
La faible volatilité sur les actions alimente la complaisance du marché

Les marchés actions volent de record en record, ignorant les mesures de restriction sanitaires toujours en place et la hausse des contaminations dans certaines régions. Les investisseurs ne veulent plus voir que la reprise économique à venir. «Les marchés actions restent portés par les perspectives d’un fort rebond économique en 2021, rendu possible par le déploiement des campagnes de vaccination à travers le monde», notent les gérants d’Edmond de Rothschild AM (Edram).
Le Fonds monétaire international vient de revoir en hausse sa prévision de croissance mondiale à 6% pour cette année et 4,4% pour 2021, pour prendre en compte notamment une plus forte reprise aux Etats-Unis grâce au plan de soutien de 1.900 milliards de dollars. Le bond de la confiance des investisseurs en Europe (indice Sentix) «reflète leur optimisme concernant une solide reprise économique mondiale», jugent les économistes d’Oxford Economics.
Contexte favorable
Les actions sont non seulement soutenues par les perspectives économiques et le déploiement des vaccins dans les pays développés mais aussi par les perspectives bénéficiaires (les bénéfices des entreprises devraient croître de 34% en moyenne cette année dans le monde) ainsi que le maintien d’une politique monétaire accommodante aux Etats-Unis, comme l’a encore souligné le président de la Fed Jerome Powell, et en Europe.
Dans ce contexte, la volatilité a continué de diminuer. Après être passé sous la barre de 20, l’indice VIX(volatilité implicite à 30 jours du S&P 500) a atteint un plus bas depuis février 2020, à 16,7. Ce niveau peut paraître faible si l’on prend comme repère l’année qui vient de s’écouler, jusqu’à refléter une certaine complaisance de la part des investisseurs. De nombreux observateurs commencent à s’inquiéter du risque de consolidation des marchés après les récents records mais aussi parce que les investisseurs sont devenus extrêmement positifs sur les actions. Tous les secteurs de la cote, y compris les valeurs défensives, sont désormais achetés.
En prenant une perspective de long terme, le niveau de volatilité ne semblerait toutefois pas indiquer de tensions particulières sur les actions. «Les niveaux de volatilité ont chuté sur le marché américain, note Frédéric Rollin, conseiller en investissement chez Pictet AM. A 17, l’indice VIX est en dessous de la moyenne sur 30 ans, de 19.5. Cela témoigne du regain d’optimisme des investisseurs mais il n’atteint pas des niveaux particulièrement inquiétants qui indiqueraient une trop grande confiance des investisseurs. Il se situait en dessous de 10 en début d’année 2018, année défavorable aux actions.»
Pourtant la relative immunité des marchés actions aux mauvaises nouvelles (défaillance deGreensill, blocage du canal de Suez, deleveraging désordonné du fonds Archegos ou échec de l’introduction en Bourse de Deliveroo) qui dans un autre contexte auraient ébranlé les marchés force à s’interroger sur une certaine forme de complaisance. D’autant que les indicateurs montrant un marché en tension se multiplient.
Aux Etats-Unis, le sentiment des investisseurs particuliers, mesuré par l’indice AAII, atteint un plus haut depuis janvier 2018. Le pourcentage net actuel des répondants se disant acheteurs (bull) (moins les investisseurs pessimistes – bear) n’a été atteint qu’à deux reprises au cours des dix dernières années. «Une nouvelle flopée de records à Wall Street a rendu les investisseurs ‘retail’ extrêmement positifs», constate Jeroen Blokland, stratégiste chez Robeco ; qui rappelle que comme d’autres indicateurs de sentiment, qui sont également à des niveaux très tendus, l’indice AAII envoie généralement des signaux contrariants quand il se trouve à des niveaux extrêmes et qu’historiquement la performance de l’indice S&P 500 a ensuite été parmi les plus faibles.
Les investisseurs n’ont d’ailleurs pas été aussi acheteurs d’actions depuis plus d’une décennie. Ils ont injecté 576 milliards de dollars dans les fonds actions au niveau mondial au cours des cinq derniers mois, selon EPFR. C’est plus que les 452 milliards cumulés au cours des 12 dernières années, constate Bank of America qui recense un pourcentage record de 63,6% d’argent investi en actions sur la base des allocations de ses clients, contre 18,5% en obligations et 11,6% en cash.
Achats de protection
Une activité exceptionnelle sur le marché des options sur VIX au cours des dernières séances souligne davantage ces craintes. Un gros pari a été pris par un investisseur sur un rebond de la volatilité dans les prochains mois. Jeudi 9 avril, d’importants échanges sur les options sur VIX ont été effectués, selon Bloomberg. Des achats par blocs pour 200.000 contrats, soit le montant moyen quotidien échangé au cours du dernier mois. Des options à l’achat (call) au prix d’exercice de 25 avec une échéance juillet et des ventes de call à 40. En d’autres termes, cet investisseur, qui profite des niveaux bas du VIX et du faible coût de ces stratégies, anticipe un bond de la volatilité à 40 puis une baisse mais pas en dessous de 25. Ce type de position (achat de call vente de call) permet de réduire le coût de la stratégie.
