
La Chine est empêtrée dans le cluster de Shanghai

La difficulté à contenir la propagation du variant Omicron et la situation internationale mettent au défi Pékin qui veut utiliser sa boîte à outil monétaire pour contrer ces risques. Le Conseil d’Etat, présidé par le Premier ministre Li Keqiang, a indiqué dans un communiqué après une réunion mercredi que la politique monétaire serait activée à temps pour soutenir l’économie. «La complexité et l’incertitude entourant l’environnement domestique et international se sont intensifiées», a expliqué le Conseil d’Etat. Tout en affirmant que l’économie reste bien orientée, Pékin reconnaît que la situation a évolué et que la pression est clairement baissière sur la croissance.
Pour Yi Xiong, économiste chez Deutsche Bank, les perspectives se sont dégradées pour les deux prochaines années. Le monde se dirige vers la stagflation et les banques centrales durcissent rapidement leurs politiques monétaires avec un risque pour les flux de capitaux en Chine et sur la croissance des exportations. Mais la tâche la plus difficile à court terme pour Pékin est le variant Omicron qui se propage plus rapidement que les précédentes souches. «On peut s’attendre à des perturbations continues dans la consommation et, dans une certaine mesure, dans les chaînes d’approvisionnement avant la levée des mesures strictes de confinement», juge Yi Xiong qui a révisé en baisse sa prévision de croissance pour cette année à 4,4% et à 4,7% pour 2023, sur la base des politiques économiques actuelles. Pékin s’est fixé un objectif de croissance d’environ 5,5% pour cette année. Pour y parvenir, il faudrait que la vague de contagion actuelle prenne rapidement fin, davantage d’assouplissement de la politique économique et un retournement du marché immobilier, selon Deutsche Bank.
Pic de contaminations
Les contaminations ont atteint un nouveau pic à Shanghai (8.000 en une journée et 76.000 cas au 5 avril depuis le début de la vague). Plusieurs provinces sont touchées mais l’essentiel des nouveaux cas est concentré dans le centre financier chinois et la province du Jilin (un des centres industriels, notamment automobile, en Chine). Après avoir tenté une stratégie de confinement par étape, le gouvernement s’est résolu à confiner l’ensemble des 26 millions d’habitants de Shanghai pour une période plus longue, entraînant un début de protestation.
Pékin semble bien empêtré dans sa stratégie zéro-Covid qui a des conséquences sur l’activité. Les derniers indices PMI ont confirméle ralentissement dans l’industrie et davantage encore dans les services, avec un indice au plus bas depuis deux ans.
Shanghai pourrait rester confiné encore un mois, selon Iris Pang, économiste chez ING, alors que la vague de contagion va continuer de se propager, une grande majorité de cas étant asymptomatiques. «L’activité sera en grande partie anéantie ce mois-ci, car les usines ne peuvent pas fonctionner normalement», affirme l’économiste, qui précise que malgré le télétravail pour les emplois de bureau notamment dans le secteur financier, l’activité pourrait être perturbée par la mauvaise qualité des réseaux de communication privée.
Deux points de PIB
Si le confinement se poursuit encore un mois, cela pourrait coûter 6 points de croissance au centre financier et 2 points à l’ensemble de la Chine. Iris Pang a revu en baisse sa prévision de croissance pour le deuxième trimestre à 4% (contre 5% précédemment attenu) et pour l’ensemble de l’année à 4,6%. (contre 4,8%). Mais pour que la Chine ne soit pas plus pénalisée, Pékin devra faire un nouvel effort budgétaire. L’économiste estime que le stimulus devrait atteindre entre 1% et 1,5% du PIB. Pékin doit rester prudent pour ne pas créer une nouvelle bulle du crédit.
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