Le Pakistan s’empêtre dans ses difficultés de paiement

Les investisseurs s’inquiètent d’un défaut du pays sur sa dette dès cette année.
Pluies diluviennes et inondations au Pakistan
Les inondations de l'an dernier ont contribué aux pressions sur les finances pakistanaises  -  AdobeStock.

Les investisseurs commencent à se préparer à un défaut du Pakistan. Les besoins en financements externes du pays jusqu’à fin juin dépassent les 11 milliards de dollars, dont 7 milliards de remboursement de dette. Ces 7 milliards incluent un prêt accordé par la Chine d’un montant de 2 milliards de dollars. Ce, alors que les réserves de change se sont encore détériorées, à 3,3 milliards de dollars, et ne couvrent même pas un mois d’importations. Moody’s a donc abaissé de nouveau la note du Pakistan, à Caa3, un plus bas depuis 30 ans. «La balance des paiements pakistanaise est dans une situation extrêmement fragile, et les décaissements pourraient ne pas être assurés à temps pour éviter un défaut de paiement. En outre, au-delà du programme du Fonds monétaire international (FMI) se terminant en juin, la visibilité sur les sources de financement du Pakistan est très limitée», résume Moody’s.

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Plan de soutien

Le pays est contraint à des mesures drastiques pour débloquer un nouveau plan de soutien de 6,5 milliards auprès du FMI. La banque centrale a remonté ses taux de 300 points de base, à 20%, pour lutter contre une inflation aggravée par la dévaluation de la devise, la fin des subventions aux carburants et les hausses de taxes - autant de mesures prises par le gouvernement dans le cadre des exigences du fonds. Le pays espère par ailleurs pouvoir reporter le remboursement de 3 milliards de dollars de dette et refinancer 1,3 milliard de dollars des prêts à payer d’ici juin, selon le gouverneur de la banque centrale.

Cela n’a pas suffi à rassurer les marchés. Le prix de l’obligation à maturité la plus proche a chuté à 51,6 centimes du dollar, contre un plus haut atteint de 62,6 centimes du dollar atteint le 13 janvier. Le remboursement de coupons avait, à l’époque, rassuré les investisseurs. L’écart de prix entre l’obligation à échéance 2024 et l’échéance 2027 est par ailleurs retombé à son plus bas niveau depuis octobre. Les investisseurs avaient jusqu’ici parié qu’un défaut serait évité en 2023, mais qu’il pourrait avoir lieu dans les prochaines années, ce qui a soutenu les prix des titres à maturité la plus proche contre ceux à maturité plus lointaine. Enfin, le CDS sur la dette pakistanaise reste à un niveau indiquant que la probabilité d’un défaut est jugée très importante, à 47,42%. Ce niveau était tombé sous les 40% mi-janvier.

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