
La production mondiale de céréales et d’oléagineux reste stable

La sécheresse qui sévit en Europe devrait certes affecter les rendements de l’ensemble des cultures céréalières et oléagineuses, mais les autres régions de production affichent des perspectives de récolte plutôt positives, selon les dernières prévisions publiées par le USDA (US Department of Agriculture). Ainsi la production mondiale de maïs devrait rester relativement inchangée par rapport à la précédente récolte, à 1.179 millions de tonnes, notamment grâce au Brésil, à l’Argentine, à l’Afrique du sud ou encore l’Ethiopie. Bien qu’en baisse, les prévisions pour l’Ukraine – 30 millions de tonnes - constituent une bonne nouvelle. « Malgré le conflit, malgré le fait que la surface mise en semence soit inférieure à l’an passé, l’Ukraine dispose d’un potentiel de récolte équivalent à celui de 2020 », commente Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d’Agritel. Dans les autres régions de production, les prévisions sont à la baisse, à commencer par l’Union européenne, dont la récolte devrait chuter de 15%. Les rendements des agriculteurs américains pourraient également pâtir de la sécheresse. « Le rapport USDA a mis en avant le fait que les Etats-Unis ont revu leurs rendements à la baisse, ce qui se traduit par une diminution estimée de production de 4 millions de tonnes. Ce n’est pas un signal positif, et cette incertitude va continuer à alimenter le marché », souligne Gautier Le Molgat.
Stocks mondiaux de blé au plus bas depuis six ans
Bien qu’en hausse de plus de 4 millions de tonnes, la production mondiale de blé ne couvrira pas la demande, évaluée à 788 millions de tonnes, amenant les stocks mondiaux à leur niveau le plus bas depuis six ans. Le Canada, dont la précédente récolte avait été affectée par la sécheresse, devrait renouer avec une production équivalente à la saison 2020-2021 (+62%). Près de 50% de la récolte en Russie (en hausse de 17% à 88 millions de tonnes) pourrait être réservée à l’exportation. « Certains analystes russes sont même mieux disants que le USDA. Mais la Russie pourra-t-elle exporter 42 millions de tonnes ? Au cours des derniers mois, même en faisant abstraction des sanctions occidentales, les échanges ont été bloqués par le manque d’acheteurs. En outre les exportateurs se trouvent toujours sous le coup de taxes variables sur les exportations très pénalisantes », explique Gautier Le Molgat. Moscou a annoncé au mois de juillet vouloir modifier ces taxes afin d’améliorer la compétitivité des céréales russes.
Quant au soja, les perspectives sont au beau fixe, avec une hausse de la production mondiale de 11%. La récolte chinoise pourrait bondir de 12%. « Nous sommes surpris par les prévisions optimistes du USDA, pour les Etats-Unis comme pour la Chine, alors que nous observons une dégradation des conditions de culture. Ces estimations permettent aux stocks de franchir le seuil psychologique des 100 millions de tonnes, et se traduisent par une détente sur les marchés. Cependant, même si les rendements américains n’étaient pas conformes aux prévisions, les perspectives de récolte restent bonnes, au moins équivalentes à la dernière saison », pondère Gautier Le Molgat.
La question des intrants
A plus long terme, le coût des intrants et notamment celui des engrais pourrait peser sur la récolte 2023-2024, un moindre recours aux engrais entraînant une baisse des rendements. « L’indice des prix des engrais établi par la Banque mondiale a augmenté de près de 15% depuis le début de l’année, tandis que les prix ont plus que triplé par rapport à il y a deux ans », souligne dans une note de blog Juergen Voegele, vice-président pour le Développement durable de la Banque mondiale. Le 16 août, certains pays producteurs de cacao du continent africain ont alerté sur le fait que leurs agriculteurs allaient être dans l’incapacité d’utiliser des engrais en raison de la hausse des prix. En outre, le risque de pénurie d’engrais ne peut pas être écarté. « Beaucoup de doutes subsistent quant à la capacité de production des usines d’engrais en cas de coupure de gaz », explique Gautier Le Molgat.
L’évolution du Dow Jones Commodity Index Grains (-3% depuis le début du trimestre) traduit une légère détente sur les marchés à terme, en lien avec ces anticipations de récoltes. Cependant la tendance reste fragile. Tout dysfonctionnement dans le corridor de sécurité mis en place en mer Noire mettrait en péril une grande partie des approvisionnements. Or le transit reste insuffisant au regard des besoins : en l’espace de deux semaines, 16 navires transportant 500.000 tonnes de céréales ont quitté les ports ukrainiens, selon Yuriy Vaskov, le vice-ministre des infrastructures d’Ukraine.
