La Maison-Blanche s’offre un sursis budgétaire

Le Congrès devrait voter une suspension de trois mois du plafond de la dette et une extension similaire du budget, repoussant des négociations aux enjeux importants.
Bastien Bouchaud

Donald Trump continue à surprendre. En acceptant la proposition des démocrates sur le vote d’une suspension du plafond de la dette jusqu’au 8 décembre, et d’un budget provisoire pour la même période, le président américain est allé à l’encontre des vœux de son propre parti. «Tout ce que cela signifie réellement c’est que même s’il est peu probable que les Etats-Unis fassent un jour défaut sur des Treasury bills, cette décision repousse ce risque plus loin sur la courbe», explique Jerome Schneider, à la tête de l’activité financement de court terme chez Pimco. La réaction a été sensible sur le marché des titres courts américains, où les T-bills arrivant à maturité le 28 décembre ont vu leur rendement grimper de 9 points de base (pb) à 1,10%, avant de revenir à 1,06%. A l’inverse, les T-bills expirant le 5 octobre se sont renchéris, faisant reculer leur rendement de 21 pb à 1,018%.

L’ensemble de ces décisions doivent être votées au sein d’un seul texte comprenant également un premier volet d’aide financière pour la Fema de 15,2 milliards de dollars, l’agence gouvernementale en charge de la gestion des catastrophes naturelles ayant épuisé ses ressources après Harvey alors que l’ouragan Irma devrait durement toucher la Floride ce week-end. Une partie des républicains exigeait une réduction des dépenses fédérales avant de soutenir un relèvement du plafond de la dette, ce qui présage de nouvelles négociations tendues en décembre. «Le risque de shutdown s'éloigne à court terme, mais les négociations budgétaires ne font que commencer», rappellent les analystes d’Aurel BGC dans une note publiée hier. L’usage de mesures exceptionnelles par le Trésor américain pourrait repousser au premier trimestre 2018 la date limite pour relever le plafond de la dette, laissant la question du budget à régler en décembre pour éviter une fermeture temporaire des administrations.

Pour certains, cette première concession faite aux démocrates ouvre la porte à de futures avancées sur le plan législatif, notamment sur la réforme de la fiscalité. «Le marché anticipe moins d’immobilisme à Washington», souligne Alex Li, en charge de la stratégie taux au Crédit Agricole. Sur ce plan, les prochaines semaines devraient apporter plus de clarté. Paul Ryan, le chef de la majorité républicaine à la chambre des représentants, a indiqué dans une interview au New York Times hier que les grandes lignes de la réforme de la fiscalité seront prochainement dévoilées, fixant pour objectif un taux d’impôt sur les sociétés de 22,5%.

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