
La reflation va continuer de nourrir les valeurs cycliques et décotées

La consolidation subie par les marchés actions la semaine passée a rapidement été digérée. Cette semaine, les places boursières ont nettement rebondi, soutenues par les nouvelles rassurantes sur les vaccins, des données économiques meilleures qu’attendu, les bons résultats des entreprises et la perspective que le plan de soutien économique américain promis par Joe Biden sera rapidement adopté.
Europe et régions émergentes sont privilégiées
Ce contexte favorable a redonné corps à la thématique de la reflation qui semblait s’être quelque peu dégonflée ces dernières semaines. «Le fait que les actions européennes et les devises émergentes ont culminé début janvier a mis en évidence les craintes des investisseurs à propos de la reflation mondiale bien avant que le ‘short squeeze’ n’oblige certains hedge funds à réduire leurs expositions, ce qui s’est répercuté sur tous les marchés», soulignait en début de semaine dans une note John Normand, stratégiste chez JPMorgan, pour qui les problèmes qui affectent l’Europe et les émergents sont transitoires. Ces deux régions sont privilégiées par les investisseurs jouant le thème de la reflation.
Energie et banques sont les plus performantes
Celui-ci de nouveau été en vue cette semaine avec une nouvelle hausse des anticipations d’inflation aux Etats-Unis mais aussi en Europe (les break-even d’inflation allemand et italien à 10 ans ont atteint des plus hauts de 2 ans) et la poursuite de la repentification des courbes de taux, notamment américains. «La pente 2 ans-10 ans, qui est l’un de nos indicateurs cycliques favoris, s’est repentifiée davantage, atteignant un plus haut de trois ans à 102 points de base (pb)», note Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. La pente 5 ans-30 ans atteint même un plus haut depuis octobre 2016. La reflation est aussi visible dans la performance sectorielle des actions. Ainsi, à Wall Street, alors que l’indice S&P 500 a terminé quasiment étale mercredi, «sous la surface, nous avons eu un retour du pari pro-cyclique, l’énergie (+4,3%) et les banques (+1,7%) étant parmi les secteurs les plus performants», note Jim Reid. Une hiérarchie également visible au niveau mondial et européen, même si la performance des valeurs de croissance a été soutenue par les bons résultats des géants du net.
«Il y a une cohérence dans le marché par rapport à cette dynamique cyclique, affirme Samy Chaar, économiste chez Lombard Odier. Bien sûr, il y a toujours des à-coups, comme la semaine passée, et il y en aura encore, mais cela n’invalide pas la situation de reprise cyclique à partir du moment où l’on sait qu’il y a de la lumière au bout du tunnel grâce aux vaccins». Et les portefeuilles sont positionnés en conséquence. «La reprise de l’activité en cours depuis l’été 2020 va se poursuivre cette année», note Adrien Pichoud, chef économiste chez Syz, qui estime que l’économie, dans un cycle structurel de faible croissance et faible inflation, est néanmoins soumise régulièrement à des mini-cycles. Celui provoqué par le Covid-19 en est un. «Il y a une fenêtre de six à neuf mois qui offre une opportunité de s’éloigner de façon tactique des paris structurels sur les valeurs de croissance», poursuit l’économiste pour qui l’industrie, l’énergie, les matières premières, les financières et les actifs émergents vont tirer parti de ce scénario de reflation. Au-delà des secteurs, ce dernier privilégie les marchés les plus cycliques : zone euro, Royaume-Uni et Japon. De son côté, Samy Chaar, privilégie les petites et moyennes valeurs, les émergents également et les entreprises industrielles européennes.
Le rebond de la value a une limite
Au-delà du rebond cyclique se pose la question de la reprise du style «value», les valeurs décotées, dont l’écart avec le style croissance ne s’est pas réduit. Un véritable serpent de mer sur les marchés. «Nous voyons du potentiel à la fois dans les valeurs cycliques mais aussi value, indique Adrien Pichoud. A mesure que les craintes sur l’environnement économique vont se dissiper, avec l’allègement des restrictions et le déploiement des vaccins, confortant le sentiment que la dynamique cyclique est en place, cela va bénéficier aux secteurs value».
