Les émissions obligataires crédit patinent

Le marché primaire crédit euro reste compliqué dans un contexte peu favorable avec une hausse des coûts de financement.
Xavier Diaz

La reprise sur le marché primaire crédit euro se fait attendre. La semaine passée avait pourtant bien démarré avec la plus importante émission jamais réalisée en obligations vertes. L’énergéticien néerlandais Tennet a placé 3,850 milliards d’euros en quatre tranches. Une opération rondement menée avec des demandes soutenues. La fin de la période de blackout des résultats et l’approche de la période estivale auraient dû inciter plus d’entreprises. C’était sans compter sur les banques centrales qui ont relancé les craintes de ralentissement avec une inflation toujours élevée. Un environnement peu propice au marché du crédit.

Les spreads ont poursuivi leur écartement. Sur le segment investment grade (IG), la prime de risque est revenue à 170 pb. Sur les marchés de dérivés, le coût pour se protéger d’un défaut (credit default swaps - CDS) a dépassé 100 pb lundi pour la première fois depuis deux ans. A 500 pb, le spread high yield (HY) sur le marché cash n’avait pas été aussi élevé depuis mai 2020. Les stratégistes de Société Générale CIB ont revu en hausse leurs prévisions de spreads à 220 pb sur l’IG d’ici la fin de l’année et 280 pb au deuxième trimestre 2023. La prime de risque HY devrait atteindre 770 pb en fin d’année et 1.035 pb d’ici juin 2023. «Nous avons mis à jour nos prévisions de spreads pour refléter les inquiétudes suscitées par des fondamentaux de plus en plus négatifs (la croissance économique entraînant une détérioration des bénéfices) ainsi que des données techniques négatives (plus de soutien de la BCE ou des rendements obligataires souverains historiquement bas)», indiquent Guy Stear et Juan Valencia, chez SG CIB.

Ce contexte rend plus difficile l’accès au marché primaire. Lundi, Electrolux ne s’est pas présenté sur le marché comme prévu. Le groupe suédois d’électroménager a finalisé la semaine passée son roadshow pour l’émission d’une obligation à 8 ans, sa première depuis 2014, et ce quelques semaines après avoir prévenu le marché qu’il manquait de visibilité sur son activité. Face à la forte volatilité, la société a sans doute préféré attendre. En revanche, Europcar n’a eu d’autre choix que de reporter l’émission de 150 millions d’euros (4 ans NC 1,5 an) de SLB (sustainability linked bonds) en raison de la «dégradation significative des conditions de marché au moment de l’opération», selon Bloomberg. Biofarma (Kepler) a réussi son émission HY mais après avoir changé des conditions dans sa documentation à la demande des investisseurs et avec une décote de 96% en bas de fourchette et un spread de 575 pb sur l’Euribor 3 mois pour assurer le refinancement de son acquisition par Ardian.

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