
Le marché ne prend pas en compte le risque de récession

Tous les clignotants sont au rouge. L’inflation à un niveau élevé, le conflit en Ukraine, les confinements en Chine, le tout dans un contexte de resserrement des politiques monétaires : la crainte d’une récession n’est plus très loin. «Alors que la Fed renforce son attitude restrictive, la volatilité du marché qui en résulte et les épisodes d’inversion de la courbe des taux montrent que les investisseurs anticipent des conditions financières de plus en plus strictes», soulignent les stratégistes de Guggenheim Investments.
Si les signes se multiplient, et que la probabilité d’une récession a augmenté, peu de professionnels, à l’instar des spécialistes de Guggenheim, anticipent un tel scénario cette année. Même si certains l’anticipent fin 2023 aux Etats-Unis, le risque étant encore plus marqué en Europe en raison de la proximité du conflit ukrainien et de l’impact direct de la hausse des prix de l’énergie et du risque d’un embargo sur le gaz.
Sur les marchés, les différentes classes d’actifs n’intègrent pas une telle hypothèse. Les marchés de taux se sont ajustés par rapport au risque sur l’inflation (courbes long terme) et au resserrement des politiques monétaires (maturités court terme). Le crédit tient compte de ces mouvements sur les taux et du retrait du soutien des banques centrales mais n’intègre pas le risque d’une récession et d’une hausse des taux de défaut. «Lors de ces phases, les spreads du high yield peuvent dépasser 1.000 points de base (pb)», indique Eléonore Bunel, responsable gestion taux chez Lazard Frères Gestion. La prime de risque du haut rendement européen est actuellement de 435 pb.
Volatil mais toujours performant
Le marché actions a quant à lui évolué de façon erratique ces dernières semaines mais il reste à des niveaux élevés et ne perd que 9% par rapport à ses plus hauts de début d’année (indice S&P 500) malgré la multiplication des risques sur la croissance. Les analystes anticipent toujours une progression des bénéfices de 9% cette année aux Etats-Unis comme en Europe. «Les taux réels encore très négatifs soutiennent les actifs risqués et en particulier les actions», affirment les stratégistes de Vontobel. En cas de récession, elles seraient les plus pénalisées.
Pour Guggenheim Investments, qui a analysé le comportement des différentes classes d’actifs avant les récessions, la bonne tenue des actions s’explique aussi parce que dans la première phase avant les récessions (la première année deux ans avant la récession) bénéficie d’une forte croissance. «Cela signifie des bénéfices sains pour les entreprises, un marché du travail stable, un faible nombre de défauts et de faillites d’entreprises, qui soutiennent tous la performance des actions et du crédit à haut rendement», expliquent ses stratégistes.
Position défensive
En revanche, l’année précédant la récession, les hausses des taux des banques centrales ont resserré les conditions financières et pesé sur la croissance. Les actifs à faible risque et à plus longue duration surperforment alors les secteurs plus risqués. «C’est à ce stade, à un an seulement de la récession, que les investisseurs devraient chercher à devenir plus défensifs», selon Guggenheim Investments. «Dans ce contexte marqué, à court terme, par une inflation vigoureuse, un resserrement des conditions financières et des pressions sur les revenus des ménages, nous pensons qu’une position défensive est appropriée. En conséquence, nous passons en sous-pondération sur les actions en plus du crédit», affirment les gérants de Fidelity International. La récession approche.
Plus d'articles du même thème
-
«Le potentiel des entreprises de taille moyenne devrait se libérer»
François Dossou, directeur de la gestion actions chez Sienna IM -
Les petites capitalisations enthousiasment Wall Street
Ce segment du marché a surperformé les grandes capitalisations depuis le rebond d’avril, avec une nette accélération en août sur les anticipations de baisses de taux de la Fed. Les valorisations sont désormais élevées et notamment conditionnées à la reprise du secteur manufacturier américain. -
L’IA pourrait devenir un outil d’investissement sur les sociétés cotées
Reputation Age s’est prêté à l’exercice sur la base des résultats semestriels du CAC 40. Les conclusions devraient inciter les émetteurs à encore mieux gérer leur communication pour éviter que des informations erronées n'induisent en erreur les systèmes d’intelligence artificielle.
ETF à la Une

Kraken étend son offre de trading actions et ETF à l'Union européenne
- Le rachat de Mediobanca menace la fusion des gestions de Generali et BPCE
- Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne
- Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
- Mistral AI lève 1,7 milliard d’euros et accueille ASML à son capital
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
Contenu de nos partenaires
-
Quoi de Neuf dans l’actualité Lifestyle du 15 septembre ?
Barbour s’acoquine avec la marque brésilienne FARM Rio, La Bonne Brosse élargit son terrain de jeu, Sézane brode une collection bohème avec Baziszt… La rédaction d’O2 vous livre un florilège des dernières actualités lifestyle. -
Ecce eco
Gouvernement de coalition : la rigueur budgétaire risque d’attendre – par Emmanuel Combe
Les membres de la coalition risquent de se livrer à une guerre d’usure lors des arbitrages budgétaires -
Identités
De la Kabylie à la présidence de Dauphine – par Hakim El Karoui
Le Prénom d'El Mouhoub Mouhoud (Seuil), un livre fin et tout en nuances qui raconte une trajectoire croisée entre la France et l’Algérie, l’exigence de connaissance et le monde universitaire français