La dépendance au gaz russe fragilise l’économie européenne

L’Europe est en première ligne dans la crise ukrainienne même si les liens commerciaux, hors hydrocarbures, et financiers avec la Russie sont faibles.
Xavier Diaz

Dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’Europe est en première ligne. «L’Europe est clairement plus vulnérable face à ce choc géopolitique», via sa dépendance au gaz russe, jugent les stratégistes d’Amundi, qui rappellent néanmoins que les liens économiques avec ces deux pays ne sont pas assez forts pour provoquer une récession dans la zone euro.

«Abstraction faite des importations d'énergie, les liens commerciaux entre la Russie et la zone euro ainsi que l’Union européenne (UE) sont plutôt faibles en termes de volume», confirment les économistes de Natixis. Les exportations de la zone euro vers la Russie au cours des 11 premiers mois de 2021 se sont élevées à environ 65 milliards d’euros (70 milliards d’euros en 2019), soit à peu près 3% des exportations totales et environ 0,5% du PIB. «Un effondrement complet du commerce avec la Russie ne suffirait pas en soi à mettre en péril la reprise», poursuit Natixis.

L’impact d’un effondrement des importations russes ou d’éventuelles barrières commerciales imposées par Moscou serait très modeste pour l'économie européenne. «A l’exception néanmoins des pays baltes et de la Finlande, qui, en raison de leur proximité et de leurs liens historiques, exportent une plus grande proportion de biens vers la Russie», indique Angel Talavera, économiste chez Oxford Economics.

Les liens financiers sont également limités. Trois banques européennes concentrent l’exposition au marché russe : Unicredit, la Société Générale et Raiffeisen Bank. «Leurs opérations dans le pays représentent une petite fraction de leur activité totale (moins de 3% du total d’actifs pondérés en fonction des risques dans le cas de SocGen et UniCredit, mais proche de 10% pour Raiffeisen)», précise l’économiste d’Oxford Economics qui juge le risque systémique pour l’ensemble du secteur bancaire européen faible.

Le vrai risque vient de la dépendance de l’Europe à une partie de son approvisionnement énergétique et du renchérissement de certaines matières premières (métaux et agricoles). A court terme, cela pourrait provoquer un choc de confiance qui pèserait sur la demande des ménages et des entreprises. «Nous n’anticipons pas de risque de récession mais les pressions inflationnistes vont mécaniquement s’intensifier avec la hausse des prix des matières premières, ce qui augmentera le risque de stagflation et compliquera l’action de la Banque centrale européenne (BCE)», estiment les stratégistes d’Amundi. En particulier, si le conflit s’intensifie.

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