La crise fragilise le système de retraite français

L’étude annuelle de Mercer sur les systèmes de retraite mondiaux maintient la France dans une zone à risque.
Laurence Pochard

Un système qui présente de bonnes caractéristiques mais aussi des risques majeurs et/ou des lacunes devant être traités. Sans ces améliorations, son efficacité et/ou sa durabilité à long terme peuvent être remises en question.» Avec ce commentaire, le rapport Mercer CFA Institute place la France dans le milieu du peloton mondial des systèmes de retraite.

L’étude présente un indice calculé pour 39 systèmes couvrant les deux tiers de la population mondiale et qui mesure des critères d’adéquation, de durabilité et d’intégrité des plans de retraite.

Le système français obtient une note de 60, en légère baisse sur un an, similaire à celle de la Belgique ou des Etats-Unis. Les bons élèves du classement sont les Pays-Bas et le Danemark avec une note de plus de 80 pour une organisation de première classe, robuste, durable et offrant de bonnes pensions.

L’effet Covid

Si la structure des systèmes de retraite diffère selon les pays, tous ont subi les effets de la crise sanitaire. «La récession économique provoquée par la crise sanitaire mondiale a entraîné une réduction des cotisations de retraite, une baisse du rendement des investissements et une augmentation de la dette publique dans la plupart des pays, souligne l’auteur principal du rapport, David Knox, associé principal chez Mercer. Inévitablement, cela aura un impact sur les futures pensions, ce qui signifie que certaines personnes devront travailler plus longtemps tandis que d’autres devront se contenter d’un niveau de vie inférieur à la retraite. Il est essentiel que les gouvernements réfléchissent aux forces et aux faiblesses de leurs systèmes afin de garantir de meilleurs résultats à long terme pour les retraités.» En France, le Conseil d’orientation des retraites vient de chiffrer à 5 milliards d’euros par an les besoins de financement supplémentaires liés à la crise sanitaire.

L’étude pointe des effets déjà visibles de la crise en cours. Ainsi, les valorisations des actifs des plans de retraite ont connu une dépréciation significative au premier trimestre 2020, et même si les marchés ont vu une reprise, les actifs des fonds de pension auront souvent une valeur inférieure en fin d’année à celle qu’ils avaient fin 2019. Vient s’y ajouter la réduction de revenus réguliers due à des taux d’intérêt au plus bas, à des dividendes réduits et à un niveau moindre des revenus locatifs. Les rentrées de cotisations ont également diminué dans de nombreux pays.

Revue des allocations

Investisseurs de long terme, les fonds de pension n’ont pas réagi de façon disproportionnée à la crise. Toutefois, deux tendances ont été mises en lumière dans l’étude à propos del’allocation d’actifs. La première a consisté à moduler la sélection d’actifs en mettant davantage l’accent sur les actions qui présentent le moins de volatilité, en favorisant une diversification accrue notamment avec plus d’actifs liquides d’infrastructures. Cette attitude résonne avec le comportement mondial qui a consisté à mener une approche adverse au risque. La seconde tendance est l’attention portée à la liquidité, surtout dans les marchés où les revenus d’investissement ont le plus baissé.

Les auteurs du rapport soulignent enfin le rôle crucial de la gestion du risque pour ces systèmes. Ils encouragent ainsi leurs responsables à «prévoir l’imprévisible» en développant de nouveaux scénarios.

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