
La BCE va préparer les grandes manœuvres de septembre

La Banque centrale européenne (BCE) tiendra jeudi sa réunion de politique monétaire, qui fait l’objet depuis le 18 juin de spéculations diverses sur de nouvelles baisses de taux et sur une reprise des achats d’actifs (QE). Les investisseurs espèrent qu’elle donnera un signal plus clair encore de cet assouplissement attendu pour septembre afin de relancer une inflation toujours basse et de soutenir les exportateurs européens dans le contexte actuel de guerre commerciale. «Le discours de Mario Draghi à Sintra a constitué un tournant majeur, comme un testament qui bloquerait le prochain président de la BCE dans un programme accommodant pour longtemps. Au regard d’un fonctionnement collégial, le Conseil des gouverneurs doit maintenant acter le changement de ‘forward guidance’», estime Franck Dixmier, directeur fixed income monde chez Allianz GI.
La remontée probable de l’inflation de 1,3% actuellement (1,1% pour l’inflation «core») à 1,5% en fin d’année resterait insuffisante pour empêcher ce tournant accommodant. «La définition de la stabilité des prix retenue par la BCE est d’ailleurs en débat et il n’est pas impossible que le ciblage de l’inflation devienne symétrique autour de 2% à l’instar de l’objectif de la Fed», rappelle Axel Botte, stratégiste chez Ostrum. Ce qui justifierait plus facilement un assouplissement prolongé.
La principale avancée de jeudi devrait donc être la confirmation de ce biais accommodant en vue d’abaisser le taux de dépôt - a priori en septembre à l’occasion de la publication des projections économiques actualisées de la BCE et pour 10 points de base (-0,50%) avec un mécanisme par paliers en fonction des réserves déposées par les banques -, puis de relancer un QE, en novembre selon Der Spiegel. Tout autre signal ferait réagir brutalement le marché obligataire, au vu des anticipations actuelles sur les taux. De rares analystes estiment, comme chez Commerzbank, que la BCE pourrait agir dès juillet, «afin de garder la main» par rapport à la Réserve fédérale, dont tout le monde attend une baisse des taux Fed Funds à la fin du mois.
Vers un nouveau QE
Cette réunion visera aussi à ajuster le nouveau QE. Certains estiment les marges de manœuvre réduites sur les obligations souveraines à cause du plafond que la BCE s’est imposé, à hauteur de 33% de l’encours de dette publique par pays, la minorité de blocage en cas de restructuration au regard des clauses d’action collective (CAC) prévues depuis 2013. Pour d’autres, cette limite serait assez discutable : « D’une part, la BCE achète déjà jusqu’à 50% sur les obligations supranationales sans que cela ne pose de problème juridique, a rappelé Benoît Coeuré en juin ; d’autre part, la détention d’obligations d’État par l’émetteur ou par les services gouvernementaux concernés priverait ces derniers de leurs droits de vote, note Louis Harreau, stratégiste chez Crédit Agricole CIB. On pourrait supposer que la BCE est une sorte d’agence gouvernementale, ou du moins les banques centrales nationales qui détiennent techniquement la dette…»
La probabilité grandit également de voir la BCE élargir ce PSSP 2 à un deuxième programme sur les dettes corporate (CSPP 2), «un moyen d’agir plus directement sur l’économie», poursuit Franck Dixmier. Les effets de ces mesures dépendant aussi des banques, la BCE pourrait ensuite réadapter son programme de refinancement ciblé à long terme, dont la phase TLTRO 3 définie en juin doit débuter en septembre.
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Astrid Panosyan-Bouvet visée par une plainte autour d'un redressement fiscal évité à une entreprise
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse