
L’économie allemande se contracte, la France et l’Espagne en forme

L’Allemagne serait-elle devenu l’homme malade de l’Europe? L'économie allemande s’est contractée encore plus que prévu au quatrième trimestre 2021 sous l’effet des restrictions mises en œuvre pour ralentir la propagation du variant Omicron tandis que l’activité est restée soutenue en France et en Espagne sur la même période, les deux pays atteignant des croissances historiques en 2021.
Le produit intérieur brut (PIB) de la première économie d’Europe a reculé de 0,7%, selon une première estimation publiée vendredi par Destatis, l’office fédéral de la statistique, alors que les économistes interrogés par Reuters anticipaient une baisse de 0,3%.
Les données préliminaires montrent que la consommation privée a nettement reculé tandis que les dépenses publiques augmentaient. L’activité dans le secteur de la construction s’est aussi contractée.
Sur un an et en données corrigées des variations saisonnières, le PIB allemand a progressé de 1,4% au quatrième trimestre contre une hausse de 1,8% attendue.
L'économie allemande a progressé de 2,8% sur l’ensemble de l’an dernier.
La consommation soutient la France
Cela contraste avec la croissance de la France l’an dernier. Le PIB a rebondi de 7%, sa meilleure performance depuis 52 ans, le rebond de l’activité s'étant poursuivi sur les derniers mois de l’année, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une première estimation. Elle s’était contractée de 8% en 2020.
Le PIB a progressé de 0,7% au quatrième trimestre après une hausse de 3,1% (révisé) au troisième, alors que les économistes prévoyaient en moyenne une hausse de 0,5%. «L’impact des restrictions sanitaires imposées au mois de décembre a semble-t-il été limité, relève Pierre Benadjaoud, économiste chez Crédit Agricole. Après une croissance exceptionnelle au troisième trimestre due à la reprise mécanique de la consommation de services, la croissance reste dynamique.» Cette hausse supérieure aux attentes s’explique entre autres par le dynamisme de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est immédiatement félicité, à deux mois et demi du premier tour de l'élection présidentielle, de ce rebond «spectaculaire» qui «efface la crise économique». Le gouvernement avait maintenu sa prévision de croissance 2021 à 6,25% tout en laissant entendre ces derniers mois qu’il tablait sur un chiffre plus élevé. Les organisations internationales prévoyaient un peu moins de 7%. Par rapport au quatrième trimestre 2019, avant la crise du coronavirus, la croissance de l’activité économique atteint 0,9%. «Le niveau moyen du PIB en 2021 se situe 1,6% en deçà de son niveau moyen en 2019», a toutefois précisé l’Insee.
L’hôtellerie tire l’Espagne
L’Espagne fait également mieux que d’autres pays en Europe au quatrième trimestre, probablement en raison de son approche moins stricte face à la propagation d’Omicron.
L'économie a atteint son rythme le plus rapide depuis 2000. Le PIB a augmenté de 5% après une chute historique de 10,8% l’année précédente, selon les données préliminaires publiées vendredi par de l’Institut national de la statistique (INE). Elle n’a toutefois pas atteint l’objectif de 6,5 % du gouvernement.
Malgré une baisse des dépenses, dans un contexte d’inflation galopante, un bond de 8,5 % des investissements a entraîné une croissance de 2 % d’un trimestre à l’autre (après 2,6 % au troisième trimestre), dépassant les prévisions de 1,4 % des économistes.
Sur l’année, l'économie espagnole a crû de 5,2 % par rapport au quatrième trimestre 2020, tirée par un bond de 19,4 % dans le secteur de l’hôtellerie.
Le ministre de la Sécurité sociale, José Luis Escriva, a déclaré qu’une reprise retardée du tourisme, qui représentait environ 12 % du PIB avant la pandémie, freinait toujours la croissance, mais il a souligné que les données solides sur l’emploi étaient un motif d’optimisme.
Le gouvernement espagnol s’attend à une croissance de 7 % cette année, grâce au soutien des fonds du plan de relance européen et à un budget toujours en hausse. La Banque d’Espagne est moins optimiste et prévoit une expansion plus modeste de 5,4 %.
Les économistes de HSBC anticipent un ralentissement de la croissance au premier trimestre en France en raison de la vague Omicron tout en notant que les enquêtes de confiance continuent de montrer un rythme d’expansion soutenu.
Pour 2022, le gouvernement français table sur une nouvelle progression de 4%, une prévision supérieure à celle de la Banque de France (3,6%). Quant au FMI, il a abaissé mardi sa prévision de croissance pour l'économie française cette année à 3,5%, contre 3,9% auparavant. «L’acquis de croissance est déjà très positif à +2,4% et l’objectif de croissance à 4% semble atteignable, juge Pierre Benadjaoud. La consommation devrait rester dynamique et l’investissement continuera à être soutenu par le plan de relance.»
Quant à l’Allemagne, le gouvernement a récemment abaissé sa prévision de croissance pour cette année à 3,6%. Le ministre de l’Economie, Robert Habeck, a dit vendredi s’attendre à un ralentissement supplémentaire de la croissance en 2023, à 2,3%.
Plus d'articles du même thème
-
La perception du risque monte autour de la France
Le gouvernement de François Bayrou devrait tomber lundi après le vote de confiance à l’Assemblée nationale. La nouvelle incertitude politique et budgétaire qui en résultera inquiète un peu plus les marchés, mais pas au point d'imaginer des risques extrêmes. -
L’emploi américain accélère sa dégradation
Les créations d’emplois aux Etats-Unis ont continué à ralentir en août, affectant l'ensemble du marché du travail. Avec des révisions annuelles encore attendues la semaine prochaine, cela pourrait finalement soutenir l’idée d’une baisse des taux des Fed funds encore plus marquée, peut-être dès septembre. -
Fed, dissolution, vote de confiance,... Yves Mazin décrypte une rentrée explosive !
Yves Mazin, co-fondateur de Version Patrimoine et président de la CNCGP, a décrypté l'impact d'un contexte tendu et incertain sur les stratégies patrimoniales des ménages.
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Espagne-Israël : crise diplomatique après les propos de Pedro Sánchez sur « le génocide à Gaza »
Madrid - Les relations entre l’Espagne et Israël se sont très fortement tendues lundi avec le rappel de l’ambassadrice espagnole après une série d'échanges très vifs, à la suite de l’annonce par le Premier ministre Pedro Sánchez de mesures destinées à «mettre un terme au génocide à Gaza». Le socialiste Pedro Sánchez est une des voix européennes les plus critiques à l'égard des actions menées à Gaza par Israël qui, de son côté, n’avait déjà plus d’ambassadeur à Madrid depuis la reconnaissance de l'État de Palestine par le gouvernement espagnol en mai 2024. Dans «une étape supplémentaire (...) pour mettre un terme au génocide à Gaza, poursuivre ses auteurs et soutenir la population palestinienne», Pedro Sánchez a annoncé lundi une série de nouvelles mesures, notamment l’interdiction aux navires transportant du carburant pour l’armée israélienne d’accoster dans les ports espagnols. Egalement parmi ces mesures, qui seront mises en œuvre «immédiatement», une loi visant à «consolider juridiquement l’embargo sur les (ventes d’)armes à Israël, que nous appliquons déjà de facto depuis octobre 2023", a souligné le chef du gouvernement. Elles comprennent également notamment l’interdiction d’entrée sur le territoire espagnol des personnes «participant directement au génocide», l’interdiction de l’importation de produits «provenant des colonies illégales à Gaza et en Cisjordanie» et la limitation des services consulaires espagnols pour les personnes résidant dans ces colonies. «Nous savons que toutes ces mesures ne suffiront pas à arrêter l’invasion ni les crimes de guerre, mais nous espérons qu’elles contribueront à augmenter la pression» sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui compte plusieurs ministres d’extrême droite, a poursuivi le dirigeant espagnol. La réaction israélienne après ces annonces n’a pas tardé, et le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a répliqué dans la foulée sur le réseau X, accusant le gouvernement espagnol de mener une campagne «anti-israélienne et antisémite continue» afin de «détourner l’attention de graves affaires de corruption», une référence apparente aux dossiers judiciaires dans lesquels sont accusé des proches de Pedro Sánchez. Accusations «fausses et calomnieuses» En guise de sanction, le gouvernement israélien a par ailleurs interdit l’entrée en Israël à la N.2 du gouvernement, la ministre espagnole du Travail Yolanda Díaz, et à la ministre de la Jeunesse et de l’Enfance Sira Rego, d’origine palestinienne, toutes deux membres de la plateforme de gauche radicale Sumar qui fait partie de la coalition au pouvoir avec les socialistes. Après avoir fustigé des accusations d’antisémitisme «fausses et calomnieuses» et des mesures «inacceptables» visant ses deux ministres, le gouvernement espagnol a passé une nouvelle étape en annonçant dans l’après-midi le rappel de son ambassadrice à Tel Aviv pour consultations. «Le gouvernement espagnol ne se laissera pas intimider dans sa défense de la paix, du droit international et des droits humains», avait assuré le ministère des Affaires étrangères un peu plus tôt dans un communiqué. L’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché la guerre, a causé la mort de 1.219 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. L’offensive dévastatrice lancée en retour par Israël a causé au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, mais dont les données sont jugées fiables par l’ONU. En Espagne, un pays où la cause palestinienne a toujours été populaire, en particulier à gauche et à l’extrême gauche, de nombreuses manifestations propalestiennes ont eu lieu depuis le début du conflit à Gaza. Ces derniers jours, elles ont tout particulièrement perturbé le déroulement de la Vuelta, le tour d’Espagne cycliste, auquel participe notamment l'équipe Israel-Premier Tech, une structure privée créée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams. Diego URDANETA © Agence France-Presse -
Victimes collatérales
Crise politique : la dette souffre, les actions aussi
La position relative de la France se dégrade en Europe depuis la dissolution de l'été 2024. L'instabilité politique qui prévaut depuis décourage les investisseurs -
Ça se bouscule
Immobilier : avalanche réglementaire avant le départ du gouvernement
Plusieurs décrets, arrêtés ou instructions fiscales viennent d'être publiés ou doivent l'être dans la semaine