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Strasbourg - Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une «rupture» avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg. Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer «a priori» mais d’abord «écouter le discours de politique générale» de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen. «Soit il y a rupture, soit il y aura censure», a-t-il résumé. Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la «France qui travaille», a-t-il souligné. Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois «aucune illusion» et juge le bail du nouveau chef du gouvernement «très précaire». © Agence France-Presse -
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Paris - Au coeur du jeu politique, le Parti socialiste met la pression sur Sébastien Lecornu, proche d’Emmanuel Macron, et pose de strictes conditions pour ne pas le censurer, alors que La France insoumise l’accuse déjà de jouer les supplétifs de la macronie. Le patron des socialistes Olivier Faure sait que le nouveau Premier ministre a besoin de sa mansuétude pour ne pas être rapidement renversé, d’autant que le Rassemblement national a choisi de faire de la dissolution de l’Assemblée son nouveau cheval de bataille. Alors qu’Emmanuel Macron a lui-même enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de «travailler avec les socialistes», le patron du PS a déjà refusé de participer à un gouvernement avec le bloc central et Les Républicains. Hors de question également pour les socialistes de rejouer les «petits ajustements» de février dernier, lorsque le parti avait négocié avec François Bayrou sur le budget 2025, s’attirant les foudres du reste de la gauche. Première condition mise sur la table: que le nouveau chef du gouvernement s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption d’un texte sans vote de l’Assemblée, pour démontrer «que la méthode change» et faire des compromis. Une exigence qui sera difficile à tenir pour le nouveau locataire de Matignon, aucun budget n’ayant pu être adopté sans 49.3 depuis 2022, faute de majorité. Le PS espère aussi obtenir de Sébastien Lecornu qu’il intègre dans le budget une partie des propositions socialistes présentées fin août, pour réorienter la politique économique du gouvernement vers plus de justice fiscale. Le Parti socialiste propose notamment de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux marqueurs de gauche vus comme des lignes rouges par le bloc central. Pour le député Laurent Baumel, Sébastien Lecornu doit clairement montrer «qu’il a compris et qu'à travers lui le Président de la République a compris qu’il n’y a plus de totem, plus de tabou sur le bilan du macronisme». De quoi laisser pessimistes de nombreux socialistes. Certains plaident d’ailleurs pour une censure directe, sans aucune négociation. Cette fois «un accord avec nous sera super cher. Nous ferons payer 1.000 balles les billets de 10 balles», promet le député (PS) de l’Eure Philippe Brun. «Humiliés» En février, le texte sur la table sortait de la commission mixte paritaire députés/sénateurs. «On ne pouvait par rajouter des mesures, mais juste enlever» les plus irritantes. «Là on part d’une copie blanche», explique-t-il. «La dernière fois on a été humilié, bafoué», se remémore Luc Broussy, président du conseil national du PS. Avec la «provocation» des propositions budgétaires de François Bayrou le 15 juillet, évoquant 44 milliards d’efforts budgétaires et la suppression de deux jours fériés, puis la nomination de Sébastien Lecornu, «ils ont eux-mêmes monté notre niveau d’exigence», résume-t-il. Un autre député suggère de «ne pas se précipiter pour aller négocier» et d’attendre que les mouvements sociaux de septembre fassent «bouger les choses». Le nouveau Premier ministre a promis mercredi «des ruptures sur le fond», lors de la passation de pouvoir à Matignon. Mais «sans justice fiscale, sociale, écologique, sans mesure pour le pouvoir d’achat, sans mise à contribution des très gros patrimoines, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets», à savoir la censure, a prévenu le patron des députés socialistes Boris Vallaud sur RTL. Cette censure entraînerait probablement une dissolution, que le PS «ne souhaite pas» mais «ne redoute pas», a-t-il affirmé. Le PS sait qu’il joue gros face à ses autres partenaires de gauche, encore moins enclins qu’eux à laisser une chance à un troisième Premier ministre du socle commun en un an. «A partir du moment où c’est Lecornu qui est nommé, on n’a pas confiance», explique une écologiste. La France insoumise, qui a déjà fait aux socialistes un procès en traîtrise lors des négociations avec François Bayrou, les a aussitôt accusés d’avoir «pavé de roses le chemin de Lecornu vers Matignon». Le parti de Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il déposerait une motion de censure à l’Assemblée dès le premier jour de la rentrée parlementaire. Et ils sommeront les socialistes de la voter. Cécile AZZARO © Agence France-Presse