
Les gérants crédit restent calmes face à la hausse des taux

A l’instar du marché, le Panel Crédit de L’Agefi évolue peu. Les gérants interrogés entre le 20 février et le 2 mars restent à «surpondérer» en exposition et «neutre» pour la perspective des spreads à un mois. Ils sont peu à avoir changé leur appréciation. Quatre seulement sur l’exposition (Allianz GI, Generali IP, Groupama AM et La Française AM) qui se neutralisent, deux étant plus favorables et deux réduisant leur exposition. De même sur la perspective de spreads (Amundi, Groupama AM, Lazard FG et Oddo BHF AM). L’évolution du cash dans les fonds est également équilibrée, les gérants ayant décidé de l’accroître, compensant ceux qui diminuent avec au final une baisse de quelques points de base.
Pourtant le mois de février n’a pas été sans heurts sur les marchés avec un réajustement massif des anticipations d’inflation et du taux terminal des banques centrales. Les surprises sur l’inflation et les données d’activité confirmant la résilience de l’économie, ont évaporé le scénario de soft landing au profit d’un no landing et de pivot rapide des banques centrales. Face à une inflation inerte, notamment dans les services, avec une consommation qui tient grâce à un marché du travail solide, les investisseurs sont désormais persuadés que les banques centrales en feront plus que moins. Le taux terminal de la Fed est anticipé à près de 5,5% aux Etats-Unis et à 4% dans la zone euro.
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«L’humeur a changé depuis quelques jours… Et ce ne sont, pour une fois, pas les décisions de banques centrales ou leurs discours qui ont décidé les marchés à inverser la tendance mais les statistiques économiques, les discours des entreprises et l’observation des prix», relève Matthieu Bailly, gérant chez Octo AM. Ce qui incite à la prudence. «Le marché du crédit est attrayant en relatif par rapport à la plupart des autres classes d’actifs. Nous restons toutefois prudents dans notre positionnement car il existe encore beaucoup d’incertitudes sur le point d’atterrissage de l’inflation et la trajectoire macroéconomique», affirmait récemment Benoit Soler, gérant chez Keren Finance.
Pas assez de spreads
Les obligations crédit ont souffert en février: -1,5% pour l’investment grade (IG) euros et -3% pour l’IG dollars alors que le high yield (HY) euros est quasi stable, selon les données de Deutsche Bank) après un mois de janvier en forte hausse, les spreads sont restés eux étales. «Les primes de crédit ne sont peut-être pas aussi élevées qu’en plein marasme de la mi-2022 puisque le crossover, qui est plutôt autour de 400 points de base (pb) aujourd’hui, avait atteint 650 pb, mais ce type d’indice peut être trompeur et on peut observer, sur de nombreux pans du marché obligataire, des rendements quasi équivalents à ce qu’on trouvait en 2022, en particulier sur le segment court», relève le gérant d’Octo AM. De quoi inciter finalement à la prudence. «La récente hausse des rendements sur les obligations IG aurait pu nous inciter à en remettre dans les portefeuilles mais l’écartement des spreads de crédit n’a pas été suffisant alors que l’ajustement des anticipations de taux des banques centrales fait peser un risque sur le marché, note Arnaud Colombel, responsable de la gestion crédit chez Ostrum AM. L’augmentation de cash traduit cette prudence. Nous n’avons pas voulu investir totalement la récente collecte positive.»

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