La déconfiture de NMC Health suscite une nouvelle enquête sur EY

Le groupe hospitalier a dissimulé les deux tiers de sa dette. EY est déjà sous le coup d’une investigation du FRC au sujet de Thomas Cook.
Bruno de Roulhac

La pression monte autour du groupe hospitalier britannique NMC Health et de son commissaire aux comptes, Ernst & Young LLP. Le Financial Reporting Council (FRC), le régulateur comptable britannique, a annoncé hier qu’il avait ouvert dès le 15 avril une enquête sur l’audit de EY sur les comptes 2018 de NMC Health. A ce stade, «nous coopérerons pleinement avec le FRC pendant leur enquête. Il serait inapproprié de commenter davantage», a précisé EY. Coup dur pour le membre des Big Four déjà sous le coup d’une enquête du FRC pour les comptes du voyagiste Thomas Cook qui a fait faillite l’an dernier.

EY était dans le collimateur du FRC depuis que Muddy Waters a attaqué le groupe en décembre 2019, en prenant des positions à découvert arguant de «sérieux doutes» sur la communication financière du groupe d’hôpitaux. Déclarations qui ont fini par ébranlerNMC, contraint de mettre en place un comité indépendant chargé d’examiner la trésorerie du groupe. Le groupe a finalement révisé son niveau de dette, en réalité trois fois plus élevé que celui déclaré. Après avoir découvert des facilités de crédits et des prêts cachés, le groupe a révélé en mars que sa dette nette n'était pas de 2,1 milliards de dollars au 30 juin 2019, comme annoncé initialement, mais d’environ 5 milliards, avant de relever cette estimation quinze jours plus tard à 6,6 milliards. Le groupe dispose de plus de 75 lignes de crédit auprès de plus de 80 institutions financières.

Créancier du groupe, Abu Dhabi Commercial Bank (ADCB) avait annoncé mi-avril avoir engagé une procédure pénale à Abou Dhabi contre des personnes en relation avecNMC Health, afin de protéger ses intérêts. NMC est le premier acteur privé de soins aux Emirats Arabes Unis, où il réalise 88% de son chiffre d’affaires.

En outre, Bavaguthu Raghuram Shetty, le fondateur de NMC Health et son co-président jusqu'à sa démissionen février, quelques jours après avoir été suspendu par le conseil d’administration le temps de réaliser un audit sur ses mouvements au capital, a accusé de fraudes fin avril certains cadres anciens et actuels du groupe, qui auraient notamment utilisé son nom et sa signature sans son consentement.

L’action NMC Health est suspendue depuis fin février à Londres, après avoir perdu près des trois quarts de sa valeur en moins de trois mois. Le groupe, qui était valorisé plus de 4 milliards de livres l’an dernier, s’apprête maintenant à quitter la cote.

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