
La BCE opte pour une nouvelle réduction d’un quart de point de ses taux

La Banque centrale européenne (BCE) a réduit jeudi ses trois taux directeurs d’un quart de point de pourcentage (25 points de base), ce qui porte à 0,75 point la diminution de son principal taux directeur (le taux de rémunération des dépôts) depuis le premier abaissement opéré en juin dernier. La présidente de la BCE Christine Lagarde a souligné lors d’une conférence de presse que les derniers indicateurs «suggèrent que l’activité économique a été un peu plus faible que prévu».
«Sur la base des informations dont nous disposons, nous ne prévoyons certainement pas de récession» à venir, a néanmoins indiqué Christine Lagarde. «Nous envisageons toujours un atterrissage en douceur» de l'économie, a-t-elle précisé par la suite.
Dans le détail, le taux de rémunération des dépôts passe à 3,25%, contre 3,50% jusqu’ici. Le taux des opérations principales de refinancement a quant à lui été fixé à 3,40%, contre 3,65% auparavant. Enfin, le taux de la facilité de prêt marginal a été abaissé à 3,65%, contre 3,90%.
«Les informations disponibles sur l’inflation confirment que le processus de désinflation est en bonne voie», juge la Banque centrale européenne dans un communiqué. «L’inflation devrait s’accélérer dans les prochains mois, avant de revenir au niveau de l’objectif courant 2025. Sous l’effet de la hausse continue des salaires à un rythme soutenu, l’inflation intérieure demeure élevée», souligne encore l’institution monétaire.
Les Bourses européennes ont clôturé en nette hausse après la baisse des taux de la BCE et la conférence de presse. ‘indice Stoxx Europe 600 s’est apprécié de 0,8%, à 523,9 points. A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 ont grimpé de 1,2% chacun.
Une inflation sous les 2%
Les dernières données sur l’inflation dans la zone euro, publiées ce jeudi, montrent en effet un ralentissement de la hausse des prix un peu plus important que prévu, selon Eurostat. L’inflation au sein de l’union monétaire s’est établie à 1,7% sur un an en septembre en données définitives (1,8% en première estimation), contre 2,2% en août et 2,6% en juillet.
Il s’agit du plus faible niveau d’inflation dans la zone euro depuis avril 2021, où elle était à 1,6% sur un an. La hausse des prix est ainsi revenue nettement en dessous de l’objectif de la BCE d’une inflation de 2% par an à moyen terme. L’inflation de base, qui exclut les éléments volatils comme l’alimentation, l'énergie, l’alcool et le tabac, s’est cependant établie à 2,7% sur un an en septembre, après 2,8% en août.
La baisse de l’inflation, associée à la stagnation en Allemagne, la plus grande économie d’Europe, et dans l’ensemble de la zone euro, semble avoir convaincu les décideurs politiques que le spectre d’une inflation élevée est derrière nous, juge dans une note Joe Nellis, conseiller économique au sein du cabinet Baker Tilly. «Nous pouvons nous attendre à ce que la BCE réduise encore ses taux de 0,25% en décembre», anticipe-t-il.
«Cette baisse [des taux de la BCE jeudi] reste significative dans la mesure où la BCE a accéléré le cycle d’assouplissement en procédant à deux baisses consécutives», indique de son côté dans une note Mark Wall, chef économiste pour l’Europe chez Deutsche Bank. «Il y a fort à parier que la décision d’aujourd’hui représente un point d’inflexion vers une normalisation plus rapide de la politique monétaire», estime-t-il.
«Le taux de rémunération des dépôts est encore supérieur au taux neutre, auquel la politique monétaire n’a pas d’effet expansionniste ou restrictif sur l'économie», juge dans une note Jan Viebig, directeur des investissements d’Oddo BHF.
A lire aussi: Ces indicateurs qui pourraient accélérer les baisses de taux de la BCE
Pas d’engagement sur la suite
Le conseil des gouverneurs de la BCE «conservera les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire» en vue d’atteindre l’objectif des 2% d’inflation à moyen terme. Il «ne s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière», précise-t-il encore.
La BCE n’a pas annoncé de changement en ce qui concerne son programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP). La banque centrale poursuit toujours la réduction progressive de son bilan en ne réinvestissant plus la totalité des remboursements au titre du principal des titres qu’elle détient et qui arrivent à échéance. Le portefeuille du PEPP est toujours réduit de 7,5 milliards d’euros par mois en moyenne. La BCE compte ne plus rien réinvestir à compter de fin 2024, toujours dans le cadre du PEPP.
Lors de sa précédente réunion de politique monétaire en septembre, la BCE avait comme attendu abaissé son principal taux directeur d’un quart de point, après un statu quo lors de sa réunion de juillet. La banque centrale avait déjà réduit ses taux en juin, une première depuis 2019. Là encore, le principal taux directeur avait été diminué d’un quart de point.
La prochaine réunion de politique monétaire de la BCE aura lieu le 12 décembre. Les suivantes sont prévues le 30 janvier et le 6 mars prochains.
Plus d'articles du même thème
-
Patrimoine Online à Bordeaux avec Yves Mazin (CNCGP & Version Patrimoine)
Le nouveau président de la CNCGP, également co-fondateur du cabinet Version Patrimoine, était l’invité de la rentrée. -
L’automne s’annonce risqué pour les taux longs
Les obligations souveraines à long terme ont subi une nouvelle correction violente début septembre. Les facteurs fondamentaux comme les facteurs techniques ne permettent pas d’envisager un changement de la tendance. -
L’inflation s’est un peu accentuée en zone euro au mois d'août
Cela ne devait pas modifier l’approche désormais attentiste du Conseil de la Banque centrale européenne, qui tiendra sa réunion monétaire le 11 septembre.
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street recule face au ralentissement de l'emploi malgré la perspective de baisses de taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
Wall Street clôture en baisse après des chiffres décevants de l'emploi américain
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). Nasdaq © Agence France-Presse -
Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse