les actions américaines ont repris le chemin de la baisse après leur volte-face spectaculaire lundi qui interroge sur l’état du marché, avant de se reprendre à nouveau en fin de séance.
Lundi, Wall Street s’était déjà redressé en fin de séance, pour terminer dans le vert, après avoir perdu plus de 4% dans la journée, sans qu’aucun événement ne vienne justifier un tel revirement. L’indice S&P 500 est même entré un moment en zone de contraction avec une baisse de plus de 10% par rapport à son plus haut historique. «Ce mouvement est non seulement particulier mais rare», souligne Vincent Cassot, responsable de la stratégie dérivés actions chez Société Générale CIB qui note que la période est aussi particulière avec une multiplication d’événements stressants pour le marché.
Multiplication des risques
La réunion de la Réserve fédérale américaine ce mercredi pourrait confirmer une première hausse de ses taux Fed funds en mars, qui a provoqué une vaste rotation sectorielle depuis le début de l’année. Les tensions autour de l’Ukraine ont accentué l’aversion des investisseurs pour le risque. Mardi, les valeurs technologiques, qui sont affectées par la hausse des taux et qui sont chèrement valorisées, ont continué de corriger, et d’entraîner l’ensemble du marché dans leur sillage.
Comment expliquer alors le rebond du marché lundi, qui plus est dans des volumes très importants ? Les investisseurs particuliers semblent avoir joué un rôle. Ces derniers ont acquis lundi 1,36 milliard de dollars d’actions, selon les données compilées par Vanda Research. Une semaine auparavant ils avaient déjà acquis 1,6 milliard de dollars d’actions en une séance également. Pour Vanda Research, les investisseurs retail restent donc à l’affût des baisses (buy-the-dip) mais en privilégiant les indices ou les grandes capitalisations de la tech. Toutefois parmi les valeurs les plus achetées lundi se trouvait un ETF avec levier vendeur (short) sur le Nasdaq, montrant aussi leur prudence.
Rôle des options
Pour Vincent Cassot, les options, dont les volumes ont également été importants, ont aussi pu jouer un rôle. «Les opérations des market makers pour couvrir leurs portefeuilles d’options ont un impact sur le marché, explique-t-il. En fonction de l’évolution des cours et des positionnements des clients (achat ou vente), ces couvertures peuvent provoquer un mouvement de retour à la moyenne et atténuer les mouvements du marché ou au contraire augmenter la tendance à l’œuvre. A l’inverse de ce qu’on a vu lundi. Un changement de dynamique dans le marché peut expliquer ce phénomène mais depuis que les particuliers sont entrés massivement, il est devenu plus difficile d’en détecter les dynamiques.»
Le retour à la baisse de mardi signifie-t-il que Wall Street manque de soutien ? Qu’il n’y a plus de «main forte» ? Le problème est plutôt que les investisseurs sont très investis en valeurs de croissance et en actions plus généralement. Difficile d’augmenter le risque dans le contexte actuel. «Même si la rotation sectorielle a été très forte depuis le début de l’année, avec un écart de performance de 10 points entre la value et la croissance, les portefeuilles des gérants actifs en Europe sont toujours très orientés vers le segment croissance, note Emmanuel Cau, stratégiste actions chez Barclays. Dit autrement, les investisseurs ne semblent pas avoir ajusté leurs expositions dans l’anticipation d’un changement de régime où la value surperformerait.» Ce constat vaut globalement.
Mains fortes
Nikolaos Panigirtzoglou, stratégiste chez JPMorgan, souligne de son côté la faible réduction du risque actions chez les investisseurs en comparaison de 2018, c’est-à-dire la dernière fois où la Fed avait relevé ses taux et arrêté le réinvestissement de son bilan après son tapering. «Les investisseurs restent très surpondérés aux actions globalement», affirme ce dernier, qu’il s’agisse des gérants traditionnels comme des hedge funds. Les positions vendeuses sur les indices sont également faibles par rapport à 2018.
La nuance est toutefois que ces investisseurs ont commencé à réduire leur exposition aux valeurs de croissance. Ce qui explique la chute du Nasdaq mais aussi du S&P 500, dont la performance est très corrélée aux FAANG. Pour le stratégiste de JPMorgan, les particuliers sont moins présents dans le marché. Il en veut pour preuve la baisse des positions des petits ordres sur les options (typiques du retail) qui ont été divisées par trois depuis le pic de début 2021. Les positions dans le Nasdaq et l’indice Russell 2000, deux indicateurs de l’exposition des particuliers au marché actions, ont aussi diminué. A moins que la forte chute de lundi ne réveille l’appétit des boursicoteurs.
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Réassurance : prix en baisse mais secteur stable face aux catastrophes et émeutes
Paris - Les réassureurs, qui se retrouvent à partir de samedi pour plusieurs jours à Monaco pour leurs traditionnels «Rendez-vous de septembre», s’apprêtent à faire face à une baisse des prix dans ce secteur, qui ne bousculera toutefois pas leur stabilité, selon les analystes. Les réassureurs, dont le métier consiste à assurer les assureurs, commencent à l’automne les négociations annuelles avec leurs clients assureurs sur le montant des primes que ces derniers leur versent. En échange, les réassureurs prennent en charge une partie des risques portés par les assureurs, en se positionnant sur les risques les plus extrêmes et moins fréquents (tempêtes, feux de forêt, émeutes, attentats terroristes...). En 2024, le marché de la réassurance mondiale s'élevait à 400 milliards de dollars, près de 20 fois moins que celui de l’assurance traditionnelle. Lors des précédentes années, les principaux réassureurs mondiaux, comme Munich Re ou Swiss Re, avaient imposé une hausse des prix et établi des conditions tarifaires et contractuelles qui leur étaient plus favorables. Mais, selon les analystes, le pic des prix de la réassurance est aujourd’hui passé. «On a atteint un point haut en 2024. Et depuis, on le voit au niveau du renouvellement (des contrats), les prix ont tendance à baisser», a expliqué à l’AFP Manuel Arrivé, de l’agence de notation Fitch. «On pense que cette tendance va perdurer» car «il y a une dynamique d’offre et de la demande de plus en plus en faveur des assureurs et en défaveur des réassureurs». L’agence de notation considère que le secteur sera «détérioré» en 2026. Elle met entre autres en avant l’augmentation des coûts des sinistres. Ceux des incendies dévastateurs de Los Angeles, évalués à 40 milliards de dollars, pèsent eux seuls pour la moitié des sinistres liés aux catastrophes naturelles. «On a déjà 80 milliards (de dollars) de sinistres à fin juin. Il fait peu de doute qu’on va dépasser 100 milliards avec le deuxième semestre», a précisé Alexis Valleron, délégué général de l’Association des professionnels de la réassurance en France (Apref), devant la presse vendredi. 2024 a été la cinquième année consécutive où le coût des sinistres des périls naturels a dépassé 100 milliards de dollars dans le monde. Risque émeutes en hausse Face à la multiplication des catastrophes naturelles, la plupart des réassureurs ont décidé ces dernières années de moins s’exposer à certains périls. Dans ce contexte, les réassureurs peuvent compter sur leurs capitaux. S&P Global considère «le secteur mondial de la réassurance comme stable, soutenu par le capital robuste des réassureurs, des marges de souscription solides, des rendements d’investissement élevés et des perspectives de bénéfices encore favorables au-dessus du coût du capital du secteur», décrit l’agence de notation dans un rapport. Les dirigeants de l’Apref ont également évoqué le risque émeutes après des années marquées par les troubles sociaux en France, notamment en 2023 après la mort de Nahel, adolescent tué par un tir policier, ou l’insurrection en Nouvelle-Calédonie à l'été 2024. Les émeutes en Nouvelle-Calédonie ont, à elles seules, coûté un milliard d’euros aux assureurs (dont 500 millions aux réassureurs), sur un coût total des dégâts estimé à 2,2 milliards. Le bilan des émeutes de l'été 2023 en France avait été de 730 millions d’euros (200 millions pour les réassureurs). Selon un article des Echos publié jeudi, le gouvernement prévoit de créer un fonds de réassurance pour couvrir les dégâts liés aux émeutes, sur le modèle du régime des catastrophes naturelles. «Il faut qu’il y ait une définition précise et il faut savoir ce que prendra en charge un mécanisme d’Etat», a insisté Dominique Lauré, vice-président de l’Apref. Selon lui, «il faut qu’il y ait une incitation au maintien de l’ordre pour l’Etat». Et non pas «un mécanisme qui fait que l’Etat n’a finalement plus intérêt à maintenir l’ordre puisque les conséquences économiques sont prises en charge par un fonds», estime celui qui est également directeur général adjoint de Liberty Mutual Reinsurance. Maryam EL HAMOUCHI © Agence France-Presse -
Thaïlande : Anutin Charnvirakul promet des législatives sous quatre mois après sa nomination mouvementée
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L'armée israélienne appelle à l’évacuation de la ville de Gaza avant un assaut terrestre d’ampleur
Gaza - L’armée israélienne a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée «humanitaire» plus au sud, en prévision d’un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l’ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d’un «désastre» à venir en cas d’expansion de l’offensive sur Gaza-ville. L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de cette agglomération, affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore. L’appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient «en négociation approfondie avec le Hamas», dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. «Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement», sinon «ça va être terrible», a-t-il dit. M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être «morts récemment». L’armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts. Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza. «L’armée ment» Dans son message, le colonel Adraee précise que pour «faciliter le départ des habitants» de la ville de Gaza, le secteur côtier d’Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré «zone humanitaire». Selon l’armée, cette zone comprend des «infrastructures humanitaires essentielles», et est approvisionnée «en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux». Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l’ONU, l’armée a souvent bombardé des zones déclarées «humanitaires» et «sûres», affirmant y viser des combattants du Hamas. «L’armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l’aide (...) ils ouvrent le feu», s’indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l’ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir «pour l’instant» rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n’est «ni humanitaire ni sûre». «C’est là qu’il y a chaque jour le plus de martyrs, il n’y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire», dit-il. Vendredi, l’armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d’immeuble dans le centre, qui s’est écroulée comme un château de cartes. Selon l’armée, le Hamas y avait installé «des infrastructures» pour «préparer et mener des attaques» la visant. Elle avait auparavant prévenu qu’elle ciblerait «dans les jours qui viennent» des «infrastructures terroristes», en particulier dans des tours d’immeubles. Le Hamas a rejeté comme «des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés» les affirmations d’Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments. «Propagande diabolique» La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile. Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahu de ne pas mener d’offensive dans la ville de Gaza. «Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination», a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Equipe de l’AFP dans la bande de Gaza © Agence France-Presse