«En début de cycle, comme aujourd’hui, nous avons généralement une reprise conjointe des cycliques et des value, ce d’autant que la reflation s’accompagne d’une hausse des taux mais à condition qu’elle ne soit pas trop brutale, ce qui bénéficie à des secteurs très value comme la banque», ajoute Samy Chaar. Ce dernier rappelle en effet que le rebond de la value a une limite, celle de la repentification de la courbe : «Dans un cycle normal de reprise nous avons une repentification de 150 à 200 pb sur la courbe des taux américains. Nous avons déjà repris 102 pb en un an. Il y a encore un potentiel jusqu’à 150 pb, après on aura atteint une certaine limite».
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Katmandou - Le 8 septembre, l’étudiant Aditya Rawal a vu 14 personnes tomber devant lui sous les balles de la police près du Parlement népalais où il manifestait contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement. Il s’est précipité, les mains en l’air, pour aider l’un de ses camarades quand il a été lui-même atteint à un bras et au ventre. «J’avais entendu quelque part qu’en levant les deux mains, ils ne nous tireraient pas dessus», raconte à l’AFP ce jeune spécialiste de marketing numérique de 22 ans, depuis son lit d’un hôpital de la capitale Katmandou. «Mais j'étais leur cible», ajoute-t-il. Ce lundi-là, Aditya Rawal avait rejoint le cortège de milliers de jeunes, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient un gouvernement à leur yeux corrompu et incapable de satisfaire leurs exigences, notamment en matière d’emploi. Plus de 20% des jeunes Népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale. «Il y avait eu beaucoup de manifestations auxquelles participaient des personnes plus âgées, mais lors de la nôtre, ils ont eu recours à des armes à feu», se désole-t-il. Au lendemain de la manifestation, la colère s’est prolongée dans les rues de la capitale, où les principaux symboles du pouvoir - Parlement, bâtiments gouvernementaux, résidences d'élus - ont été incendiés ou détruits. Selon le dernier bilan officiel, ces émeutes, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie au Népal en 2008, ont fait au moins 72 morts. Et 191 blessés étaient encore hospitalisés dimanche, comme Aditya Rawal. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner, remplacé vendredi par l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kalki, 73 ans, à la tête d’un gouvernement provisoire jusqu’aux élections prévues le 5 mars 2026. «Du courage» L’infirmière Usha Khanal, 36 ans, raconte avoir soigné des blessés avec des gants «imbibés de sang» au milieu des gaz lacrymogènes tirés à proximité par les forces de l’ordre. L’hôpital public de Katmandou a admis 458 manifestants blessés, six y sont morts dont quatre âgés de moins de 30 ans. «Nous voulons un gouvernement transparent, sans corruption et pas une dictature», met en garde Aditya Rawal. «S’il n’y a pas de changement, nous avons encore le temps de nous battre.» La cousine d’Aditya Rawal, Puja Kunwar, 20 ans, reste à son chevet depuis lundi. «Il a agi pour notre pays», assure la jeune femme, «cela me donne vraiment du courage». Dans le même service, Subash Dhakal, un manifestant de 19 ans grièvement blessé aux genoux, a été informé par ses médecins. Il devra rester alité pendant six mois. Les sacrifices des victimes «ne doivent pas être vains», souligne-t-il. «Ce que nous avons fait a fait tomber le gouvernement et permis d’en nommer un autre (...) nous ne voulons pas que le pays retourne en arrière». Sa mère enseignante dans une école publique, Bhawani Dhakal, 45 ans, lui avait donné de l’argent pour rejoindre en bus les manifestations depuis leur ville natale, à 30 km de Katmandou. Elle raconte avoir elle-même manifesté, il y a quelques mois, avec des collègues contre un projet de loi sur l'éducation. Sans résultat. «C’est incroyable qu’ils aient réussi à susciter un tel changement en seulement vingt-quatre heures», se félicite-t-elle. «Nos enfants ont fait partir tous les dirigeants corrompus.» Subash Dhakal est tout aussi fier. «Je n’ai aucun regret,» affirme-t-il. «Je ne l’ai pas fait que pour moi mais pour tout le monde, de ma famille à tous les frères. La douleur (de ma blessure) est éphémère, elle aura surtout permis des changements». Glenda KWEK and Anup OJHA © Agence France-Presse -
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