Les entreprises high yield ont aussi leur fenêtre d’émission

Le marché primaire haut rendement en euros a repris avec 2,8 milliards d’euros de transactions. Les investisseurs restent toutefois sélectifs.
Marchés
Six émetteurs high yield sont venus sur le marché primaire depuis la rentrée  -  Fotolia

La forte activité sur le marché primaire obligataire euro depuis la rentrée profite aussi aux entreprises high yield. Les transactions d’émetteurs investment grade ont déjà dépassé les attentes du marché pour l’ensemble du mois de septembre, les entreprises anticipant, notamment, leurs émissions avant la séquence des banques centrales cette semaine et la prochaine. Les sociétés les moins bien notées veulent aussi profiter de la forte demande des investisseurs pour les obligations d’entreprises.

Au cours de cette dernière quinzaine, six émetteurs notés BB ou B ont émis (ou sont en passe d’émettre comme Fnac Darty dont l’émission est en cours) 2,8 milliards d’euros d’obligations. Deux émetteurs habituels de ce marché ont ouvert les opérations le 6 septembre : le distributeur de matériel électrique Rexel et l’équipementier automobile allemand ZF Friedrichschafen. Les deux obligations à 6 ans et 7 ans respectivement l’ont été dans un format ESG (SLB et green bond).

Le groupe allemand a reçu 1,9 milliard d’euros de demande pour 650 millions d’euros d’obligations offertes avec un rendement de 6,25% (coupon de 6,125%). Comme l’ensemble du marché, les entreprises high yield ont vu leurs coûts de financement multipliés par deux ou trois. L’émission de Rexel de 400 millions d’euros, offrant un rendement de 5,25%, visait au refinancement de l’acquisition du néerlandais Wasco. Cette obligation a été la troisième émise par Rexel au format SLB (obligation indexée sur des critères ESG).

La plupart des émissions sont liées à des refinancements d’obligations ou de prêts existants. De nombreuses entreprises high yield vont devoir faire face à une augmentation des échéances en 2024 (dont le refinancement doit se faire rapidement) mais surtout en 2025 et 2026 (émissions réalisées à des taux bas en 2020 et 2021).

Cette semaine, c’était au tour du groupe de parfums et de cosmétiques Coty, de celui de production audiovisuelle Banijay Entertainment et du distributeur Fnac Darty. Cette dernière émission est en cours. Les 300 millions d’euros de l’obligation à 5 ans visés par Fnac Darty, dont l’action a chuté de 25% depuis l’annonce fin juillet de ses résultats semestriels, serviront au refinancement d’une obligation arrivant à échéance en 2024 avec un coupon de 1,875%. Le rendement de la nouvelle obligation devrait être autour de 5,625%. Banijay Entertainment, qui refinance deux obligations en euros et en dollars de maturité 2025, a émis 540 millions d’euros et 400 millions de dollars d’obligations avec des rendements de 7% et 8,125% respectivement. Coty a émis 500 millions d’euros à 5 ans avec un rendement de 5,75% pour refinancer une ligne de crédit bancaire.

Nouvel émetteur

Outre ces émetteurs bien connus des investisseurs high yield, le marché euro a accueilli un nouveau nom, le néerlandais Boels Topholding, une bonne nouvelle pour ce marché. Ce spécialiste de la location de matériel de chantier, un concurrent de Kiloutou et Loxam, a émis pour cette première transaction, présentée comme une diversification de financement, 400 millions d’euros avec un rendement de 6,25%. L’objectif est de refinancer des lignes de crédit bancaire existantes. Boels est principalement présent dans le matériel léger, un segment moins cyclique selon les analystes de Spread Research.

Les nouvelles obligations Rexel, ZF Friedrichschafen et Boels s’échangeaient au-dessus du pair mercredi, signe du succès de ces opérations et de la demande des investisseurs.

L’activité devrait rester soutenue. Les banquiers sur le marché primaire obligataire corporate affichent leur optimisme sur le flux d’émissions à venir. «Il y a un peu d’activité sur le high yield mais cela concerne pour le moment des émetteurs bien connus, juge toutefois un gérant. Nous ne voyons pas de dossiers difficiles ou de nouveaux noms, hormis Boels la semaine passée.» Les stratégistes crédit de la Société Générale notent le rebond de l’activité qui dépasse celle de 2022 à la même époque, mais reste loin des années précédentes. «Les volumes depuis le début de l’année sur le primaire high yield euro s'élèvent à 35,8 milliards d’euros, mais nous pensons que le marché aura du mal à atteindre nos prévisions de 60 milliards pour l’ensemble de l’année», affirme Juan Valencia.

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