
Le gouverneur de la Banque du Japon laisse à son successeur le soin de réviser la politique monétaire

Les inquiétudes sur la solvabilité de la Silicon Valley Bank ont quelque peu occulté la dernière réunion de politique monétaire du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda. Il faut dire que le gouverneur a laissé à son successeur le soin de négocier la sortie de la politique monétaire ultra accommodante, se contentant d’indiquer lors de la conférence de presse que l’inflation japonaise n’était toujours pas ancrée, alors même qu’elle atteint son niveau le plus élevé depuis les années 80, à 4,3% en janvier. Le taux directeur n’a pas été relevé, ni la bande de contrôle du rendement (PCC) du titre à 10 ans.
Assouplissement
Comme lors de la réunion de janvier, les marchés avaient pourtant parié sur l’assouplissement de cette bande. Les rendements du titre à 10 ans ont chuté de 11 points de base, à 0,39%, suite à la réunion de vendredi, ce qui indiquerait que les investisseurs ont été forcés de couvrir leurs positions courtes, estime Nomura. De fait, le yen s’est légèrement affaibli à 137 pour un dollar, un mouvement beaucoup moins important que ce que le rebond des taux suggérerait. Des achats d’actifs sûrs, déclenchés par les tensions sur la Silicon Valley Bank, ont pu aussi soutenir la devise.
La spéculation sur l’abandon de la PCC n’ira qu’en s’accroissant avec le passage de relais au nouveau gouverneur, Kazuo Ueda. Les montants de titres achetés par la BoJ pour défendre l’objectif face aux marchés a atteint un record en janvier, déformant le fonctionnement des marchés obligataires japonais. D’après les résultats de la dernière enquête trimestrielle de la BoJ sur le marché obligataire, la perception sur le fonctionnement du marché a atteint son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2015.
Les auditions du futur gouverneur, un quasi-inconnu avant sa nomination, ont aussi permis d’éclairer sa compréhension de la PCC. S’il n’a pas beaucoup évoqué les effets secondaires des taux négatifs, il a été beaucoup plus explicite sur les impacts de la PCC, lors de son passage le 24 février devant la Diète (parlement japonais). Même si les perspectives d’inflation ne s’améliorent pas, «la BoJ pourrait devoir envisager un format plus durable pour l’assouplissement monétaire, en tenant compte des effets secondaires» de la PCC, a-t-il indiqué.
A lire aussi: Le futur gouverneur de la Banque du Japon accepte un poste difficile
Surprise
Le consensus table désormais sur un assouplissement de la PCC lors de la deuxième réunion de politique monétaire du gouverneur Ueda, le 15 juin. La fenêtre d’ajustement se réduit : il sera difficile à la BoJ d’assouplir sa politique monétaire dès lors que l’économie américaine ralentira durablement, ce qui pourrait avoir lieu dès la seconde partie de cette année. Deutsche Bank rappelle toutefois que les ajustements à la PCC sont par définition plus efficaces lorsqu’ils surprennent les marchés, et qu’il n’est donc pas impossible que la BoJ ait recours à une réunion de politique monétaire imprévue si la PCC devient intenable ou que Kazuo Ueda estime qu’un changement n’est pas possible autrement.
Plus d'articles Japon
-
L’inflation commence à s’ancrer au Japon
Les syndicats vont demander des hausses de salaires record lors des négociations de cette année -
Le prochain gouverneur de la Banque du Japon reste prudent dans ses déclarations
Auditionné pendant près de trois heures devant le Parlement japonais qui doit approuver sa nomination, Kazuo Ueda, le candidat au poste de gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) a mis en garde contre toute solution magique pour produire une inflation stable et normaliser la politique tout en se tenant au scénario actuellement avancé par l’institution. -
Le Japon enregistre son pire déficit commercial
Le déficit commercial du Japon s’est creusé pour atteindre un niveau record de 3.497 milliards de yens en janvier (24,4 milliards d’euros), après 2.199 milliards de yens le même mois un an plus tôt (+59%), alors que le consensus craignait un écart de 3.871 milliards.
Contenu de nos partenaires
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Editorial
Motion de censure: Macron et le poison des trois paradoxes
Premier paradoxe, démontrer qu'une majorité alternative n'existe pas ne renforcera pas pour autant l'actuelle majorité relative, abîmée par trois mois d'hystérie sur les retraites -
Sous haute tension
Les banques européennes soumises à un stress test grandeur nature
Les opérations de sauvetages menées tambour battant en Suisse et aux Etats-Unis peinent à convaincre les investisseurs -
Faire durer le plaisir
Motion de censure: le supplice chinois de la macronie
Après la journée chaotique de jeudi, Elisabeth Borne devra remonter à la tribune de l'Assemblée lundi, pour l'examen d'une motion de censure transpartisane visant à faire tomber son gouvernement. Les macronistes, trompés par LR, ont dû reprendre leurs esprits et leur calculatrice