Le gouverneur de la Banque du Japon laisse à son successeur le soin de réviser la politique monétaire

Contrairement aux attentes de marché, la BoJ a laissé sa politique de contrôle des rendements inchangée.
Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda
Le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, quittera son poste le 8 avril 2023  -  Bloomberg

Les inquiétudes sur la solvabilité de la Silicon Valley Bank ont quelque peu occulté la dernière réunion de politique monétaire du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda. Il faut dire que le gouverneur a laissé à son successeur le soin de négocier la sortie de la politique monétaire ultra accommodante, se contentant d’indiquer lors de la conférence de presse que l’inflation japonaise n’était toujours pas ancrée, alors même qu’elle atteint son niveau le plus élevé depuis les années 80, à 4,3% en janvier. Le taux directeur n’a pas été relevé, ni la bande de contrôle du rendement (PCC) du titre à 10 ans.

Assouplissement

Comme lors de la réunion de janvier, les marchés avaient pourtant parié sur l’assouplissement de cette bande. Les rendements du titre à 10 ans ont chuté de 11 points de base, à 0,39%, suite à la réunion de vendredi, ce qui indiquerait que les investisseurs ont été forcés de couvrir leurs positions courtes, estime Nomura. De fait, le yen s’est légèrement affaibli à 137 pour un dollar, un mouvement beaucoup moins important que ce que le rebond des taux suggérerait. Des achats d’actifs sûrs, déclenchés par les tensions sur la Silicon Valley Bank, ont pu aussi soutenir la devise.

La spéculation sur l’abandon de la PCC n’ira qu’en s’accroissant avec le passage de relais au nouveau gouverneur, Kazuo Ueda. Les montants de titres achetés par la BoJ pour défendre l’objectif face aux marchés a atteint un record en janvier, déformant le fonctionnement des marchés obligataires japonais. D’après les résultats de la dernière enquête trimestrielle de la BoJ sur le marché obligataire, la perception sur le fonctionnement du marché a atteint son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2015.

Les auditions du futur gouverneur, un quasi-inconnu avant sa nomination, ont aussi permis d’éclairer sa compréhension de la PCC. S’il n’a pas beaucoup évoqué les effets secondaires des taux négatifs, il a été beaucoup plus explicite sur les impacts de la PCC, lors de son passage le 24 février devant la Diète (parlement japonais). Même si les perspectives d’inflation ne s’améliorent pas, «la BoJ pourrait devoir envisager un format plus durable pour l’assouplissement monétaire, en tenant compte des effets secondaires» de la PCC, a-t-il indiqué.

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Surprise

Le consensus table désormais sur un assouplissement de la PCC lors de la deuxième réunion de politique monétaire du gouverneur Ueda, le 15 juin. La fenêtre d’ajustement se réduit : il sera difficile à la BoJ d’assouplir sa politique monétaire dès lors que l’économie américaine ralentira durablement, ce qui pourrait avoir lieu dès la seconde partie de cette année. Deutsche Bank rappelle toutefois que les ajustements à la PCC sont par définition plus efficaces lorsqu’ils surprennent les marchés, et qu’il n’est donc pas impossible que la BoJ ait recours à une réunion de politique monétaire imprévue si la PCC devient intenable ou que Kazuo Ueda estime qu’un changement n’est pas possible autrement.

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