
Le marché primaire du crédit n’a pas totalement récupéré
Le marché obligataire crédit a effacé une grande partie de sa correction et le marché primaire a poursuivi sa reprise. «Le marché des nouvelles émissions a été très actif au cours des trois dernières semaines et demie, affichant les volumes les plus importants cette année», note Juan Valencia, stratégiste chez Société Générale CIB. Plus de 9 milliards d’euros ont ainsi été émis la semaine passée après les plus de 20 milliards levés la semaine précédente. Malgré un début de mois faible en raison de la crise ukrainienne, le volume émis en mars égale celui de mars 2021, à 44 milliards, selon SG CIB.
Le regain d’appétit des investisseurs pour le risque a facilité cette reprise avec un afflux de demandes, le marché primaire étant la meilleure solution pour investir dans le crédit. Le secondaire est resté peu liquide. Mais la robustesse des carnets d’ordres, pour les noms les mieux notés ou les formats ESG (environnement, social et gouvernance) a entraîné des resserrements de spreads massifs entre les indications de prix initiales et les conditions définitives. Avec des phénomènes de réduction des livres d’ordres à la fin du placement, certains investisseurs retirant leur ordre.
«Les investisseurs qui raisonnent en spread comme les gérants peuvent ne pas être satisfaits par le prix. En revanche, les compagnies d’assurance, qui raisonnent en termes de rendement, sont demandeuses», indique un investisseur. Les obligations investment grade (IG) euro corporate offrent 1,6%, plus du double du début d’année. La semaine passée, le groupe Sanofi a même émis une obligation à 3 ans avec un spread à l’émission nul (flat), une première sur le marché euro.
«Il est facile de conclure que les marchés du crédit tournent sur tous les cylindres. Mais il y a encore des domaines qui doivent s’améliorer», juge Juan Valencia. D’abord, le niveau de la prime d’émission (écart par rapport à la courbe secondaire) qui reste élevé à 23 points de base (pb) en moyenne. Ensuite, le marché reste fermé pour les émetteurs les moins bien notés : cinq semaines sans émission sur le segment high yield (HY). Des entreprises ayant une notation partagée (split) en IG et HY ne peuvent pas toutes lever de la dette, à l’image du report de l’émission d’Immobiliare Grande. Pour Juan Valencia, sans évolution de ce côté, on ne pourra pas dire que le marché a retrouvé son bon fonctionnement. Les banques affirment que les émissions HY pourraient reprendre vite grâce à la stabilisation du marché.
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