
Just Eat nourrit les espoirs de bataille boursière

La consolidation s’accélère dans l’univers très concurrentiel de la livraison de repas à domicile. Le britannique Just Eat et le néerlandais Takeaway.com ont officialisé lundi leur rapprochement. Pour chaque action détenue, les actionnaires de Just Eat recevront 0,09744 action Takeaway. Soit une valeur de 731 pence, représentant une prime de 15% sur le cours de vendredi, valorisant le groupe britannique près de 5 milliards de livres (5,5 milliards d’euros). Takeaway est pour sa part valorisé en Bourse plus de 5 milliards d’euros. Les actionnaires de Just Eat détiendront environ 52,2% du nouvel ensemble.
L’offre en titres est très favorable à Takeaway, dont l’action a bondi de 52% en six mois, quand celle de Just Eat a seulement pris 8%. Cette opération est aussi attrayante pour les actionnaires de l’acquéreur, en raison des faibles multiples payés pour Just Eat, note ING.
Pour sa part, Berenberg souligne la pertinence du calendrier pour Just Eat, qui n’a toujours pas recruté son nouveau directeur général. En janvier, le groupe avait annoncé la démission de son DG, alors que sa rentabilité se dégradait. Le groupe britannique est aussi sous la pression du hedge fund Cat Rock – qui détient 2,6% de Just Eat et 4,9% de Takeaway – qui demandait dès le mois de février l’ouverture de discussions en vue d’une fusion.
De son côté, en décembre dernier, Delivery Hero, numéro un mondial du secteur, est entré au capital de Takeaway – et en détient actuellement 15,5% – tout en lui cédant ses activités en Allemagne.
Exane ne croit pas à cette fusion
L’action Just Eat rebondissait hier de 22,72% à 780 pence, tandis que le titre Takeaway cédait 0,48% à 83,15 euros. De quoi anticiper une bataille boursière ? Les analystes de Peel Hunt n’excluent pas une contre-offre de Naspers, Delivery Hero, Uber, ou encore de SoftBank.
Le nouvel ensemble, Just Eat Takeaway.com, domicilié à Amsterdam, mais toujours coté à Londres, serait dirigé par Jitse Groen, actuel directeur général de Takeaway, avec pour directeur financier, Paul Harrison, celui de Just Eat, tandis que le conseil de surveillance sera présidé par Mike Ewans, actuel président non exécutif de Just Eat, avec le président du conseil de surveillance de Takeaway, Adrian Nühn, comme vice-président. Le conseil de surveillance comptera en outre trois membres nommés par Just Eat et deux par Takeaway. «Une nouvelle direction apportera ce qui manque à Just Eat, l’exécution sur la technologie et une accélération des cessions», note JPMorgan.
Just Eat Takeaway.com représente 360 millions de commandes, d’une valeur totale de 7,3 milliards d’euros. Il rappelle détenir des positions de leadership dans le monde, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Canada. Le nouveau groupe compte tirer de ce rapprochement un levier opérationnel, notamment en technologie, en marketing et dans les services de livraison, mais ne chiffre pas de synergies à ce stade. Pour l’heure, Exane souligne la faiblesse des synergies de coûts et serait surpris si les négociations débouchaient sur une fusion. D’autres analystes mettent en avant la faiblesse des chevauchements d’activités, hormis en Suisse, limitant le risque de veto des autorités de la concurrence, mais réduisant aussi les possibilités de synergies.
Avant de faire une offre ferme sur Just Eat, Takeaway attend le feu vert des conseils des deux groupes. Aux termes de la régulation britannique, cette offre devra être déposée au plus tard le 24 août prochain. Just Eat est conseillé par Goldman Sachs, Oakley Advisory et UBS, et Takeaway par BoA Merrill Lynch et Lazard.
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