Les risques dans le marché sont nombreux. Et les bonnes nouvelles semblent désormais bien intégrées.Or une poursuite de la hausse des taux longs, qui s’est atténuée depuis début avril (meilleure semaine pour les Treasuries depuis juin 2020), soutenue par la confirmation de la reprise et la poursuite de la hausse des anticipations d’inflation, pourrait de nouveau peser sur actions et plus particulièrement sur les valeurs de croissance, les plus chèrement valorisées. Le marché risque aussi d’ici l’été d’anticiper à nouveau un tapering de la Fed. «Nous maintenons une position de neutralité tactique sur les actions compte tenu des niveaux de faiblesse atteints par la volatilité, malgré la pause dans la hausse des taux d’intérêts à long terme et face aux annonces de hausse de la fiscalité des entreprises», indique Edram. La perspective d’une avancée majeure dans la taxation des multinationales pourrait changer la donne pour les marchés actions.
Plus d'articles du même thème
-
Le président d'Acadian Asset Management cède partiellement ses actions
Il reste toutefois l'actionnaire principal avec 22% du capital. -
Les gestions ne croient pas à une poursuite de la progression des Bourses
Le panel Actions table sur un léger recul du Nikkei et sur une stabilité du S&P 500 à un horizon de six mois. Les indices européens gagneraient moins de 4% sur la période, loin de rattraper leur retard. -
Les Sept Magnifiques sont portés par les «quatre fantastiques»
Nvidia, Alphabet, Meta et Microsoft continuent de tirer le secteur tech. Les performances d'Apple, Amazon et surtout Tesla sont plus mitigées. Pour toutes ces valeurs, les niveaux de valorisation inquiètent à nouveau.
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Yaël Braun-Pivet se dit prête pour Matignon et appelle à un «pacte de coalition»
Paris - La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite prête mardi à aller Matignon pour y mettre en oeuvre un éventuel «pacte de coalition», promettant si c'était le cas de gouverner sans faire usage du 49.3 et de demander d’emblée un vote de confiance. «Je ne suis pas candidate» pour Matignon, «en revanche je suis disponible pour œuvrer dans l’intérêt de mon pays», a affirmé sur RTL la députée Renaissance des Yvelines, alors que le Premier ministre François Bayrou doit présenter en fin de matinée sa démission au président de la République. «Si d’aventure, il fallait assumer cette mission-là, évidemment je ne rechignerais pas», a-t-elle aussi déclaré. Mme Braun-Pivet, qui reçoit à 9H30 les présidents des différents groupes politiques de l’Assemblée, plaide pour la conclusion entre ceux qui le souhaitent, d’un «programme d’action jusqu’en 2027". «Nous discuterons de cela et du fonctionnement de l’Assemblée nationale. Il n’y a pas une minute à perdre pour essayer de se mettre d’accord sur ce pacte de responsabilité et de stabilité», a-t-elle dit, soulignant l’urgence de doter la France d’un budget pour 2026. Si elle était nommée, Mme Braun-Pivet s’engagerait à renoncer à faire usage de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, qui permet de faire adopter des textes sans vote, et voudrait solliciter un vote de confiance de l’Assemblée. «Il faut le faire d’entrée de jeu sur le pacte de coalition pour que le pacte de coalition soit clair pour les Français, et que l’acceptation de la représentation nationale soit claire», a-t-elle soutenu. Pour atteindre une majorité absolue, Mme Braun-Pivet souhaite associer «les socialistes», les «écologistes» à la coalition gouvernementale actuelle. Sur le plan programmatique, la titulaire du perchoir a souligné qu’il faudrait faire des «compromis» et probablement revenir sur le projet de l’actuel gouvernement de réduire le déficit de 44 milliards d’euros en 2026. Elle a prôné l’abandon de la proposition de M. Bayrou de supprimer deux jours fériés, et souhaité l’adoption d’un «budget qui soit juste, équitable». © Agence France-Presse -
Olivier Faure refuse de dire si le PS censurerait un Premier ministre du camp présidentiel
Paris - Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, qui veut qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche, n’avait toujours pas été contacté mardi matin par le chef de l’Etat et a refusé de dire si le PS censurerait un Premier ministre du camp présidentiel. «Dans la nuit, je dormais sur mes deux oreilles et donc je n’ai pas entendu le téléphone sonner», a-t-il répondu sur France inter alors que le chef de l’Etat a annoncé sa volonté de nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours» après la chute de François Bayrou. Interrogé sur l’attitude du PS en cas de nomination d’un Premier ministre macroniste comme Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin, M. Faure a refusé de répondre. «Je ne vais pas rentrer dans un récit qui serait celui de dire ce que je ferais avec tel ou tel. Pour l’instant, nous devons revendiquer le pouvoir et faire en sorte que cette possibilité existe», a-t-il plaidé alors que le groupe socialiste, avec ses 66 députés, occupe un rôle pivot à l’Assemblée nationale. «Aujourd’hui nous voulons le changement. Faire en sorte que les Français qui expriment leur exaspération puissent enfin trouver un débouché politique à travers un changement qui ne peut pas être, de mon point de vue, la continuation de ce qu’on connaît depuis longtemps», a-t-il argumenté. © Agence France-Presse -
Dinh Van, Yves Salomon Éditions, Van Cleef… 3 expos qui valent le détour en septembre
Dinh Van s’expose chez Christie’s pour ses 60 ans, Yves Salomon invite Pierre Marie pour une pastorale textile à la Paris Design Week, Van Cleef & Arpels célèbre la nature à la Galerie du Patrimoine… La rédaction d’O2 vous propose trois expositions à découvrir en septembre.