La production mondiale de céréales et d’oléagineux reste stable

Malgré les aléas climatiques, les prévisions de productions céréalières et oléagineuses sont bonnes mais l’acheminement des exportations en provenance de la région de la mer Noire, toujours incertain, continue de peser sur les prix.
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Bien qu’en hausse de plus de 4 millions de tonnes, la production mondiale de blé ne couvrira pas la demande.  -  Photo Couleur/Pixabay

La sécheresse qui sévit en Europe devrait certes affecter les rendements de l’ensemble des cultures céréalières et oléagineuses, mais les autres régions de production affichent des perspectives de récolte plutôt positives, selon les dernières prévisions publiées par le USDA (US Department of Agriculture). Ainsi la production mondiale de maïs devrait rester relativement inchangée par rapport à la précédente récolte, à 1.179 millions de tonnes, notamment grâce au Brésil, à l’Argentine, à l’Afrique du sud ou encore l’Ethiopie. Bien qu’en baisse, les prévisions pour l’Ukraine – 30 millions de tonnes - constituent une bonne nouvelle. « Malgré le conflit, malgré le fait que la surface mise en semence soit inférieure à l’an passé, l’Ukraine dispose d’un potentiel de récolte équivalent à celui de 2020 », commente Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d’Agritel. Dans les autres régions de production, les prévisions sont à la baisse, à commencer par l’Union européenne, dont la récolte devrait chuter de 15%. Les rendements des agriculteurs américains pourraient également pâtir de la sécheresse. « Le rapport USDA a mis en avant le fait que les Etats-Unis ont revu leurs rendements à la baisse, ce qui se traduit par une diminution estimée de production de 4 millions de tonnes. Ce n’est pas un signal positif, et cette incertitude va continuer à alimenter le marché », souligne Gautier Le Molgat.

Stocks mondiaux de blé au plus bas depuis six ans

Bien qu’en hausse de plus de 4 millions de tonnes, la production mondiale de blé ne couvrira pas la demande, évaluée à 788 millions de tonnes, amenant les stocks mondiaux à leur niveau le plus bas depuis six ans. Le Canada, dont la précédente récolte avait été affectée par la sécheresse, devrait renouer avec une production équivalente à la saison 2020-2021 (+62%). Près de 50% de la récolte en Russie (en hausse de 17% à 88 millions de tonnes) pourrait être réservée à l’exportation. « Certains analystes russes sont même mieux disants que le USDA. Mais la Russie pourra-t-elle exporter 42 millions de tonnes ? Au cours des derniers mois, même en faisant abstraction des sanctions occidentales, les échanges ont été bloqués par le manque d’acheteurs. En outre les exportateurs se trouvent toujours sous le coup de taxes variables sur les exportations très pénalisantes », explique Gautier Le Molgat. Moscou a annoncé au mois de juillet vouloir modifier ces taxes afin d’améliorer la compétitivité des céréales russes.

Quant au soja, les perspectives sont au beau fixe, avec une hausse de la production mondiale de 11%. La récolte chinoise pourrait bondir de 12%. « Nous sommes surpris par les prévisions optimistes du USDA, pour les Etats-Unis comme pour la Chine, alors que nous observons une dégradation des conditions de culture. Ces estimations permettent aux stocks de franchir le seuil psychologique des 100 millions de tonnes, et se traduisent par une détente sur les marchés. Cependant, même si les rendements américains n’étaient pas conformes aux prévisions, les perspectives de récolte restent bonnes, au moins équivalentes à la dernière saison », pondère Gautier Le Molgat.

La question des intrants

A plus long terme, le coût des intrants et notamment celui des engrais pourrait peser sur la récolte 2023-2024, un moindre recours aux engrais entraînant une baisse des rendements. « L’indice des prix des engrais établi par la Banque mondiale a augmenté de près de 15% depuis le début de l’année, tandis que les prix ont plus que triplé par rapport à il y a deux ans », souligne dans une note de blog Juergen Voegele, vice-président pour le Développement durable de la Banque mondiale. Le 16 août, certains pays producteurs de cacao du continent africain ont alerté sur le fait que leurs agriculteurs allaient être dans l’incapacité d’utiliser des engrais en raison de la hausse des prix. En outre, le risque de pénurie d’engrais ne peut pas être écarté. « Beaucoup de doutes subsistent quant à la capacité de production des usines d’engrais en cas de coupure de gaz », explique Gautier Le Molgat.

L’évolution du Dow Jones Commodity Index Grains (-3% depuis le début du trimestre) traduit une légère détente sur les marchés à terme, en lien avec ces anticipations de récoltes. Cependant la tendance reste fragile. Tout dysfonctionnement dans le corridor de sécurité mis en place en mer Noire mettrait en péril une grande partie des approvisionnements. Or le transit reste insuffisant au regard des besoins : en l’espace de deux semaines, 16 navires transportant 500.000 tonnes de céréales ont quitté les ports ukrainiens, selon Yuriy Vaskov, le vice-ministre des infrastructures d’Ukraine.

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