
La taxe Covid britannique donne un coup de canif aux promesses de Boris Johnson
La rumeur d’une nouvelle taxe Covid prenait de l’ampleur depuis quelques jours au Royaume-Uni. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a bien annoncé mardi la création à venir d’une taxe de 1,25%, qui augmentera le taux de cotisation sociale à la fois pour les salariés et les entreprises, donc de 2,5% sur les salaires en tout. Actuellement, les premiers payaient une assurance nationale entre 12% et 14% selon leur niveau de salaire – qui s’ajoute à l’impôt sur le revenu –, en plus des quelque 10% pour l’entreprise, pour un total d’environ 22,7%, bien inférieur (hors cotisation au fonds de pension) à d’autres pays comme la France (45% à 48% de prélèvements). Cette nouvelle taxe concernera environ 25 millions de salariés, à partir de 20.000 livres de salaire annuel, et servira à financer le système de protection sociale et de santé britannique : elle serait opérationnelle à partir du nouvel exercice budgétaire (avril 2022) et pourrait générer, selon le gouvernement, près de 12 milliards de livres par an (36 sur trois ans).
«Nous l’avions un peu vu venir : la politique sans taxe (Singapore on Thames) voulue par le gouvernement avec le Brexit apparaissait impossible à tenir avec la crise et il fallait trouver de nouvelles recettes, commente Bruno De Moura-Fernandes, économiste Western Europe chez Coface. Le budget du système de santé (NHS) a été très peu soutenu depuis 2010 (+0,6% par an) et comme ses dépenses augmenteront de 5,4 milliards dans les six prochains mois pour réduire les listes d’attentes – notamment pour les opérations moins urgentes à l’hôpital – puis de 3,6% par an, cela ne résoudra pas ses problèmes antérieurs, faute de réforme depuis plusieurs années.» Le projet prévoirait un plafond de frais de santé qu’un individu pourrait payer tout au long de sa vie, plafond limité à 86.000 livres mais sans certains frais comme l’hébergement en maison de santé. Et pour ne pas accentuer le déséquilibre avec le capital, le taux d’imposition sur les dividendes des actionnaires augmenterait symboliquement de 1,25% (pour environ 600 millions de livres de recettes).
Malgré une situation exceptionnelle «et la conscience des besoins de dépenses en infrastructures et dans le social», poursuit Bruno De Moura-Fernandes, cette nouvelle taxe va susciter des critiques. Dans le camp conservateur, où la majorité est déjà fragilisée, puisque la campagne électorale 2019 s’appuyait sur la promesse de ne pas augmenter les impôts – le gouvernement avait déjà surpris en annonçant en mars une hausse progressive de l’impôt sur les sociétés (IS) de 19% à 25% des bénéfices (au-delà de 250.000 livres) à partir de 2023. Certains patrons ont affirmé que ces charges supplémentaires pourraient dissuader les embauches. Le camp travailliste a fait savoir qu’il ne soutiendra pas cette nouvelle taxe parce qu’elle toucherait encore trop de bas salaires et de jeunes (et pas les retraités) – certains avaient suggéré de récupérer un montant similaire en ajoutant 1,5% aux taux les plus élevés de l’impôt sur le revenu.
Devant le Parlement, qui pourrait voter ce projet mercredi, Boris Johnson s’est justifié en déclarant : «Ce serait une erreur de ma part de dire que nous pouvons financer cette reprise sans prendre des décisions difficiles mais responsables sur la manière dont nous la finançons.» Le gouvernement est par ailleurs très attendu sur une promesse du ministre des Finances Rishi Sunak de revoir pour le 27 octobre les dépenses ministérielles afin de les réduire de près de 15 milliards de livres au cours des quatre prochaines années.
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